Passer au contenu principal

La grande noyade du peuple québécois


Le premier ministre du Québec, François Legault, a manifestement manqué de tact et de prestance lors de sa récente visite en France. Au lieu d’insister sur l’importance de protéger la langue française (et les difficultés de se faire servir en français, ici même à Montréal !), notre premier ministre en visite dans l’Hexagone a plutôt choisi de régler ses comptes avec Ottawa et de laver son linge sale sur la place publique. 

De toute évidence, François Legault, ancien indépendantiste convaincu, mesure aujourd’hui toute son impuissance face à ce fédéralisme canadien qui contrôle les frontières. Il la ressent pleinement. Immense, sa frustration « provinciale » le ronge intérieurement, ce qui explique qu’il s’exprime ainsi, avec hargne, dès que l’occasion se présente. 

Après avoir obtenu le « mandat fort » qu’il souhaitait ardemment, pour supposément négocier « fort » avec Justin Trudeau, François Legault constate toutefois aujourd’hui, une fois de plus, après maintes tentatives et tactiques déshonorantes, que cette troisième voie dans laquelle il a tout investi ne mène en réalité nulle part. Le cul-de-sac de la CAQ.

Or, malgré sa baisse de popularité, comme celle de la CAQ dans les sondages, il n’en demeure pas moins que, sur le fond de la question portant sur l’immigration, François Legault a raison. Non seulement le peuple québécois se sent « bousculé » par le nombre chavirant de nouveaux arrivants – ce nombre dépassant largement notre capacité d’accueil, et ce, à tous les niveaux (services sociaux, logement, etc.) –, mais aussi profondément préoccupé par ce risque vital d’être complètement submergé. 

Comme cela s’est produit au cours des siècles derniers, nous sommes de nouveau confrontés, comme peuple minoritaire, à une autre tentative de noyer les « Canadiens français », le peuple québécois, la nation québécoise, par des forces extérieures. Et les Québécois ont raison de s’inquiéter car cette menace est bien réelle. Cette grande noyade met véritablement en péril la survie de notre nation, des Québécoises et des Québécois. 

Au lieu de lancer des idées saugrenues dans l’espace public, comme celle de tenir un inutile référendum sur l’immigration, entre autres exemples, le premier ministre du Québec François Legault devrait plutôt retrouver sa boussole politique au plus vite, ainsi que son courage d’autrefois, afin de tenir le seul vrai référendum qui compte vraiment, pour obtenir les véritables pouvoirs dont il rêve, pendant qu’il est encore temps, soit celui sur l’indépendance du Québec. 

Là se trouvent les pleins pouvoirs dont nous avons besoin, comme peuple, pour vivre et nous réaliser pleinement, en français, dans une société laïque et égalitaire, et décider enfin pour nous-mêmes, notamment, concernant nos frontières.

Comme l’écrivait élégamment le professeur de sciences politiques, militant indépendantiste et membre fondateur du Rassemblement pour l’indépendance nationale, André d’Allemagne (1929-2001), dans Le presque pays (Lanctôt, 1998) : « Les Québécois et les Québécoises sont-ils encore prêts, en restant dans le système fédéral canadien, à se contenter d’un statut de minoritaires, d’un gouvernement entravé, d’un pouvoir atrophié et d’un presque pays… ou veulent-ils enfin, par la souveraineté, se gouverner eux-mêmes, se doter d’un État moderne et complet, et se donner un pays normal et bien à eux ? Et tout le reste n’est que littérature ! » 

Dotons-nous d’un vrai pays normal bien à nous, chers Québécois, afin d’être enfin majoritaires et maîtres chez nous. Le temps presse. Tout le reste n’est que perte de temps précieux et suicide collectif par noyade fédéraliste insidieuse.


Messages les plus consultés de ce blogue

Le Prince et l’Ogre, le mauvais procès

Poursuivi en justice pour des agressions sexuelles et des viols qu’il aurait commis à l’endroit de plusieurs femmes, un homme connu du grand public subit un procès. Dans le cadre de ces procédures, des témoins défilent à la barre. Parmi ceux-ci, des amis de longue date, des proches, des collègues et d’anciens collaborateurs venus témoigner en faveur de l’accusé. Tous soulignent sa belle personnalité, le grand homme qu’il a toujours été. Ils le connaissent bien ; cet homme n’est pas un agresseur. Au contraire, il a toujours joui d’une excellente réputation.  C’est un homme « charmant, courtois, poli et respectable » tant envers les hommes que les femmes, répéteront-ils. Il est « un peu flirt », certes, « comme bien d’autres ». Mais personne n’a souvenir qu’on ait parlé en mal de lui. Jamais. Parfois, il est vrai, il a pu se montrer insistant envers quelques femmes, affirmera lors d’une entrevue un excellent ami depuis le Vieux Continent. Mais on pa...

Les Grands Ballets canadiens et la guerre commerciale américaine

La guerre commerciale «  made in USA  » est commencée. De toutes parts, on nous invite à boycotter les produits et les services américains. Quoi ? Vous songiez aller en vacances aux États-Unis cette année ? Oubliez ça ! Il faut dépenser son argent au Canada, mieux encore, au Québec. Dans ce contexte, on nous appelle également à boycotter Amazon (et autres GAFAM de ce monde) ainsi que Netflix, Disney, le jus d’orange, le ketchup, le papier de toilette, etc. – nommez-les, les produits américains –, en nous proposant, et ce un peu partout dans les médias québécois, des équivalents en produits canadiens afin de contrer la menace américaine qui cherche ni plus ni moins à nous affaiblir pour ensuite nous annexer. Les Américains sont parmi nous  Pourtant, les Américains sont en ville depuis longtemps. Depuis 2013, en effet, les Grands Ballets canadiens de Montréal (GBCM) offrent une formation américaine ( in English, mind you , et à prix très fort qui plus est) sur notre territo...

« Femme Vie Liberté » Montréal 2024 (photos)

Deux ans après la mort de Mahsa Amini, décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour le port « inapproprié » de son voile, le mouvement iranien « Femme Vie Liberté » se poursuit...  ----- Photos  : Sylvie Marchand, Montréal, 15 sept. 2024  À lire  :  Malgré la répression, de nombreuses Iraniennes ne portent pas de hijab ( La Presse , 14 sept. 2024)  Iran : deux ans après la mort de Mahsa Amini, la répression « a redoublé d’intensité » (Radio-Canada, 15 sept. 2024)

«Boléro» (2024), l’art de massacrer la danse et la chorégraphe

  Réalisé par Anne Fontaine ( Coco avant Chanel ), le film  Boléro  (2024) porte sur la vie du pianiste et compositeur français Maurice Ravel (Raphaël Personnaz) durant la création de ce qui deviendra son plus grand chef-d’œuvre, le  Boléro , commandé par la danseuse et mécène Ida Rubinstein (Jeanne Balibar). Alors que Ravel connait pourtant un certain succès à l’étranger, il est néanmoins hanté par le doute et en panne d’inspiration.  Les faits entourant la vie de Maurice Ravel ont évidemment été retracés pour la réalisation de ce film biographique, mais, étrangement, aucune recherche ne semble avoir été effectuée pour respecter les faits, les événements et, surtout, la vérité entourant l’œuvre chorégraphique pour laquelle cette œuvre espagnole fut composée et sans laquelle cette musique de Ravel n’aurait jamais vu le jour.  Dans ce film inégal et tout en longueur, la réalisatrice française n’en avait clairement rien à faire ni à cirer de la danse, des fai...

Je me souviens... de Ludmilla Chiriaeff

(photo: Harry Palmer) La compagnie de danse classique, les Grands Ballets canadiens, a été fondée par une femme exceptionnelle qui a grandement contribué à la culture québécoise, Ludmilla Chiriaeff (1924-1996), surnommée Madame. Rien de moins. Femme, immigrante, visionnaire Née en 1924 de parents russes à Riga, en Lettonie indépendante, Ludmilla Otsup-Grony quitte l’Allemagne en 1946 pour s’installer en Suisse, où elle fonde Les Ballets du Théâtre des Arts à Genève et épouse l’artiste Alexis Chiriaeff. En janvier 1952, enceinte de huit mois, elle s’installe à Montréal avec son mari et leurs deux enfants – elle en aura deux autres dans sa nouvelle patrie. Mère, danseuse, chorégraphe, enseignante, femme de tête et d’action, les deux pieds fermement ancrés dans cette terre d’accueil qu’elle adopte sur-le-champ, Ludmilla Chiriaeff est particulièrement déterminée à mettre en mouvement sa vision et développer par là même la danse professionnelle au Québec : « Elle p...