On savait que la campagne électorale à Montréal était commencée puisqu’on peut apercevoir des pancartes partout lorsqu’on marche. Or, pour ma part, je ne voyais jusqu’à présent aucun intérêt à suivre de près ces élections. Non seulement c’est plate, des élections municipales, mais en plus, il n’y avait que des annonces de riches et de parvenus. Jusqu’à…
Jusqu’à ce qu’on lise enfin, cette semaine, une bonne initiative : Luc Rabouin veut réduire de 100 000 $ le salaire de la DG de la STM. Bon, enfin, une bonne idée pour m’exciter ! Enfin de bonnes résolutions pour intéresser l’électorat de mon quartier ! Et en pleine semaine de grève de la STM de surcroît. Ataboy.
Propriétaires contre locataires ?
Jusqu’à présent, Soraya Martinez Ferrada, soucieuse des riches et des parvenus, fait des promesses de… riche et parvenue. Comme faciliter l’achat aux premiers acheteurs, par exemple – Ensemble Montréal s’engage à faciliter l’achat d’une première propriété.
C’est ce qu’on appelle par icitte des problèmes de riches. La majorité des gens dans mon quartier payent de peine et de misère, chaque mois, un loyer. Ils n’auront jamais, au grand jamais accès à une propriété.
Nos priorités ne figurent clairement pas dans le même écosystème que Mme Martinez Ferrada qui, elle, a plusieurs propriétés. Elle a même déjà exigé par le passé un dépôt à l’une de ses locataires, une pratique illégale. Soraya Martinez Ferrada avait alors plaidé une « erreur de bonne foi ». Or, la femme a été ministre du Tourisme du Canada pendant de nombreuses années. Et elle ne connaissait pas les lois entourant le marché locatif ? Elle n’a pas pris la peine de se renseigner, de s’informer un minimum avant de procéder ? « De bonne foi », mon œil.
En plus, Madame veut élargir « la location de type Airbnb » ! Mais ça ne va pas la tête ? En pleine crise du logement ? Airbnb est un cancer résidentiel ! Manifestement, Madame (la multipropriétaire) vit dans un autre écosystème, loin des priorités des petites gensses sans influence qui sont locataires… Non merci. Ciao, bye.
Mais baisser le salaire de riches parvenus, ça, c’est intéressant et même réjouissant.
Salaire de DG (et grève) à la STM
En mai dernier, La Presse avait révélé que la « grand patronne de la STM, Marie-Claude Léonard, a gagné 474 000 $ en 2024, en hausse de 6,5 % par rapport à 2023. Le directeur général de la Ville, lui, touche environ 375 000 $ annuellement. La révision promise impliquerait donc une baisse minimale de 100 000 $. » – La rémunération de la directrice générale bondit
Girl, il n’y a même pas de service ! Il n’y a ni service de métro ni autobus ! On est à la deuxième semaine d’une AUTRE grève de la STM. Un service essentiel pour les pauvres et les moins nantis de cette ville, bordel ! Et va-t-on recevoir un remboursement pour les six jours sans service ?
Mais Madame la PDG, elle, avec ses 474 000 $ par année n’est sûrement pas inquiétée. Elle doit avoir un gros char et n’utilise même pas les services de la Société de transports de Montréal. Or, tout le monde le sait, la STM est en manque d’argent. Mais la DG, elle, touche un salaire exorbitant. Inacceptable.
Cette situation est très similaire à celle observée à la SAQ ces dernières années, où, encore une fois, le PDG touche un salaire de plus de 528 000$ (sans tenir compte des bonis liés au rendement) pendant que la majorité des salariés, eux, à temps partiel, peinent à joindre les deux bouts, à subvenir à leurs besoins dans des conditions de travail déplorables. (L’autre pénurie)
Qui plus est, on se demande sérieusement : Comment se fait-il que des dirigeants de sociétés étatiques qui offrent des services à la population touchent des salaires plus élevés que celui du premier ministre du Québec ? Ça dépasse l’entendement.
La campagne électorale à Montréal est loin d’être terminée. Et les problèmes de la STM non plus. Mais, à ce jour, se dessinent clairement deux écosystèmes très distincts à Montréal. Et Luc Rabouin semble pas mal plus sur le plancher des vaches en offrant « une plateforme électorale centrée sur le logement » pendant que Madame « Soraya Martinez Ferrada s’engage à faciliter l’achat d’une première propriété au sein de la métropole ». Deux mondes, deux réalités, sur une même île.
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(Photo : Sylvie Marchand, Montréal)