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Les richesses multiples


« Depuis la pandémie, tous les indicateurs montrent que les disparités n’ont cessé d’augmenter. Les communautés noires et racisées, celles parmi les moins bien nanties, sont les plus à risque d’en subir les effets. L’intolérance qui découle aussi de ce fossé pousse à s’entre-dévorer tandis que les plus riches s’engraissent. Entre avril et juillet 2020, en plein confinement, la fortune combinée des Canadiens les plus riches a augmenté de 23 %, passant de 144,1 milliards de dollars à 178,5 milliards. » - (Le fossé, Jean-François Nadeau, Le Devoir, 13 oct. 2020) 

En plein confinement, en pleine pandémie, certains fortunés, comme le violent comptable Pierre-Yves McSween continue de s’enrichir. C’est du beau. Bravo les boys

Ce ne sont pas les riches, les millionnaires ou les gens d’affaire qui horripilent à ce point, c’est le manque de conscience, l’absence totale de compassion et d’empathie pour les autres qui, eux, pendant ce temps, pataugent dans la misère. Il s'agit là d'une pauvreté d’esprit qui frise le ridicule et l’imbécilité. Et ça, c'est toujours déplorable.

Des gens riches, j’en connais. (Ben oui, je vous le dis.) J’ai même déjà été entourée de millionnaires, de multimillionnaires et de richissimes gens d’affaire qui, pour leur part, ont très mal fini (La chute). 

Non, l’argent ne fait pas le bonheur, la pauvreté non plus. Le problème, en fait, n’a jamais été l’argent en tant que tel ni même la définition du bonheur ou du succès. Le problème, il est moral, humain. 

M. McSween, par exemple, à l’entendre sur toutes les tribunes ces temps-ci – car il continue de parler et de répandre sa violence financière, l’enfoiré – en plus d’être clairement immature et imbu de lui-même, semble particulièrement pauvre en intelligence émotionnelle. Comme quoi on peut très bien être ultra-riche financièrement, mais ultra-pauvre dans un autre aspect de la vie humaine. Les richesses sont multiples, tout comme les intelligences. (À cet égard, lisez les ouvrages du psy américain Howard Gardner.) 

Et lorsqu’on est pauvre émotionnellement, il en émerge habituellement une vision étroite, apathique et mathématique des situations comme des êtres humains, réduits à des colonnes « revenus et dépenses » et autres « valeurs » comptables qui rassurent justement ces petits comptables méprisants. 

Or tous les riches ne sont pas pareils. Certains millionnaires souhaitent [même] payer plus d’impôts. Et je connais des gens très riches qui se donnent dans notre société, qui se battent pour plus de justice sociale, pour plus d’équité et d’égalité, pour aider les autres, venir en aide aux plus démunis, militer pour des causes qui leur tiennent à cœur… Ils sont riches de cœur et de portefeuille. Ça, c’est de la richesse, monsieur le comptable. 

Et tous les êtres humains ne sont pas non plus pareils. Comme il y a différentes espèces d'animaux sur la planète Terre (des singes, des lions, des chiens, des humains, etc.), il y a aussi différents types d’humains : des artistes, des intellectuels, des esprits libres, des saltimbanques, nommons-les. Peut-on leur demander de sacrifier qui ils sont au nom de ce capitalisme sauvage, d’une « retraite » dont ils ne veulent pas, et surtout, d’une vision comptable et dépourvue de sens profond à laquelle ils n’adhèrent pas ? 

Indice : La réponse ne se trouve pas dans un livre comptable. 

*** 

« Dans sa jeunesse, alors qu’il était encore pauvre et gagnait difficilement de quoi vivre, il préféra continuer d’avoir faim et de porter des vêtements déchirés pour pouvoir préserver une petite parcelle de cette liberté. » 

– Hermann Hesse, Le Loup des steppes (1927)

*** 

N.B. : « Explosion des demandes auprès des banques alimentaires. Moisson Montréal a distribué un tiers de plus de denrées que l'an dernier. Un record. » - Anne-Louise Despatie, Radio-Canada, 13 oct. 2020.

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