Passer au contenu principal

TV: Pitch féministe


Ça fait longtemps qu’on le dit, on veut des émissions d’actualité animées par des femmes, qui mènent des entrevues corsées, tricotées serré, avec aplomb et mordant elles avec, bref, des femmes qui posent elles aussi « les vraies questions » (Deux hommes en or, deux femmes invisibles).

Mais apparemment, on en est encore bien loin.

En effet, selon l’animatrice Marie-Claude Barrette (qui anime justement Deux filles le matin), invitée à la toujours intéressante et pertinente émission Dans les médias, on apprenait qu’un patron de radio lui aurait dit, il n’y a pas si longtemps d'ailleurs : « La radio, c’est comme la danse. On regarde la femme mais c’est l’homme qui mène » …

« Quoi ? », me suis-je exclamée dans mon salon, pendant que mon cœur se renversait, faisait un double salto arrière, avant de reprendre sa place en faisant deux bonds sur lui-même.

D’abord, le smatte, ce ne sont pas toutes les danses dans lesquelles l’homme dirige. Pfft ! Ensuite, mais c’est qui ce colon ? Oui, on veut des noms.

Comment voulez-vous que des femmes intelligentes puissent prendre les commandes d’émissions de radio ou de télé, y débattre d’idées et d’enjeux de société lorsqu’il y a des producteurs et des ti-boss des bécosses sexistes et passés date comme ça qui gèrent les coulisses de certains médias ?

Ça « manque d’audace » dans les médias ?, se demandait-on dans cette même émission. Évidemment que ça manque d’audace, mesdames ! Pour plusieurs d’entre nous, on ne s’y reconnaît tout simplement pas, notamment dans ces émissions dites féminines. Il faut donc regarder les gars (Deux hommes en orInfoman, Les francs-tireurs, etc., et avouons-le, on s'ennuie de Laflaque du baveux à Chapleau).

Saviez-vous qu’à la télé britannique, ils diffusent une émission intitulée Loose Women depuis 1999 ? Il s’agit de quatre femmes qui parlent ensemble d’actualité, de politique, de potins, de la famille royale bien évidemment – le prince Andrew et le petit couple « réfugié » au Canada entre autres –, bref, le The View britannique.

Ça nous prendrait une émission comme ça, au Québec, mais le soir. Oui, on veut des émissions de femmes qui brassent, le soir. Pas juste des « fifilles le matin », ou encore ces imbuvables émissions avec des maudites vedettes pis leurs maudites recettes pis leurs souvenirs d’enfance, pis leurs meilleurs amis, pis le reste – on n'en a rien à cirer ! – dans lesquelles tout le monde sourit de leurs belles dents blanches, fait semblant d'avoir du fun, tout en étant content d’exister.

Non, on veut critiquer, analyser, débattre des enjeux de société, rencontrer celles et ceux qui ont marqué l'actualité de la semaine, confronter des pseudos-présidents comme des politiciennes, ceux et celles qui détiennent le pouvoir.

On appellerait ça comment ? Femmes légères ? Femmes faciles ? Les dévergondées ? Non monsieur. On veut des Deux femmes qui brassent, Deux bitchs le soir, ou encore Elles sont là quand ça compte… Ou bedon, tiens, Les baveuses, Switch à bitch, Les brasseuses de cage, Les emmerdeuses, vous voyez le genre ?

Ou bien imaginez maintenant une version féminine d’Infoman, une baveuse tout aussi irrévérencieuse, avec l’accompagnement musical suivant : « Na, na, na, na, na, na, na, na, na… Nymphomane ! » … Non ? Ça non plus ça ne passerait pas à la société d’État ? « On continue à chercher ? » … D’accord, on continue à chercher…

Mais un moment donné, faudra bien déniaiser la télé.

Messages les plus consultés de ce blogue

Mobilité vs mobilisation

On aime parler de mobilité depuis quelques années. Ce mot est sur toutes les lèvres. C’est le nouveau terme à la mode. Tout le monde désire être mobile, se mouvoir, se déplacer, dans son espace intime autant que possible, c’est-à-dire seul dans son char, ou encore dans sa bulle hermétique dans les transports collectifs, avec ses écouteurs sur la tête, sa tablette, son livre, son cell, des gadgets, alouette. On veut tous être mobile, être libre, parcourir le monde, voyager, se déplacer comme bon nous semble. On aime tellement l’idée de la mobilité depuis quelque temps, qu’on a même, à Montréal, la mairesse de la mobilité, Valérie Plante. On affectionne également les voitures, les annonces de chars, de gros camions Ford et les autres - vous savez, celles avec des voix masculines bien viriles en background - qui nous promettent de belles escapades hors de la ville, voire la liberté absolue, l’évasion somme toute, loin de nos prisons individuelles. Dans l’une de ces trop nombre

Je me souviens... de Ludmilla Chiriaeff

(photo: Harry Palmer) La compagnie de danse classique, les Grands Ballets canadiens, a été fondée par une femme exceptionnelle qui a grandement contribué à la culture québécoise, Ludmilla Chiriaeff (1924-1996), surnommée Madame. Rien de moins. Femme, immigrante, visionnaire Née en 1924 de parents russes à Riga, en Lettonie indépendante, Ludmilla Otsup-Grony quitte l’Allemagne en 1946 pour s’installer en Suisse, où elle fonde Les Ballets du Théâtre des Arts à Genève et épouse l’artiste Alexis Chiriaeff. En janvier 1952, enceinte de huit mois, elle s’installe à Montréal avec son mari et leurs deux enfants – elle en aura deux autres dans sa nouvelle patrie. Mère, danseuse, chorégraphe, enseignante, femme de tête et d’action, les deux pieds fermement ancrés dans cette terre d’accueil qu’elle adopte sur-le-champ, Ludmilla Chiriaeff est particulièrement déterminée à mettre en mouvement sa vision et développer par là même la danse professionnelle au Québec : « Elle portait en

Pour en finir avec Cendrillon

Il existe de nombreuses versions de « Cendrillon, ou, la Petite Pantoufle de verre », comme Aschenputtel,  ou encore « Chatte des cendres »... passons. Mais celle connue en Amérique, voire dans tous les pays américanisés, et donc édulcorée à la Walt Disney, est inspirée du conte de Charles Perrault (1628-1703), tradition orale jetée sur papier à la fin du 17 e  siècle. D'ores et déjà, ça commence mal. En 2015, les studios Walt Disney ont d'ailleurs repris leur grand succès du film d'animation de 1950, en présentant  Cinderella  en chair et en os, film fantastique (voire romantico-fantasmagorique) réalisé par Kenneth Branagh, avec l'excellente Cate Blanchett dans le rôle de la marâtre, Madame Trémaine ( "très" main , en anglais), généralement vêtue d'un vert incisif l'enveloppant d'une cruelle jalousie, Lily James, interprétant Ella (elle) dit Cendrillon (car Ella dort dans les cendres, d'où le mesquin surnom), Richard Madden, appelé Kit