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Papa Legault et la société-enfant (2)


Tout le monde était bien excité hier après-midi : Papa Legault allait leur parler à la télé, leur annoncer des bonnes nouvelles, le plan de match du Grand Déconfinement. Même RDI a exceptionnellement offert son bulletin de 17h sur le poste des pauvres (maudit qu’ils m’énervent, eux autres – La pauvreté télévisuelle). Bref, les gens capotent, sont ben excités. Or, rien n’est terminé. 

À chaque « défi 28 jours », une pratique qui a débuté l’automne dernier, je m’obstinais avec des gens : « Mais oui mais, dans 28 jours, les amis, il faudra faire un autre 28 jours, et ensuite, un autre 28 jours, et ainsi de suite jusqu’au printemps prochain ou jusqu’à la vaccination de tout le monde ! » « Tu crois ? », me répondait-on ébahis. « Évidemment ! » 

François Legault est premier ministre du Québec, pas le gars en charge du virus à couronne ! Il ne contrôle ni les gens, les simples citoyens, ni la propagation. Ça, c’est entre nos mains depuis le début de la pandémie, déterminée par nos interactions, et maintenant, par l’adhésion à la vaccination. 

Lui, le premier ministre, conjointement avec la Santé publique, ils décident ensemble des mesures sanitaires à prendre, des règles et des restrictions à mettre en place pour limiter cette propagation, comme le couvre-feu par exemple. Et à regarder ce qui se passe en Ontario depuis plusieurs semaines, il semble que le couvre-feu, combiné aux autres mesures, ont tous ensemble porté leurs fruits. 

Mais on s’entend-tu que rien n’est fini ? 

Les masques vont tomber ? Peut-être, enfin certainement. Le masque chirurgical s’entend. Mais le stress vécu par la population, lui, va laisser des marques, invisibles, rien d’apparent sur les visages. 

Après plus d’un an de distanciation physique, ce n’est pas demain la veille qu’on va se laisser approcher par n’importe qui comme n’importe quel abruti. Déjà, plusieurs personnes ont nettement changé leurs habitudes (de transport, de travail, d'études, d’entraînement physique, d’approvisionnement alimentaire, etc.) et les êtres humains sont des créatures d’habitude. 

Personne ne retournera à ces anciennes habitudes en criant ciseau. Ce n’est pas le « grand reset », une merveilleuse réinitialisation de nos comportements puisque nous ne sommes pas des robots. 

Tout le monde ne retournera pas gaiement au bureau. Plusieurs ont vécu de l’angoisse et de l’anxiété généralisée, certains sont en dépression, isolés dans leur maison (même s’ils sont confinés dans leur condo de luxe, en télétravail, grassement payés depuis plus d’un an, mangeant à leur faim et pas mal plus), c’est entre les deux oreilles que ça se passe. 

Certains n’ont jamais remis les pieds dans les transports en commun depuis février 2020. Pensez-vous sincèrement qu’ils vont reprendre les transports collectifs et retrouver leur ancienne routine métro-boulot-dodo ? Non. Là encore, c'est dans le ciboulot.

Et si certains se montrent insouciants depuis plus d’un an, se promènent comme si de rien n'était, n’ont même jamais « cru » au virus, d’autres au contraire ont perdu des proches, des êtres chers, ont réellement souffert de la maladie, directement ou indirectement, voire restent avec des séquelles importantes de la COVID-19. 

Tout le monde n'a pas envie de faire le « party », même si ça rime avec « été ». Quel poète tout de même.

Oui, ça fait effectivement du bien de parler de déconfinement. Mais il est d’abord et avant tout physique, social, économique. Faudra également composer avec le Grand Déconfinement mental, psychologique. Mais là il n'y a pas de plan « gouverne-mental », de mesures de réadaptation à la vie normale, ni de code de couleur par région.

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