Elle s’appelle Ahou Daryaei. Cette femme, dont on sait encore peu de choses, est étudiante en littérature française à l’université Azad de Téhéran. Elle s’est dévêtue sur le campus de l’université afin de protester contre le régime islamique iranien.
Harcelée par des membres de la milice Basij, parce qu’elle ne portait pas de « maghnaeh », un foulard noir couvrant la tête, le front, le menton et la poitrine, ses vêtements ont été déchirés durant la violente altercation. La femme de 30 ans a retiré ses vêtements endommagés en signe manifeste de protestation.
Portant seulement ses sous-vêtements, Ahou Daryaei s’est assise devant l’université pour ensuite déambuler sous le regard des passants, sachant très bien que son arrestation était imminente. Elle a été arrêtée, embarquée violemment dans une voiture et envoyée dans un hôpital psychiatrique.
Évidemment, cette femme n’est ni une folle ni « une personne perturbée » qui aurait « besoin d’un traitement », comme l’affirme le régime de mollahs. Cette femme est l’incarnation même du courage.
Par son geste extrêmement courageux, cette femme met à nu le régime entier. À la face du monde, Ahou Daryaei défie rien de moins que le régime oppressif de la République islamique, remettant en lumière, dans l’actualité mondiale, le mouvement de protestation du peuple iranien « Femme, Vie, Liberté ».
Ahou Daryaei, c’est l’homme seul qui se dressa devant les chars sur la place Tiananmen en juin 1989.
Ahou Daryaei, c’est le courage sur deux pieds nus, vulnérable, dévêtue, corps et chair sur le béton.
Dites son nom !
Dites son nom pendant que des féministes, femmes et hommes, en Occident, défendent le port du voile islamique et autres vêtements religieux soulignant l’asservissement religieux des femmes et leur infériorité par rapport aux hommes.
Dites son nom pendant que la gauche et l’extrême gauche dérivent dans le communautarisme et protègent des systèmes religieux sexistes et misogynes.
Dites son nom pendant que les droits fondamentaux des femmes s’effritent un peu partout dans le monde.
Dites son nom pendant que des étudiantes et des jeunes femmes, ici même au Québec, revendiquent le droit de porter un niqab et autre voile intégral à l’école, au cégep, à l’université comme au centre-ville de Montréal...
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(photos prises à la station de métro Berri-UQAM, Montréal, 4 nov. 2024) |
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Dites son nom ! Ahou Daryaei ! Femme, Vie, Liberté ! Zan, Zendegi, Azadi !
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« Où sont les intellectuels spécialistes de l’Iran qui disaient, dans les années 1990, "si je ne défends pas les femmes qui veulent porter le voile en Europe, je ne peux pas défendre celles qui ne veulent pas le porter en Iran" ? Ils ont bien réussi leur mission en France, en Europe, et partout dans le monde, mais trente ans plus tard, les femmes en Iran sont emprisonnées lorsqu’elles ôtent le voile dans la rue. Où sont les "vigilantes" de #MeToo ? Il faut balancer qui ? »
– Chahdortt Djavann, Et ces êtres sans pénis ! (Grasset, 2021)
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Femme, Vie, Liberté ! Zan, Zendegi, Azadi !
« Femme Vie Liberté » Montréal 2024 (photos)
« Femme Vie Liberté » Montréal 2023 (photos)
Manif Iran : « Femme Vie Liberté » (2022)
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À lire : Paris salue le « courage » d’Ahou Daryaei, étudiante iranienne arrêtée après s’être dévêtue (Le Point)
À écouter : Ahou Daryaei - Le billet de Sophia Aram (France Inter)