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Messages

Affichage des messages du mars, 2020

Mars 2020

J’ai consulté mon horoscope pour le mois de mars 2020 sur un site d'astrologie fort populaire. On me prédisait des grosses entrées d’argent, des hausses de revenus, des contrats, tout ça, bref, j’allais brasser des grosses affaires et m’enrichir assurément, à compter du 11 mars, plus précisément, grâce à l’arrivée et aux forces spectaculaires de Jupiter dans une zone quelconque de ma carte. Enfin. Fini, la pauvreté, la précarité !  The sky was the fucking limit... Étrangement, depuis la mi-mars, toutes mes sources de revenus, déjà maigres, ont disparu. Confinement oblige. On a tous été raisonnables, responsables. Tout le monde ne peut pas faire du télétravail. Parfois, les tâches doivent se faire sur place. Est-ce que l’astrologue en question s’est trompé de planète ? Ou aurait-il été préférable, et peut-être même plus agréable, de se trouver sur la planète Mars? Bon courage. *** (Et le propriétaire de l'immeuble qui distribuait aujourd'hui , en personne, les aug

COVID-19 est en ville…

Montréal – Jeudi 12 mars dernier, cela faisait seulement quelques heures que je n’avais pas accès aux nouvelles. Pas de radio, pas de télé, pas de journaux, rien. Et pourtant, en quittant le travail, en marchant simplement sur le trottoir, la tension était déjà palpable. « Qu’est-ce qui se passe ?, ai-je pensé. Bon, ça y est, c’est commencé… » En quelques heures, quelques minutes à peine, tout a viré. Et les êtres humains étant ce qu’ils sont, très rapidement, le ton a changé… « Avance, câlisse ! », grogne un homme derrière une dame âgée à l’épicerie du coin. «  Check chéri, y’a pu de riz ! » Mais si, il reste du riz, c’est plein. C’est celui en spécial qui a disparu, comme d’hab, comme à chaque semaine. Calmez-vous un instant, prenez une grande respiration. L’autre, lui, a empilé des boîtes et des boîtes de pizzas surgelées dans son panier. Il tient d’une main maladroite et nerveuse sa tour de Pise chambranlante de pizzas… Un homme lui demande : « Vous êtes un dépanneur, v

Figer

Dans la foulée du tsunami #MeToo/MoiAussi, il serait grand temps que l’on cesse de parler de la « victime parfaite » et que l’on discute enfin de physiologie, plus précisément de neuro-psycho-physiologie des agressions sexuelles. Car dans nombreux cas d’agressions, lorsqu’on écoute les témoignages de toutes ces victimes, femmes et hommes, un dénominateur commun revient sûrement : « J’ai figé. » Le figement est effectivement une réaction physiologique de base chez les animaux et les humains. Cela fait partie de ce que certains psychologues et spécialistes américains appellent les «  4F  » : Fight , Flight , Freeze , Faint* . Se battre, s’enfuir, figer, s'évanouir sont là des réactions physiologiques automatiques inscrites dans le corps. Selon la situation, le niveau de stress, la perception d’une menace, réelle ou non, d’une possible attaque ou d’un danger imminent, l’organisme humain réagit différemment, et surtout automatiquement, relevant alors d’une branche spécifique du

Mots de femmes

« Ici la colère est primordiale, car c’est elle qui met en mouvement; la désobéissance qu’elle engendre s’avère salvatrice. » – Écrire après #MoiAussi , Marie Hélène Poitras, Le Devoir , 8 fév. 2020. «  For once he won’t be sitting comfortably. For once he will know what it’s like to have power wrapped around his neck. Today is not a referendum on #MeToo. This is taking out the trash.  » – Rose McGowen, sur son compte Twitter , le 24 fév. 2020, après le verdict de culpabilité du monstrueux prédateur Harvey Weinstein. « La honte ! » – Adèle Haenel quittant d’un pied ferme la cérémonie des César. (Quelle sortie, chères amies ! Quel courage, cette femme ! Et que dire de cette posture… Voir la caricature de Terreur Graphique , dans Libération , 29 fév. 2020) Blanche Gardin avait pourtant bien expliqué le ridicule de la situation : «  Aux Molières, Blanche Gardin tacle les défenseurs de Roman Polanski  » (Visionnez ces 46 secondes de pure, et à la fois hilarante, vérité.) Évidemmen

« Jésus vous aime »

Chaque jour « que le Bon Dieu amène », ils sont là, à l’entrée du métro, tant en haut qu’en bas des escaliers. Ce sont tantôt des Catholiques, tantôt des Témoins de Jéhovah, ou bien des « Hare Krishna », avec leur Bhagavad-Gita, leur musique hallucinante, répétitive, quasi-psychédélique. Si l’amour est dans le pré, chers amis, la détresse humaine, elle, habite clairement en ville… « Jésus vous aime », nous interpellent des femmes haïtiennes en sortant du bus, tandis que les usagers pressés tentent de se frayer un passage jusqu’à l’escalier. L’une d’entre elles insiste, s’approche de moi pour mieux marteler son message : « Savez-vous, madame, que Jésus vous aime ? » C’est écrit, en plus, sur le dépliant qu’elle me tend, alors c’est sans doute vrai. « Merci madame, mais non merci. » Une fois rendue en bas, ce sont ensuite des Témoins de Jéhovah qui sont encore là, dans le long corridor, flanqués d’une imposante colonne de brochures créationnistes colorées, comme «  Tour de garde