Étiez-vous à l’écoute, hier soir, lors de ce rendez-vous dominical, de notre grand-messe, de notre grand rassemblement du dimanche soir lorsqu’est arrivée cette violence de propos, à l'émission Tout le monde en parle ? Et je ne parle ici de la dure réalité des Autochtones et des inégalités, du personnel soignant au front de cette pandémie ou même des patients qui ont durement survécu à la COVID-19, mais bien de ce minable, de ce pauvre con, je veux dire comptable, Pierre-Yves McSween.
Je tiens d’abord à souligner que je venais tout juste de terminer, quelques heures plus tôt, le livre de l’écrivaine Marie-Pierre Lafontaine, Chienne (Héliotrope, 2019). C’est d’une violence, cette autofiction, d’une tension, d’une charge continue à la limite du supportable mais néanmoins accompagnée d’une fine écriture claire et intelligente. Mais là, voyez-vous, je m’y attendais, à cette violence, m’y étais préparée psychologiquement. J’étais prête à le lire, ce livre, à entendre la vérité, à connaître toute la lourdeur et la gravité d’une enfance douloureuse sous l’emprise d’un père sadique et incestueux. (À lire, donc, en particulier si vous croyez avoir vécu une enfance difficile ou malheureuse.)
Mais le comptable, lui, avec son joli minois, son visage et son look d’éternel adolescent ainsi que son sourire narquois étampé dans la face, tu ne t’y attends pas, à cette violence. La mienne a resurgi d’un coup, dans mon salon, j’avais juste envie que de lui envoyer en pleine figure afin de balayer une fois pour toutes cet interminable sourire en coin, imbu, rempli, surinvesti, dis-je, de lui-même.
Existe-t-il des gens, autour de M. McSween, pour lui dire à quel point il est insupportable à écouter, ou simplement pour le mitrailler de questions, de contre-interrogations, d’hypothèses ou même juste de suppositions ? Ou est-il toujours entouré, comme ce fut le cas dimanche dernier, de gens privilégiés de ce cercle bien gardé et tissé serré des fantastiques boys des médias comme de la télé ?
Car aux yeux du comptable et de cette vision étriquée du monde parfaitement mathématique, la vie semble être un long fleuve tranquille sans embûches, sans aléas ni tracas. Monsieur ne semble pas avoir vécu grand-chose dans la vie ni avoir de la compassion pour les autres à revendre.
Même que monsieur peut prendre « UN 100 000$ », nous balance-t-il ainsi, peu discrètement ou intelligemment, puisqu'il en a plusieurs à sa disposition (bravo champion), pour jouer à la bourse et spéculer ces temps-ci, en pleine pandémie, pendant que plusieurs commerçants et gens d’affaires survivent à peine, avec 20-25% de leur chiffre d’affaire habituel, voire ferment carrément leurs entreprises.
Si au moins M. Prétentieux-pour-deux nuançaient ses propos un tantinet, ajoutait des bémols ou des conditions claires exemplaires. Mais non, il sait, lui, il l'a vu très clairement dans sa soupe remplie de chiffres, et ce, dès un très jeune âge. Il a compris le sens de la vie droite, parfaite et linéaire dans un beau livre comptable, lui permettant ainsi de se créer de la valeur tout en devenant lui-même une valeur sûre. Eurk.
M. McSween était tout sourire, donc, se bidonnait fièrement et grassement à la télévision, devant des millions de gens anxieux, dépressifs, stressés, pas mal alcooliques et toute le kit, car il fait de l’argent, lui, pendant la pandémie. On ne compte plus non plus toutes ces tribunes de boys clubs dont il fait partie. Et c'est ainsi que, parfaitement déconnecté de la vraie réalité des Québécoises et des Québécois en ce moment, monsieur le comptable, avec son ego imbuvable et son petit nombril, nous parle de ses folles dépenses, de ses placements, de ses REER, de son gros char… Heille, le smatte, reviens avec nous sur la planète Terre, tu veux ? Sinon, ferme-la tout simplement. C'est beaucoup de gouttelettes en suspension dans l'air pour rien, crétin.
Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens, qui ralentissent ou qui partent en voyage à 40 ans ? Euh, non, pas beaucoup, non. Très peu même, je vous dirais. Ils travaillent, voyez-vous. Ils ont aussi beaucoup plus de responsabilités que durant leur jolie vingtaine – quand c’est justement le temps de voyager, le smatte, qu’en dise le comptable.
Pour la plupart, ils élèvent encore des enfants, qu’ils ont bien souvent eu sur le tard, vous voyez. Ou bien ils payent leurs prêts étudiant, leur loyer ou leur hypothèque, ça dépend. Et c’est ça, l’affaire, monsieur le comptable, il y a une multitude de facteurs qui viennent freiner, ralentir ou détruire la "valeur" financière des gens.
Mais monsieur, lui, tout sourire, avec ses grosses vérités sur la réussite financière et ses jugements de valeurs en continu évolue dans un petit monde fermé, un riche mais néanmoins simple bouffon au milieu de ce cirque médiatique d'hommes fort privilégiés. Ce fut donc insupportable à entendre comme à regarder. Je vous recommande plutôt la lecture de Chienne.
Les boys clubs des médias
Et parlant d’homme fort privilégié des médias, finalement, il nous faut absolument souligner, même avec un peu de retard, la performance époustouflante de M. Patrick Lagacé à l’émission Dans les médias.
Saviez-vous, vous autres, que M. Lagacé était capable à la fois de patiner et de pédaler comme un vrai bon politicien dans une seule et même entrevue ? Il a travaillé fort, le pauvre. Il devait suer, sous ses beaux vêtements neufs pour la télé, car la brillante Marie-Louise Arsenault l’a cuisiné, ne l’a pas lâché, monsieur « À bas les "partys de saucisses" ». Pfft !
Bravo à Marie-Louise Arsenault. On lui souhaite de tout cœur son Hot Seats – (Marie-Louise Arsenault – L’athlète de la littérature, Chantal Guy, La Presse, 5 oct. 2020). Elle est toujours excellente pour mener de front une entrevue.
« Marie-Louise ! Marie-Louise ! Marie-Louise ! »