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TV: L’avenir est dans le champ


On apprend que Télé-Québec amorce « un changement de garde — de mentalité et de positionnement idéologique —, même si les patrons de Télé-Québec s’en défendent bien. » Pourquoi s’en défendent-ils ? On l’ignore.

On apprend également qu’il y aura une émission animée par deux femmes… Quoi ? DEUX femmes animeront ensemble une émission ? « Champagne ! » … Wô-minute, pas si vite, la smatte. As-tu vu le titre ? L’avenir nous appartient. Oh boy…

On va donner une chance aux coureuses – depuis le temps qu’on demande une émission animée par des femmes –, mais, disons-le, ça part ben mal.

C’est qui, ces gens, qui, durant une belle réunion, sans doute chacun dans leur maison en télétravail, se disent : « Ouais, c’est ça ! On l’a, notre titre d’émission animée par deux femmes ! L’avenir nous appartient. C’est vraiment super. C’est gagnant, positif, rafraîchissant. C’est ça, c’est bon ! »

L’avenir nous appartient, dans le sens de « The future is female » ? Non, ne me dites pas que c'est ça... (« NOW is female ») Ou est-ce dans le sens de « un jour, on va finir par comprendre et avoir un maudit bon titre d’émission animée par deux femmes » ? (TV: Pitch féministe)

Et ce n’est pas tout, puisqu’on se précipite ensuite sur la description de l’émission. Et là encore, sans surprise, on est dans le champ des bonnes filles qui feront de la gentille télévision :

« Les enjeux de société abordés avec une approche humaine et inspirante [Ça commence mal, je vous dis] – Monic  Néron et Émilie Perreault, amies et complices [c’est important de le souligner lorsqu’il s’agit de femmes], journalistes crédibles et engagées, s’inspirent du journalisme de solutions [pas de chicane dans ma cabane!] pour mettre en lumière des idées et des actions qui portent un regard nouveau sur les problématiques de notre société. Inscrit dans l’ère du temps, ce magazine nous mène à la rencontre de personnes, connues ou non, qui inspirent par leurs choix de vie, leurs métiers, leurs visions ou leurs initiatives, pour nous aider à comprendre leurs enjeux, mais surtout pour capter leurs réflexions et les solutions innovantes qu’ils mettent en œuvre pour changer les choses. » Zzzz…

Répétons la phrase : « Les enjeux de société abordés avec une approche humaine et inspirante ». De quoi, bordel, les producteurs de télévision ont-ils peur ?

Voici la description de l’émission des Francs-tireurs : « Les Francs-tireurs traitent depuis toujours d’enjeux qui touchent les Québécois. Benoit Dutrizac et Richard Martineau osent poser les questions de fond aux personnalités de l’heure. Plus que jamais curieux, ils confrontent les tabous, explorent de nouveaux courants, fouillent des cas insolites et scrutent à la loupe les dossiers chauds. »

Les hommes, eux, ont le droit d’« oser », de « confronter » les « personnalités de l’heure », d’explorer, de fouiller, de scruter des « dossiers chauds », mais les femmes, elles, même des « journalistes crédibles et engagées » doivent pour leur part « inspirer », « aider à comprendre », « capter », tout ça, bien entendu, dans « une approche humaine et inspirante ».

C’est tiède et fleuri… Ça sent les deux super bonnes amies vraiment sympathiques qui vont encore faire « œuvre utile » pour la société et tenter de nous faire pleurer. Mais de quoi la télé québécoise a-t-elle peur ? Faudra un jour m’expliquer… Mais bon, on va donner une chance aux coureuses.

Deux hommes en or + une femme 

Et finalement, on apprend du même coup qu’une jeune femme (23 ans, précise-t-on dans l’article) se joindra à l’émission Deux hommes en or : « C’est Télé-Québec qui a suggéré de casser le "boys club" — ou le vieux couple ? — formé de Lagacé et Lord. Le rôle de Rosalie Bonenfant dans l’émission reste à déterminer. »

On va leur donner une chance à eux aussi, mais déjà, ça sent le gros « trip à trois » insignifiant, juste pour placer une femme au beau milieu d’une émission d’hommes, tsé, comme un chien (ou une chienne) dans un jeu de quilles, ou bien la femme pognée en sandwich (ça arrive – lisez la Chronique en cuirasse d’Isabelle Hachey entre autres) ou encore la belle fille servant principalement de postiche.

Assumez vos choix !, je vous dis. Ou proposez une nouvelle émission.

Ça manque de courage. Mais peut-être, en réalité, que les grands patrons de Télé-Québec n’ont jamais eu de gonades. Et dans ce temps-là, effectivement, il n’y a absolument rien à défendre.

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