Comme d’habitude, la Grande Bibliothèque était encore bondée de monde ces derniers jours. À la recherche d’une place (pas trop sale) pour s’installer et y travailler, on circule de long en large entre les rangées et les tables disponibles sur les différents étages. Ce faisant, on aperçoit une musulmane accroupie au sol en train de prier. Sans aucun égard pour les usagers autour d’elle ni grande discrétion, la femme voilée faisait sa prière sur le tapis infect de la Grande Bibliothèque.
En demandant à un employé s’il était normal que des personnes prient sur le sol et si cette pratique religieuse était permise ou tolérée à la Grande Bibliothèque, un préposé à l’accueil me répondit : « Encore ! » On m’expliqua par la suite qu’un autre usager, quelques minutes plus tôt, venait tout juste d’être « expulsé » des lieux puisqu’il priait au sol, une pratique interdite entre les murs de cette institution publique. L’employé ajouta qu’il existe plusieurs interdictions qu'il faut respecter dans une bibliothèque. Par exemple, on n’a pas le droit « de chanter ni de danser, vous savez ! » C’est toujours bon à savoir, pensais-je…
Lieu de culture, pas de culte
La Grande Bibliothèque, comme toutes les bibliothèques publiques, n’est pas un lieu de culte mais de culture. Et quel que soit son emplacement, une bibliothèque publique n’est pas une église, une mosquée, une synagogue, un temple ni une salle du Royaume. Personne ne devrait s’arroger le droit de prier dans une telle institution publique – ni aucun autre lieu public, d’ailleurs –, alors qu’ils sont entourés de gens qui n’ont rien à voir avec leur religion, en l’occurrence des centaines d’usagers qui sont là pour lire, étudier, découvrir, écrire, créer, travailler. La pratique de la prière devrait se tenir dans un espace intime, personnel (votre maison, par exemple) ou encore dans un endroit prévu à cet effet, un lieu de culte.
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, dont fait partie la Grande Bibliothèque, accueille des millions d’usagers et de visiteurs chaque année. Imaginez le bordel, les malaises et les altercations possibles entre les usagers si tout ce beau monde commençait à pratiquer sa foi et ses prières un peu partout sur les différents étages. Déjà qu’il y a beaucoup (trop?) de femmes ultra voilées à la bibliothèque portant un abaya, un khimar ou encore un niqab. Insupportable.
La mission d’une bibliothèque publique est d’accueillir des usagers de tous les horizons et d’offrir « un accès démocratique à la culture et à la connaissance ». Ce n’est pas un espace pour tenir des pratiques religieuses, sectaires, dogmatiques ou autres. Tolèrerait-on que des gens appartenant à une secte y tiennent leurs prières et oraisons, ou bien que des adeptes y chantent leur dévotion à leur Dieu ? Bien sûr que non. Ce n’est tout simplement pas un endroit pour ça. De plus, il est strictement interdit de chanter, de danser et de prier à la bibliothèque. Avec raison.