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Messages

Affichage des messages du mai, 2019

Sara Erenthal à Montréal

J’errais dans la ville comme une chienne perdue, à la recherche d’absolument rien, du sens de la vie et d’un dix cennes (c’est une longue histoire). C’est au coin de Duluth et de St-Dominique que j’ai aperçu le visage. « Mais je connais cette face, moi. C’est de qui, déjà, ce visage ?, ai-je pensé. L’artiste new-yorkaise, là… Comment elle s’appelle déjà ? » Je me suis approchée de l'œuvre, l'artiste était là, assise par terre, devant sa murale. « Mais n'êtes-vous pas l'artiste de New York ? », lui ai-je lancé, à la fois surprise et confuse de la voir là devant moi. « I don't speak French  », a-t-elle rétorqué. «  What the fuck ?  », ai-je poursuivi. Elle a éclaté de rire et c'est là qu'on a commencé à se comprendre pis à jaser... Sara Erenthal, la Street Artist from New York , était donc de passage à Montréal. Elle terminait à peine cette murale, produite par le Musée du Montréal Juif, lorsque je l'ai croisée en compagnie de son «  helper  », B

Ailleurs

Voilà trente ans, cette année, que je suis débarquée à Montréal. Pu capable, je n’en peux plus, j’en ai marre. Trop de monde, trop de chars, trop de bruit, trop d’abrutis… Entendez-vous, vous aussi, tout ce tapage, ce bourdonnement incessant ? Ou est-ce seulement dans Hochelag’ que ça se passe ? C’est éreintant, étourdissant, ahurissant sans bon sens. Juste du bruit pis du maudit chialage. Les gens parlent constamment dans ce presque-pays, mais les bottines, elles, suivent rarement les babines. Peut-être que je devrais tout simplement déménager, changer à nouveau de quartier, voyager, aller voir ailleurs si j’y suis. La vie est-elle moins pénible au soleil dans Westmount, Outremont ou sur le chic Plateau ? Euh… quand t’es pauvre, I don’t think so . En fait, je rêve sans cesse d’être ailleurs, de partir pour mieux revenir, ou même de me bricoler carrément une autre vie, loin d’ici. Ailleurs. Oui, je cherche ma Gaspésie… (Lire  Trouver sa Gaspésie de Patrick Lagacé) Je me mets

Parlami d’Amore : des mots qui résonnent

La parole à la journaliste Catherine Lalonde du Devoir , svp… «Parlami d'Amore»: les Grands Ballets canadiens du XXIe siècle . Savoureuse critique.  Des mots qui résonnent…  *** « ... du divertissement. Rien de plus. » « Les GBC ont toujours été un microcosme dans le paysage de la danse au Québec, certainement nécessaire, puisqu’il vient avec son public, important et très engagé. Cet écosystème ressemble de plus en plus à un vaisseau spatio-temporel, naviguant hors des problématiques artistiques et sociales actuelles, ne cherchant pas par son art à interroger la société, et surtout pas à laisser la société remettre en question sa vision, son conservatisme. » Ce ne serait pas un problème — le passé a du bon, il faut des gardiens des anciennes valeurs — si les ambitions de la compagnie étaient en phase avec ce qu’elle incarne. Or, elle se présente comme connectée aux créateurs de références et d’avant-garde, ou comme une compagnie audacieuse. C’est prendre des vessies pour d

Parlami d’Amore : paroles, paroles, paroles

Sur l’art de spinner une très mauvaise idée… Rien que des mots. Des mots magiques, des mots tactiques. Qui sonnent faux… Le sexisme des Grands Ballets canadiens de Montréal  Les Grands Ballets canadiens de Montréal présenteront bientôt leur « spectacle de clôture » qui devait être LE grand moment tant attendu de leur saison « ode à la femme » ( « Ode à la femme », mon œil ), le spectacle intitulé Femmes . Suite à l’annonce de cette production chorégraphiée entièrement par des hommes pourtant, nombreuses danseuses, féministes et critiques sont montées au front, dénonçant le sexisme de la compagnie de ballet classique, poussant ainsi le directeur artistique, Ivan Cavallari, à modifier le titre du spectacle pour Parlami d’Amore (Parlez-moi d’amour). Les paroles s’envolent, les écrits restent  Le concept de départ, donc, un grand spectacle de clôture intitulé Femmes , chorégraphié entièrement par des hommes, soit trois chorégraphes « internationaux ». Suite à la controverse,

La chute

Cette année-là, ils furent nombreux à s’enlever la vie, tous de la même manière, plongeant ainsi dans les profondeurs abyssales de la mort. Ce qu’ils avaient tous en commun, ces hommes, outre cette chute fatale, était sans doute leur vision tranchée et intransigeante du monde. Mon grand frère faisait partie du nombre, l’un de ces hommes qui, en 2014, mit fin à cette souffrance qui lui rongeait l’existence en se précipitant dans le vide de sa métropole. Quelque vingt étages plus tard, tout était fini. Durant les mois qui suivirent son décès, les édifices et les gratte-ciels m’apostrophaient furieusement un peu partout dans la ville. Je développai également, pendant cette période fort sombre de ma vie, une obsession pour les articles de presse relatant ces multiples histoires de bankers et de brokers qui se suicidaient ça et là, tant à New York, à Londres, au Japon, qu’ailleurs dans le monde. Certains journalistes américains parlaient même de « contagion de suicide » dans le milie