C'est parti mon kiki. Depuis le début de la campagne électorale, tous les partis tentent de séduire les électeurs-rices, de flirter avec distinctes tranches de la société en leur faisant de belles promesses. Une pluie de promesses séduisantes, une averse, du vrai clientélisme, oui, maintenant que la question indépendantiste a été évacuée du discours politique – non, ça ne parlera pas fort de souveraineté cette année; à ce propos, lire La fin de la menace souverainiste de Konrad Yakabuski dans Le Devoir.
Or, rien n’est mort. Pas fort, mais pas mort. Et en attendant, fini les projets de société, fini la collectivité et les intérêts d’un peuple, on s’adresse aux individus - « On est prêts à tout pour que tu votes! ». C'est le slogan, reflet de notre société ultra-individualiste (voir Être ordinaire).
On tente entre autres de séduire les jeunes, les vieux, les familles et la « classe moyenne ». Les jeunes (18-35 ans) représentent « une génération courtisée par les partis politiques ». En même temps, ce serait la revanche des X cette année : « Les 35-54 ans sont en colère et veulent du changement à la tête de l’État québécois. » J’en suis. Tout le monde devrait donc aller voter... mais surtout exiger une réforme du mode de scrutin – Chaque voix compte.
Tandis que « la CAQ promet de redonner aux familles 700M$ de taxes "injustes" », les libéraux, eux, jurent « d'étendre la gratuité des soins dentaires de base aux enfants de 10 à 16 ans et aux aînés à faible revenu », de remettre « jusqu’à 300$ supplémentaires par enfant », en plus de vanter leur surplus budgétaire de milliards de dollars.
Évidemment qu’il y a un surplus budgétaire, M. Couillard. Cela s’est fait en mettant la hache dans les services publics et au détriment des femmes : « Des milliards de dollars, en provision ou en réserve, sont intégrés dans le cadre budgétaire, à un moment où plusieurs groupes de la société, dans les secteurs de la santé et de l’éducation, réclament des investissements supplémentaires pour compenser les compressions importantes des années 2014 à 2016. » (l'article de Gérald Filion). Et n’oublions pas les conditions de travail exécrables et inhumaines dans ces mêmes domaines (majoritairement féminins) de l’éducation et de la santé – lisez entre autres, Cessez de sanctionner les travailleurs de la santé. Et qui parle de culture ?
La loi 70, quant à elle, aura permis aux libéraux d’épargner 50 millions par année... Bravo. Une belle gang de champions.
Or si comme moi, vous êtes une personne seule, sans enfant, locataire, indignée, fauchée, survivant sous le seuil de la pauvreté au Québec, alors personne ne s’adresse véritablement à vous. Cette campagne électorale se déroule dans leur écosystème à eux (voir Bienvenue dans « l’écosystème de la pauvreté »). Jusqu’au jour J, c’est-à-dire aux urnes, le seul poids que nous avons est réel, pragmatique, comptable même, celui sur la balance... « Oh ben simonaque ! »
Sinon, vous voulez savoir qui tente de me séduire, moi, ces temps-ci ? Eh bien, les vieux dans mon quartier, en soulevant leurs sourcils hirsutes - l’avantage de côtoyer des plus vieux que soi, on est toujours la plus jeune de la gang. Un homme marié – flatteur, mais non merci. (J’ai abordé une importante notion féministe... Criquet, criquet...) L’imbécile dans mon building – « Ça tentes-tu de sortir avec moé à soir ? C’est moé qui paye ! » ... Oh wow. Bravo champion... Et Garry, un avocat américain bien nanti qui réside au Vermont et qui vient régulièrement à Montréal – he loves the culture apparently - croisé par hasard dans un café au centre-ville.
Parle, parle, jase, jase in English, Garry, selon ses dires, a fait fortune in New York City, il y a de cela quelques années. Il pourrait très bien « se retirer », ne plus travailler le restant de ses jours, plaide-t-il, mais poursuit néanmoins ses activités légales pour venir en aide aux immigrants, aux plus démunis et autres défavorisés de la société. Nice... Toujours selon lui, 75% de son travail est non-rémunéré, accompli bénévolement, pro bono, en particulier pour « les femmes violentées et dans le besoin ». Impressionnant, pas vrai ? Quel homme... A real catch, diraient certaines. Même que Garry a travaillé fort, sorti ses trois phrases qu’il maîtrise parfaitement en français et ces doux compliments que l’on fait aux femmes quand on a de la classe. Et pourtant... Sorry Garry, you lost me at pro-Trump.
Quand la grande séduction, mélangée à la politique, devient vite très, très moyenne.