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Messages

Affichage des messages du août, 2018

Se radicaliser lentement

Au cours de la dernière année, j’ai interpellé quelques directeurs, députés, aspirants députés, journalistes ainsi qu’une ministre, concernant des enjeux socio-économiques affectant les femmes, la langue française et l’utilisation des fonds publics, aka mon «  gros dossier  ». Soit c’était planifié – je savais à l’avance qu’ils seraient présents et vais d’un pied ferme à leur rencontre -, soit c’était par hasard, au cours d’une marche citoyenne, d’une manifestation ou en me promenant tout simplement dans la rue : « Tiens, madame la ministre justement. Un p’tit mot d’intérêt public, si vous me permettez. » Comme une vraie scoute, je suis toujours prête. Parmi tout ce beau monde, personne ne m’a impressionnée. Cela va sans dire, d’abord parce que ce sont des gens ben ordinaires, des humains comme vous et moi. Aussi, parce qu’ils en avaient rien à cirer de mon « gros dossier ». Hormis la députée Manon Massé, croisée maintes fois ici et là ainsi que da...

Des hommes et des livres: le mouvement #metoo

Les médias parleront bientôt de « l’anniversaire » du mouvement #metoo/moiaussi. Et avant que les dégâts ne se poursuivent, mettons tout de suite une chose au clair. Cette vague de dénonciations des agressions ou inconduites sexuelles n’est pas née en octobre 2017, suite à l’affaire Harvey Weinstein, quoi qu’en disent ou écrivent certains. C’est l’Afro-Américaine Tarana Burke qui en est l’instigatrice, et ce, bien avant la déferlante qui suivit l’affaire du monstre d’Hollywood. Seulement, l’attention médiatique a drastiquement changé lorsque les «  glamourous  » vedettes du cinéma hollywoodien ont joint leur voix au mouvement. Depuis, comme on l’avait prédit, les gros noms ont continué de tomber en grand nombre puisqu'il ne s'agissait là que de la pointe de l’iceberg. Et nombreuses victimes demeureront sans doute toute leur vie dans le silence, car non, ce n'est pas une mode, être branchée ou même « dans le vent » que de reconnaître une agression, de la nommer et...

Aimé, et son chien Hercule

Par ici, dans l’est de la ville, il ne se passe pas grand-chose. Mais le secret le mieux gardé du quartier se trouve bien souvent au marché Hochelaga-Maisonneuve, là où se rassemblent habituellement une gang de retraités et d’autres p’tits vieux, autour de l’unique table du mail, question de jaser, de siroter un café et de racler quelques gratteux à l’air climatisé. Et si vous connaissez son horaire habituel particulièrement précis, vous trouverez alors Aimé, un homme confiné à sa chaise roulante électrique, avec son compagnon Hercule, un shih tzu bicolore de 8 ans, confortablement installé sur ses cuisses. Chaque fois que je les vois, je me fais un devoir de sortir Hercule au parc à côté, question de le faire marcher un brin, de faire ses besoins, et, avouons-le, j’adore les chiens. « C’est qui le plus beau chien ici, hein ? C’est qui ? ... Ah oui, hein mon beau… ah oui… c’est Hercule ! » Et si vous prenez le temps, Aimé, que ses camarades de la place surnomment affectue...

Rebelle-de-jour

Chaque matin, au réveil, il est minuit moins quinze secondes. Chaque matin, au réveil, je me lève sur un pied de guerre, mue par ce sentiment d’urgence. Comme une vraie forcenée, je me précipite sur les nouvelles fraîches à la recherche de signes avant-coureurs annonçant l’arrivée d’une rébellion, d’une révolution plus ou moins tranquille, d’un soulèvement imminent. Rien. Parfois, j’accoure vers le centre-ville de Montréal pour voir de mes propres yeux s’il n’y aurait pas des manifs quelconques ou d’imposantes protestations que les médias auraient choisi d’ignorer. Là encore, rien. Au contraire, tout le monde semble heureux d’exister. Ça se promène allègrement sur la Ste-Cath, insouciant peut-être ou parfaitement inconscient, qu’en sais-je. Ça papote, ça rigole, ça magasine en masse, ça mange de la crème-à-glace, ça se regarde inlassablement la face sur leur téléphone vraiment intelligent, et ça boit d’immenses cafés Starbucks, leur prénom glorieusement écrit sur leur grosse tasse e...

Ces grands qui se trompent

En mars dernier, certaines d’entre nous avaient vertement critiqué les Grands Ballets canadiens de Montréal pour leur programmation sexiste prévue pour la saison 2018-2019, ainsi que leur interminable instrumentalisation des femmes (voir « Ode à la femme », mon œil ). Nathalie Petrowski semblait alors d’accord puisqu’elle publiait un percutant billet à cet effet, et ce, pour mon plus grand bonheur, Chercher la femme (et ne pas la trouver) . Une fois rendue en juin , par contre, la grande dame de la critique culturelle québécoise écorchait (et pas à peu près) Marilou Craft, qui, elle, dénonçait de son côté le concept même du spectacle SLĀV de Robert Lepage, lui reprochant de « …critiquer les spectacles avant même qu’ils n’existent. Me semble que la première chose que l’ex-étudiante aurait dû faire avant de poser ses objections, c’était d’attendre que le spectacle soit monté, non ? » Hiiing … Non. Nous n’avons pas eu besoin d’attendre de voir le spectacle F...