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Messages

Le freak show, version XXIe siècle

À la fin du XIXe   siècle, jusqu’au début du XXe, les cirques américains mettaient bien souvent en scène des gens atteints d’une maladie, d’une pathologie, d’une déformation quelconque et autres « monstruosités » de la nature. Certains freaks et phénomènes de foire savaient faire des acrobaties, mais pour la plupart, ils se tenaient là, exhibant tout simplement leurs anomalies : « Au Ringling Brothers – Barnum & Bailey Circus, à New York sur Madison Square Garden, par exemple, le sideshow des freaks était juste à côté de la ménagerie. On y montrait littéralement les gens comme des animaux. » (1) « Le cirque [Barnum], à cette époque, faisait, beaucoup plus qu’aujourd’hui, appel à la cruauté de la nature. Parmi les attractions, il y avait des patients atteints de maladies endocrinologiques, tels que des nains; la femme la plus grosse du monde; le plus grand des hommes; le type avec la plus grosse mâchoire, etc. D’autres étaient des patients a...

Les narcissiques sont parmi nous (3)

J’ai arrêté de les compter. J’ai également cessé de prendre des notes mentales concernant ces gens fascinés, obnubilés, hypnotisés par leur propre image. Il y en a trop. Ils sont partout. Partout, tout le temps, constamment. Dans le métro l’autre jour, par exemple, une jeune femme a passé le trajet au grand complet à se regarder la binette sur son téléphone intelligent, en vidéo, sorte de miroir portatif vivant, mouvant - la joie sans doute. J’observais la dame qui, elle, se regardait sur son téléphone. Je te regarde, tu te regardes. Ça s’arrête pas mal là. Pas d’échanges possibles, pas de communication non plus. C’est le nombrilisme qui prime. J’ai pensé, pendant un moment, que peut-être cette femme souffrait en réalité d’anxiété, et que cette image d’elle-même, familière, rassurante, voire apaisante, était comme avoir quelqu’un qui la raccompagnait jusqu’à la maison. Allez savoir, je ne lui ai pas demandé. Une autre femme, elle, a passé huit stations de métro - je suis débarqu...

Le cadenas psycho-socio-économique

« Il n’y a pas de complot, ni de directives écrites, ni de liste noire. Il n’y a qu’une machine bien huilée où chacun sait très bien de quel côté son pain est beurré. Et chaque intellectuel québécois sait très bien, à moins d’être un naïf ou un parfait imbécile, qu’il ne doit pas aller trop loin. Le choix est simple. Travailler ou ne pas travailler. Manger ou ne pas manger. Il faut penser conforme, écrire conforme, filmer conforme, sinon… (…) » Chaque chercheur, en histoire par exemple, sait très bien quoi chercher, quoi ne pas chercher et quoi trouver, s’il veut grimper dans l’appareil universitaire et continuer à recevoir ses subventions, s’il veut survivre. Il se doit de ne pas mettre son nez dans la fosse septique qui nous tient d’histoire officielle. Il s’en tient au papotage historique. » Pierre Falardeau, Un cadenas dans le cerveau (1997), dans Les bœufs sont lents mais la terre est patiente (Typo, 2009). « J’aime mieux radoter et être dans la réalité que pr...

Résolution (non-négociable) pour la télévision

C’est le temps des résolutions, et j’en ai une cruciale à proposer aux médias en général, mais principalement aux artisan-e-s de la télévision - surtout après ce Bye bye conçu entièrement par un immense Boys Club (vous devriez avoir honte, messieurs) : On veut des femmes à la télévision en 2019 ! C’est simple, non ? Des femmes en charge, des femmes qui conçoivent, pilotent, animent des émissions, des femmes qui déménagent, qui brassent la cage et la barraque. On veut des émissions conçues, écrites, réalisées, animées, name it , par des femmes, avec une, deux, trois animatrices et leurs complices. Des émissions qui traitent d’art, de culture, de politique, d’économie, de tout ce qui passe dans l’actualité, quoi, et ce, dans une perspective féminine, voire féministe. Car il y en a mauditement marre de tous ces hommes (blancs, évidemment) qui parlent sans cesse, inlassablement, trop même, à la télévision. Vous n’êtes pas tannées, vous autres ? Sincèrement ? Faut-il enco...

En rafale… (5)

Un homme qui pose des questions cherche la vérité. Une femme qui pose des questions, elle, cherche la chicane. Et comme je (me) pose beaucoup de questions… Avez-vous déjà vu un Pitbull perdre tous ses moyens et son mordant devant un autre Pitbull beaucoup plus influent ? Non ? Vous avez manqué l’entrevue de Guy A. Lepage à Deux hommes en or ? … Sucker . ( Deux hommes en or, deux femmes invisibles ) La liste des personnes les plus influentes au Québec, selon L’actualité  : est-ce qu’on est dans la zone paritaire ? La ministre [Sonia] LeBel dit avoir rencontré les « Courageuses » afin de « mieux comprendre leurs expériences au sein du système de justice », « leurs témoignages nourrissa[ie]nt déjà ses réflexions » … (Pas de question, c’est juste une observation - Au diable votre panier de Noël ! ) Pensez-vous que Kevin Spacey va emporter son beau tablier aux imprimés de pères Noël et sa tasse vide en prison ? (Les narcissiques sont définitivem...

La grande Petrowski

Je capote. Je dirais même que je suis déchirée à l’intérieur. La grande Petrowski quitte La Presse ? Au revoir ? ... What the fuck ? Ça ne se peut pas. Ben voyons don' ! Ce n’était même pas une possibilité dans mon esprit. Ce journal, à mes yeux, ne peut fonctionner sans Petrowski. La grande dame de la culture québécoise fait partie des meubles, du paysage urbain, et Déesse sait qu’on en a grandement besoin. Oui, on a toujours besoin, et peut-être même plus que jamais, de femmes comme Nathalie Petrowski, une grande gueule qui n’a pas froid aux yeux, qui n’a pas peur de se mouiller, avec son franc-parler, de critiquer, de s’insurger sur la place publique, malgré les tomates qui lui seront forcément balancées. Alors oui, je capote. C’est tout mon intérieur qui pleure. Méchant « cadeau » de Noël… Ah non c’est vrai, fuck Noël. Même que je dis que les fans de Petrowski, les vrai-e-s, celles et ceux qui ont bu tous ses mots, lu et relu ses textes, ceux qu'on trouve du ...

Au diable pareil...

Eh bien, il semble qu'un simple billet , fignolé rapidement entre deux sales besognes, fait réagir... Non, je ne le savais pas (je n'ai pas de tablette). Oui, je suis souvent en retard sur les nouvelles (je lis des livres). Et oui, mon cher monsieur, je travaille (mais le bonheur basé sur la surconsommation frénétique ne m'intéresse pas). Et en passant, madame, ce blogue est plein de billets de ce genre... Lire les commentaires dans La Presse+ . Finalement, je vous laisse avec les mots d'un grand penseur de notre siècle, qui, ce matin, m'écrivait ceci : « Noël, la saison des hypocrites. » Tout est là.  Fuck Noël... Et bonne année grand-mère.

Madame Béatrice

Madame Béatrice est une dame d’un âge certain qui vit depuis longtemps dans la pauvreté, la misère absolue et la solitude la plus complète. Lorsque nous habitions sur la même rue, dans le quartier Centre-Sud, elle résidait alors dans une maison de chambres, j’avais visité la sienne. Pendant plus d’une décennie, j’ai observé cette femme aller et revenir de la Place Dupuis, où elle passe généralement ses journées, quelque part dans le coin des restos, histoire de voir des gens, de socialiser un tantinet et de jaser avec des amis. Été comme hiver, madame Béatrice avance d’un pas ferme et déterminé, tête baissée, tenant sa sacoche très fort sous le bras, comme si elle affrontait des bourrasques de 100 km/hre, ou détenait le ballon de football et devait rejoindre la ligne de but sans se faire faucher. Elle marche aussi vite qu’elle parle, à la vitesse de l’éclair, c’est dire toute l’énergie qui l’anime. Si vous lui adressez la parole, elle la prendra fièrement et s’empressera de vous r...

En rafale… (4)

Un homme qui pose des questions cherche la vérité. Une femme qui pose des questions, elle, cherche la chicane… On appelle notre planète la Terre-Mère. Est-ce parce que c’est une femme qu’on la néglige, l’exploite et en abuse autant depuis si longtemps ? Si la nécessité est la mère de l’invention, le père, lui, c’est qui au juste, pis y fait quoi pendant ce temps-là ? C’est tout de même incroyable cette histoire : «  Une pilote partie de Montréal aurait vu un phénomène lumineux inexpliqué  ». Quoi ?! Une femme aux commandes ? … Autre histoire inusitée : Un photojournaliste québécois arrêté à Cuba . « Selon lui, les policiers ont fait référence au contenu de conversations téléphoniques qu'il avait eu juste avant avec Mme Soler elle-même [une dissidente] et avec un journaliste critique du régime. » Attends, t’as parlé à des dissidents cubains au téléphone ?? Allô-oo ? … (Je ne parlerai de mes années à Cuba qu’en présence de mon avocate.) ...

Lettre ouverte à François Lambert

Pendant des jours, je me suis répétée : « Oublie ça, ça ne donne rien. » J’ai même fait brûler de l’encens, chanté maintes fois l’insupportable toune «  Let it go  », fait de la méditation transcendantale (enfin presque) et dormi plusieurs nuits là-dessus. Rien à faire. Des jours plus tard, ça me gossait encore à l’intérieur. Car lors de votre passage à l’émission Tout le monde en parle , M. Lambert, vous avez parlé des pauvres, de ces assistés sociaux qui « profitent du système », et maintes fois à travers votre chapeau. Et ça, ça m’énerve au plus haut point. Je vous le dis d’emblée, M. Lambert, vous parlez de tout et de rien en même temps, sans connaissance de cause, en évoquant tantôt « l’aide de dernier recours », les assistés sociaux de « génération en génération », ceux qui « profitent du système » en plus des paradis fiscaux, comme si tout ça était la même affaire, sorte de bouillabaisse dont vous seul connaissez la ...

Être ou ne pas être… libre

Dans la vie, ou bien t’as du temps, ou bien t’as de l’argent. T’as rarement les deux en même temps. Généralement parlant, s’entend. Ces temps-ci, moi, j’ai beaucoup de temps. Je gagne juste assez d’argent pour payer le loyer et de quoi manger. Pour le reste, j’en ai rien à cirer. Je suis maître et maîtresse de ma vie, the captain of my soul … Et non, je ne vis pas « au crochet » de la société - je vous emmerde. J’ai commencé à vivre ainsi, il y a belle lurette, alors qu’on me cassait sans cesse les oreilles, de tous bords tous côtés, me priant d’arrêter de danser, de m’amuser, de voyager, de faire des folies, et de me trouver une vraie job. « Tu ne feras jamais d’argent comme ça », me disait mon grand frère, du haut de sa grosse job à Wall Street. « Pis so fucking what !?  », ai-je rouspété pendant des années. D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours fait à ma tête (et à mes pieds). Je crois qu’on appelle ça un esprit libre. Mais quand on est une femme, c’...

Être ou ne pas être… malade

Si vous n’allez pas bien ces temps-ci, que vous souffrez d’anxiété, d’éco-anxiété, de déprime saisonnière, d’un burnout, de dépression majeure, d’idées suicidaires, et le reste, d’abord, sachez que vous n’êtes pas seul-e. Même que c’est la nouvelle normalité. L’effritement de la norme  Il y a quelques décennies, en psychologie comme en médecine psychiatrique, on retrouvait la « norme », qui déterminait ce qu’était une personne en santé, et le reste était dit « anormal », incarné par les « fous » et les « déviants », soit des individus affectés par un trouble, une maladie quelconque. Autrement dit, il y avait le village et le fou du village. Après quelque temps toutefois, on découvrait généralement, chez les gens dits « normaux », nombreux secrets de famille, drames, travers, perversions, maladies, etc., mais ça c’est une autre histoire. Les autres, eux, lesdits « malades », étaient pour leur part pris en charge ou inte...

Soulèvements

« Ce qui nous soulève? Ce sont des forces : psychiques, corporelles, sociales. Par elles nous transformons l’immobilité en mouvement, l’accablement en énergie, la soumission en révolte, le renoncement en joie expansive. Les soulèvements adviennent comme des gestes : les bras se lèvent, les cœurs battent plus fort, les corps se déplient, les bouches se délient. Les soulèvements ne vont jamais sans des pensées , qui souvent deviennent des phrases  : on réfléchit, on s’exprime, on discute, on chante, on griffonne un message, on compose une affiche, on distribue un tract, on écrit un ouvrage de résistance. » - Extrait du texte de George Didi-Huberman, commissaire de l’exposition Soulèvements , présentée à la Galerie de l’UQAM, jusqu’au 24 novembre prochain. À voir donc, pour tous ces corps en mouvement, pour ces photos de Françoise Sullivan exécutant Danse dans la neige (1948) dans une posture de battante, et, autre moment très fort, cette vidéo de Michèle Lalond...

En rafale… (3)

Un homme qui pose des questions est à son affaire. Une femme qui pose des questions, elle, ne se mêle pas de ses affaires… À quel moment dans l’Histoire, on a décidé qu’il n’y avait que des winners et des losers dans la vie ? Est-ce en lien avec le machisme, ou c’est juste à cause des Canadiens ? En plus d’apprendre à dire les Québécois et les Québécoises , M. Legault parviendra-t-il à parler de pauvreté, de culture, d’environnement et de transports en commun ? Car on part de loin en titi, non ? Maintenant qu’on a un conseil des ministres paritaire, est-ce que le gros bon sens, l’écoute et l’empathie siégeront également à l’Assemblée nationale ? Parlant de gros bon sens, la laïcité… Ça ne se fait pas dans les deux sens ? Au fait, était-ce une idée de GND de Tenir tête à la reine d’Angleterre ? Ou celle à Manon ? ( Manon! Manon! Manon! ) Sous un saule pleureur, il m’arrive de verser une larme ou deux. C’est de sa faute, ou je ne suis qu’une soul pleureuse ? C’est moi ...

Nature morte

Ça bouge, ça grouille et ça chatouille en dedans à force de regarder cette mosaïque d’images lumineuses présentée à l’Espace culturel Georges-Émile-Lapalme de la Place des Arts. Ça dérange également le regard, perturbe la conscience, sème la confusion. « C’est quoi au juste c’t’affaire là ? Chu pas sûre de comprendre… C’est mort ou c’est vivant ? » Des objets inanimés qui s’animent sous nos yeux, des papillons épinglés qui battent mollement des ailes, des portraits aux allures spectrales qui bougent les yeux, l’air ébahi, des natures mortes dévorées par des tortues, des serpents et des insectes, des animaux empaillés qui vibrent encore, des squelettes, des crânes et des ossements qui regorgent de moelle vivante, un globe terrestre métallique complètement vide tournant à vide, et j'en passe. Bizarrement, en l’observant un bon moment, ça semble représenter le monde dans lequel on vit. Juste un peu de vie qui grouille encore, des ailes qui battent parfois, mais vraiment pa...

Mal-être, malaise et mourir de rire

Oui, le moment fut intense, lourd, malaisant. Non pas en raison du « J’ai un peu le goût de me crisser en feu ces temps-ci » d’Hubert Lenoir, mais du « On ne dit pas des affaires de même ! » de Dany Turcotte, sur le plateau de Tout le monde en parle , dimanche dernier… Bang !   L’art de clore un sujet difficile, lourd de sens et de portée, de clouer le bec à son invité, qui semble par la suite avoir battu en retraite, et ce, pour le restant de l’émission. « Parlez-en à votre médecin » qu’ils disent, mais surtout pas à M. Turcotte, qui, pourtant sensible à différents sujets tabous, n’a pas toujours les interventions les plus pertinentes. Ce n’est pas sa tâche de jouer au psy, vous me direz. J’en conviens, mais tout de même… gros, gros malaise. Alors que certains avancent qu’il aurait fallu « peut-être même fai[re] une joke poche. Parce qu’il faudrait arriver à en rire, des fois, de ça, pour foutre un coup de pied dans le tab...

En rafale… (2)

Une femme qui pose des questions est gossante. Un homme qui pose des questions, lui, a des « couilles » ( Les couilles sont mortes, vive les gonades! ) … On attend quoi pour démanteler l’Église catholique, qui ressemble pas mal à un énorme réseau international d’abuseurs, de prédateurs, de pédophiles et de facilitateurs, en plus de leur ridicule créationnisme ? Au fait, pourquoi on a appelé cette proéminence laryngée, la pomme d’Adam ? Est-ce parce que le véritable pouvoir d’Ève ne passait pas dans gorge ? … (Et ça semble encore dur à avaler. On est bien en 2018, right ?) Qui a dit qu’on n’arrêtait pas l’évolution ? Maintenant que Jean-Philippe Wauthier aura son émission quotidienne l’été prochain , Radio-Canada proposera-t-elle en revanche une vraie émission intelligente avec les deux femmes qui ont été flushées ? …  Makonnen-McQuade! Makonnen-McQuade ! Makonnen-McQuade ! ( Le sot dimanche ; Deux hommes en or, deux femmes invisibles ) Quand on se lève un matin d’octo...