Passer au contenu principal

Deux hommes en or, deux femmes invisibles


Deux hommes en or, Les Francs-tireurs, Tout le monde en parle, le concept est bien connu, deux animateurs, deux hommes bien sûr, des entrevues coup de poing, enfin presque. Les hommes sont-ils les seuls capables au Québec de mener de front des entrevues, de poser « les vraies questions », de discuter, de débattre, d'alimenter les discussions politiques, sociales et économiques ? Mais où sont les femmes qui pensent, bon sang, à la télévision ?

Deux animatrices, mission impossible ? Ne serait-ce que Deux femmes en argent, ou même juste en bronze mettons, non ? Mieux encore, Deux femmes en ta... Mais bon, on craint sans doute qu'elles se bitchent mutuellement, qu'elles se prennent la tête, démarrent un catfight, se crêpent le chignon, rivalisent avec leurs invité-es, ou, pis encore, qu'elles aient leurs règles en même temps - surtout pas deux ménopausées à la télé, faut quand même pas exagérer. (Wo-là ! On se calme le poil des jambes la féministe !)

Sinon, on a eu droit à des concepts comme Deux filles le matin. Même pas
« Deux femmes le matin », non, non, deux filles le matin, dans le sens de fifilles, rien de menaçant donc, le matin en plus, pas le soir, temps d'antenne de grande écoute. Ou encore à une émission de co-animateurs (une femme et un homme) dans laquelle monsieur trône derrière son beau bureau à l'American talk-show, tandis que madame, elle, est assise à l'écart, quelque part sur le sofa, symbole des femmes et des minorités visibles en retrait de la discussion, des vrais enjeux... aïe, aïe, aïe, mais c'est quoi ce bordel ?

Pour le reste, les femmes, les « reines de la télévision » au Québec, blanches évidemment, font du divertissement, de la variété, question d'amuser le peuple, de l'entertainer, de l'occuper bêtement, et surtout, de ne rien secouer. On rencontre des "vedettes", pas nécessairement des artistes ou des gens engagés, juste des vedettes, des individus souriants qui passent déjà au petit écran comme sur le grand. On parle d'eux, encore et toujours le monde narcissique, égocentrique et superficiel à souhait de la vedette, de leur « univers », leur « enfance à la télé », leurs « squelettes dans le placard », leurs mensonges, leur vérité, leurs maudites recettes. Urgh. Et quoi encore ? Vedettes nues et confidences dans le pré ?

Les femmes ont-elles le droit de penser, de réfléchir tout haut, de questionner, de débattre, de refaire le monde au XXIe siècle ? Ou est-ce encore trop menaçant pour le monde dans la télévision, miroir d'une société québécoise stagnante, traumatisée par deux échecs référendaires, en perte d'identité nationale, voire en dépression majeure, menacée par les musulmans et quelques migrants.

En attendant une autre révolution, ne serait-ce que celle du petit écran déjà - yeah right, une révolution, on se calme le pompon, j'ai dit, la féministe ! -, on peut se rabattre sur les capsules Les brutes, deux femmes, oui monsieur, qui n'ont pas froid aux yeux.

Messages les plus consultés de ce blogue

Les Grands Ballets canadiens et la guerre commerciale américaine

La guerre commerciale «  made in USA  » est commencée. De toutes parts, on nous invite à boycotter les produits et les services américains. Quoi ? Vous songiez aller en vacances aux États-Unis cette année ? Oubliez ça ! Il faut dépenser son argent au Canada, mieux encore, au Québec. Dans ce contexte, on nous appelle également à boycotter Amazon (et autres GAFAM de ce monde) ainsi que Netflix, Disney, le jus d’orange, le ketchup, le papier de toilette, etc. – nommez-les, les produits américains –, en nous proposant, et ce un peu partout dans les médias québécois, des équivalents en produits canadiens afin de contrer la menace américaine qui cherche ni plus ni moins à nous affaiblir pour ensuite nous annexer. Les Américains sont parmi nous  Pourtant, les Américains sont en ville depuis longtemps. Depuis 2013, en effet, les Grands Ballets canadiens de Montréal (GBCM) offrent une formation américaine ( in English, mind you , et à prix très fort qui plus est) sur notre territo...

« Femme Vie Liberté » Montréal 2024 (photos)

Deux ans après la mort de Mahsa Amini, décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour le port « inapproprié » de son voile, le mouvement iranien « Femme Vie Liberté » se poursuit...  ----- Photos  : Sylvie Marchand, Montréal, 15 sept. 2024  À lire  :  Malgré la répression, de nombreuses Iraniennes ne portent pas de hijab ( La Presse , 14 sept. 2024)  Iran : deux ans après la mort de Mahsa Amini, la répression « a redoublé d’intensité » (Radio-Canada, 15 sept. 2024)

«Boléro» (2024), l’art de massacrer la danse et la chorégraphe

  Réalisé par Anne Fontaine ( Coco avant Chanel ), le film  Boléro  (2024) porte sur la vie du pianiste et compositeur français Maurice Ravel (Raphaël Personnaz) durant la création de ce qui deviendra son plus grand chef-d’œuvre, le  Boléro , commandé par la danseuse et mécène Ida Rubinstein (Jeanne Balibar). Alors que Ravel connait pourtant un certain succès à l’étranger, il est néanmoins hanté par le doute et en panne d’inspiration.  Les faits entourant la vie de Maurice Ravel ont évidemment été retracés pour la réalisation de ce film biographique, mais, étrangement, aucune recherche ne semble avoir été effectuée pour respecter les faits, les événements et, surtout, la vérité entourant l’œuvre chorégraphique pour laquelle cette œuvre espagnole fut composée et sans laquelle cette musique de Ravel n’aurait jamais vu le jour.  Dans ce film inégal et tout en longueur, la réalisatrice française n’en avait clairement rien à faire ni à cirer de la danse, des fai...

Je me souviens... de Ludmilla Chiriaeff

(photo: Harry Palmer) La compagnie de danse classique, les Grands Ballets canadiens, a été fondée par une femme exceptionnelle qui a grandement contribué à la culture québécoise, Ludmilla Chiriaeff (1924-1996), surnommée Madame. Rien de moins. Femme, immigrante, visionnaire Née en 1924 de parents russes à Riga, en Lettonie indépendante, Ludmilla Otsup-Grony quitte l’Allemagne en 1946 pour s’installer en Suisse, où elle fonde Les Ballets du Théâtre des Arts à Genève et épouse l’artiste Alexis Chiriaeff. En janvier 1952, enceinte de huit mois, elle s’installe à Montréal avec son mari et leurs deux enfants – elle en aura deux autres dans sa nouvelle patrie. Mère, danseuse, chorégraphe, enseignante, femme de tête et d’action, les deux pieds fermement ancrés dans cette terre d’accueil qu’elle adopte sur-le-champ, Ludmilla Chiriaeff est particulièrement déterminée à mettre en mouvement sa vision et développer par là même la danse professionnelle au Québec : « Elle p...

Pour en finir avec Cendrillon

Il existe de nombreuses versions de « Cendrillon, ou, la Petite Pantoufle de verre », comme Aschenputtel,  ou encore « Chatte des cendres »... passons. Mais celle connue en Amérique, voire dans tous les pays américanisés, et donc édulcorée à la Walt Disney, est inspirée du conte de Charles Perrault (1628-1703), tradition orale jetée sur papier à la fin du 17 e  siècle. D'ores et déjà, ça commence mal. En 2015, les studios Walt Disney ont d'ailleurs repris leur grand succès du film d'animation de 1950 en présentant  Cinderella  en chair et en os, film fantastique (voire romantico-fantasmagorique) réalisé par Kenneth Branagh avec l'excellente Cate Blanchett dans le rôle de la marâtre, Madame Trémaine ( "très" main , en anglais), généralement vêtue d'un vert incisif l'enveloppant d'une cruelle jalousie, Lily James, interprétant Ella (Elle) dit Cendrillon (car Ella dort dans les cendres, d'où le mesquin surnom), Richard Madden, appelé Kit (l...