Sur l’art de spinner une très mauvaise idée… Rien que des mots. Des mots magiques, des mots tactiques. Qui sonnent faux…
Le sexisme des Grands Ballets canadiens de Montréal
Les Grands Ballets canadiens de Montréal présenteront bientôt leur « spectacle de clôture » qui devait être LE grand moment tant attendu de leur saison « ode à la femme » (« Ode à la femme », mon œil), le spectacle intitulé Femmes.
Suite à l’annonce de cette production chorégraphiée entièrement par des hommes pourtant, nombreuses danseuses, féministes et critiques sont montées au front, dénonçant le sexisme de la compagnie de ballet classique, poussant ainsi le directeur artistique, Ivan Cavallari, à modifier le titre du spectacle pour Parlami d’Amore (Parlez-moi d’amour).
Les paroles s’envolent, les écrits restent
Le concept de départ, donc, un grand spectacle de clôture intitulé Femmes, chorégraphié entièrement par des hommes, soit trois chorégraphes « internationaux ». Suite à la controverse, l’un d’eux se désista. Or il fut remplacé sur-le-champ par un autre homme, ce qui mit le feu aux poudres de Nathalie Petrowski - Chercher la femme (et ne pas la trouver).
Rappelons que le boys club des Grands Ballets semblait tout à fait fier de leur concept, à l’époque, et même de leur ridicule affiche, « une affiche quelque peu étrange, où sur un fond rose bonbon, trois hommes apparaissent, prisonniers d’un énorme morceau de glace censé représenter la femme. "On a de la chance, l’affiche va entrer dans le métro", a plaisanté Ivan Cavallari, évoquant implicitement la polémique autour de la campagne de promotion de Stabat Mater. »
Étrange, vous dites, cette affiche ? Un morceau de glace censé représenter la femme ? Hum… La femme vous emprisonne, messieurs, ou vous laisse de glace ? C’est qui, le smatte, qui a pensé à ce ridicule concept ?
Bref, l’idée centrale du spectacle fut entièrement modifiée pour faire place à l’amour… Mais il ne faut surtout pas oublier qu’il aura fallu, une fois de plus, que nombreuses femmes montent dans les rideaux, incluant Nathalie Petrowski, pour que nous soyons enfin entendues, que les Grands Ballets canadiens de Montréal arrivent finalement au XXIe siècle, invitent des chorégraphes féminines à leur programmation, en plus de changer carrément le concept du spectacle, et donc, les nombreux mots vides de sens qui l’accompagnent.
Paroles, paroles, paroles
(Écoute-moi)
Paroles, paroles, paroles
(Je t'en prie)
Paroles, paroles, paroles
(Je te jure)
Paroles, paroles, paroles, paroles, paroles
Encore des paroles que tu sèmes au vent...
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Photo : Sylvie Marchand, affiche du spectacle Parlami d'Amore, Place des arts, Montréal.