En temps normal, cette nouvelle aurait provoqué un tsunami de réactions et fait couler beaucoup d’encre dans les médias. Mais nous ne sommes pas en temps normal. En ces temps troublés, trumpistes et hautement toxiques, cette annonce causa tout au plus une vague.
Gabriel Nadeau-Dubois (GND) démissionne de ses fonctions de co-porte-parole et de chef parlementaire de Québec solidaire (QS) et quittera la politique à la fin de son mandat en 2026. Particulièrement ému, le doué politicien de 34 ans a annoncé sa décision dans sa circonscription avec toute l’élégance qu’on lui connait. Contrairement à certains de ses collègues, GND n’a pas cherché à régler ses comptes sur la place publique ni à tirer davantage son parti vers le bas. Ça va déjà assez mal dans la barque solidaire et les sondages.
On ne peut malheureusement pas en dire autant de l’ex-députée Catherine Dorion qui – quelle coïncidence – n’en finit plus de parler de son petit nombril et de se mettre en scène (littéralement, à la Place des arts la même semaine) pour parler (encore) de son bref passage à la fois flamboyant et insignifiant à l’Assemblée nationale dans un spectacle égocentrique (mais appelé « théâtre politique ») et de son sujet préféré… Catherine Dorion. Moi, moi, moi, et encore moi. Elle brille enfin sur scène et s'organise une « ovation debout » à la fin... Vous êtes surpris ?
Quel avenir pour QS ?
Avec le départ du charismatique Nadeau-Dubois, y a-t-il un avenir possible pour QS ? Personne n’est irremplaçable, certes. Surtout en politique. Mais trouver un co-porte-parole masculin aussi doué et convaincant que GND ne sera pas chose facile. Ce parti de gauche a fortement profité de l’immense talent d’orateur et de débatteur de GND dès son arrivée dans ce parti. Est-ce le début de la fin pour Québec solidaire ?
Québec solidaire est une « structure complexe », affirmait Nadeau-Dubois au micro de Patrick Lagacé. C’est là un euphémisme. Ajoutez à cela ces interminables « crises internes », des « crises successives qui ont laissé des traces ». Tout cela exige et gruge beaucoup d’énergie. Ça use, c’est évident. En son âme et conscience, Nadeau-Dubois sentait bien qu’il n’est plus « l’homme de la situation ». Et cette perte de vitesse et d’énergie était apparente depuis le virage de 2024 qui se voulait « pragmatique ».
Que vous l’appeliez l’ultragauche, la gauche radicale, la gauche cannibale (lire Alain Deneault) ou encore l’extrême gauche, cette gauche à gauche de la gauche gangrène QS depuis des années, plombant définitivement en son sein et son centre le parti orange.
GND a également évoqué cet « élan » perdu : « L’élan qui me portait depuis 15 ans s’est arrêté ». Ce phénomène était inévitable puisque le « mouvement » lui-même du parti est entravé par des groupuscules depuis plusieurs années. Le départ de GND n’est donc qu’une conséquence directe de ce vice interne, une malformation de cet étrange corps politique qui limite et condamne la formation solidaire à demeurer un parti d’opposition. Le problème à l’interne est sérieux, profond, voire existentiel : les noyaux durs militants et intransigeants de QS se préoccupent d’enjeux extraordinairement minoritaires au détriment de ce qui touche et préoccupe véritablement la majorité de la population québécoise.
Alors que la cote de popularité de QS plafonnait depuis plusieurs mois dans les sondages, il semble clair que le déclin du parti autrefois solidaire va poursuivre sa descente. GND s’est dit « usé » par ces huit années de travail au sein de Québec solidaire. En réalité, il semble plutôt « brûlé ». Et avec raison. Car, dans les faits, Gabriel Nadeau-Dubois a été brûlé à maintes reprises par toutes ces têtes brûlées qui gangrènent ce parti de gauche, malmènent leur « non chef » et n’hésitent pas à mettre le feu à la maison, tant de l’intérieur qu’en en sortant gauchement.