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Messages

Affichage des messages du novembre, 2018

Madame Béatrice

Madame Béatrice est une dame d’un âge certain qui vit depuis longtemps dans la pauvreté, la misère absolue et la solitude la plus complète. Lorsque nous habitions sur la même rue, dans le quartier Centre-Sud, elle résidait alors dans une maison de chambres, j’avais visité la sienne. Pendant plus d’une décennie, j’ai observé cette femme aller et revenir de la Place Dupuis, où elle passe généralement ses journées, quelque part dans le coin des restos, histoire de voir des gens, de socialiser un tantinet et de jaser avec des amis. Été comme hiver, madame Béatrice avance d’un pas ferme et déterminé, tête baissée, tenant sa sacoche très fort sous le bras, comme si elle affrontait des bourrasques de 100 km/hre, ou détenait le ballon de football et devait rejoindre la ligne de but sans se faire faucher. Elle marche aussi vite qu’elle parle, à la vitesse de l’éclair, c’est dire toute l’énergie qui l’anime. Si vous lui adressez la parole, elle la prendra fièrement et s’empressera de vous r

En rafale… (4)

Un homme qui pose des questions cherche la vérité. Une femme qui pose des questions, elle, cherche la chicane… On appelle notre planète la Terre-Mère. Est-ce parce que c’est une femme qu’on la néglige, l’exploite et en abuse autant depuis si longtemps ? Si la nécessité est la mère de l’invention, le père, lui, c’est qui au juste, pis y fait quoi pendant ce temps-là ? C’est tout de même incroyable cette histoire : «  Une pilote partie de Montréal aurait vu un phénomène lumineux inexpliqué  ». Quoi ?! Une femme aux commandes ? … Autre histoire inusitée : Un photojournaliste québécois arrêté à Cuba . « Selon lui, les policiers ont fait référence au contenu de conversations téléphoniques qu'il avait eu juste avant avec Mme Soler elle-même [une dissidente] et avec un journaliste critique du régime. » Attends, t’as parlé à des dissidents cubains au téléphone ?? Allô-oo ? … (Je ne parlerai de mes années à Cuba qu’en présence de mon avocate.) Samedi 10 novembre dernier, la mani

Lettre ouverte à François Lambert

Pendant des jours, je me suis répétée : « Oublie ça, ça ne donne rien. » J’ai même fait brûler de l’encens, chanté maintes fois l’insupportable toune «  Let it go  », fait de la méditation transcendantale (enfin presque) et dormi plusieurs nuits là-dessus. Rien à faire. Des jours plus tard, ça me gossait encore à l’intérieur. Car lors de votre passage à l’émission Tout le monde en parle , M. Lambert, vous avez parlé des pauvres, de ces assistés sociaux qui « profitent du système », et maintes fois à travers votre chapeau. Et ça, ça m’énerve au plus haut point. Je vous le dis d’emblée, M. Lambert, vous parlez de tout et de rien en même temps, sans connaissance de cause, en évoquant tantôt « l’aide de dernier recours », les assistés sociaux de « génération en génération », ceux qui « profitent du système » en plus des paradis fiscaux, comme si tout ça était la même affaire, sorte de bouillabaisse dont vous seul connaissez la recette et les ingrédients vraiment pas chers. En réponse

Être ou ne pas être… libre

Dans la vie, ou bien t’as du temps, ou bien t’as de l’argent. T’as rarement les deux en même temps. Généralement parlant, s’entend. Ces temps-ci, moi, j’ai beaucoup de temps. Je gagne juste assez d’argent pour payer le loyer et de quoi manger. Pour le reste, j’en ai rien à cirer. Je suis maître et maîtresse de ma vie, the captain of my soul … Et non, je ne vis pas « au crochet » de la société - je vous emmerde. J’ai commencé à vivre ainsi, il y a belle lurette, alors qu’on me cassait sans cesse les oreilles, de tous bords tous côtés, me priant d’arrêter de danser, de m’amuser, de voyager, de faire des folies, et de me trouver une vraie job. « Tu ne feras jamais d’argent comme ça », me disait mon grand frère, du haut de sa grosse job à Wall Street. « Pis so fucking what !?  », ai-je rouspété pendant des années. D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours fait à ma tête (et à mes pieds). Je crois qu’on appelle ça un esprit libre. Mais quand on est une femme, c’est souvent autre c

Être ou ne pas être… malade

Si vous n’allez pas bien ces temps-ci, que vous souffrez d’anxiété, d’éco-anxiété, de déprime saisonnière, d’un burnout, de dépression majeure, d’idées suicidaires, et le reste, d’abord, sachez que vous n’êtes pas seul-e. Même que c’est la nouvelle normalité. L’effritement de la norme  Il y a quelques décennies, en psychologie comme en médecine psychiatrique, on retrouvait la « norme », qui déterminait ce qu’était une personne en santé, et le reste était dit « anormal », incarné par les « fous » et les « déviants », soit des individus affectés par un trouble, une maladie quelconque. Autrement dit, il y avait le village et le fou du village. Après quelque temps toutefois, on découvrait généralement, chez les gens dits « normaux », nombreux secrets de famille, drames, travers, perversions, maladies, etc., mais ça c’est une autre histoire. Les autres, eux, lesdits « malades », étaient pour leur part pris en charge ou internés, souvent contre leur gré, se retrouvant ainsi à l’asile psy