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COVID-19 est en ville…


Montréal – Jeudi 12 mars dernier, cela faisait seulement quelques heures que je n’avais pas accès aux nouvelles. Pas de radio, pas de télé, pas de journaux, rien. Et pourtant, en quittant le travail, en marchant simplement sur le trottoir, la tension était déjà palpable. « Qu’est-ce qui se passe ?, ai-je pensé. Bon, ça y est, c’est commencé… »

En quelques heures, quelques minutes à peine, tout a viré. Et les êtres humains étant ce qu’ils sont, très rapidement, le ton a changé…

« Avance, câlisse ! », grogne un homme derrière une dame âgée à l’épicerie du coin.

« Check chéri, y’a pu de riz ! »

Mais si, il reste du riz, c’est plein. C’est celui en spécial qui a disparu, comme d’hab, comme à chaque semaine. Calmez-vous un instant, prenez une grande respiration.

L’autre, lui, a empilé des boîtes et des boîtes de pizzas surgelées dans son panier. Il tient d’une main maladroite et nerveuse sa tour de Pise chambranlante de pizzas… Un homme lui demande : « Vous êtes un dépanneur, vous ? » … Je crois qu’il ignore tout de ce qui se passe en ce moment.

Vendredi 13, en fin de journée, comme d’habitude, j’ai pris le métro pour aller courir les « spéciaux » – il y a une place en ville où ils vendent de la bonne bouffe à 50% avant de fermer pour le weekend. En temps normal, c’est le bordel, beaucoup de monde, des chicanes, une longue file d’attente et le boss sur place qui gère les mauvais comportements des clients. Là, pas un chat, enfin deux ou trois chats seulement, pas de file d’attente, pas d’attroupement de gens svp, on passe tout de suite.

Les caissières portent enfin des gants. L’argent, c’est sale en ta…, en plus de tous ces gens qui vous parlent de trop proche, qui postillonnent… Arrgh. Ce sont aussi toutes ces travailleuses et ces travailleurs, les petits salariés comme moé, qui vont écoper. Mais bon, j’ai quelques provisions et j’ai déjà eu faim. Depuis, « prepare for the worst and hope for the best » est mon adage.

En rentrant à la maison, toujours en métro, ce serait habituellement le rush, entassés comme des sardines, un vendredi en fin d’après-midi. Mais là, personne. On doit être dix dans le wagon. Et manifestement, personne n’entend à rire non plus. Là encore, le stress est tangible.

Une femme portant un masque et DEUX paires de gants, des bleus et des transparents, monte dans le wagon. Du coup, la tension aussi… Est-elle porteuse du virus ? Juste hypocondriaque ? Paranoïaque ? Les gens se scrutent de haut en bas, se dévisagent… Et surtout, ne pas parler, ne pas poser de questions, ne pas tousser, ne pas se moucher, ça pourrait facilement allumer un brasier.

Métro Papineau, j’aperçois un itinérant couché sur un banc. La vie des itinérants a-t-elle aussi changé brusquement depuis jeudi dernier ? Et si oui, comment ?

Comme j’ai tranché de ne pas aller au gym pour un boutte – en temps normal, je trouve ces appareils sales, imaginez maintenant –, je suis allée jouer dehors. Mon bout de ville était aussi vide que le centre-ville.

Retour à la maison, je m’emmitoufle dans mes draps pour lire Partir pour raconter (Boréal, 2019) de la journaliste Michèle Ouimet, qui me transporte avec elle au Rwanda, en Iran, au Pakistan, en Afghanistan, rencontrer des talibans, etc., avec son voile, sa burqa ou encore sa veste pare-balles. À chaque chapitre, je me dis : « Est malade, elle ! »

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