Passer au contenu principal

Marcelle Ferron à Outremont


Si ce n’est déjà fait, il ne vous reste que quelques semaines pour voir cette exposition gratuite en plein air à Outremont. Sur la très chic rue Bernard, en effet, entre les avenues Wiseman et Bloomfield, une (maigre) exposition photographique à ciel ouvert, intitulée Marcelle Ferron de l'atelier à l'espace public, a lieu sur la rue piétonne jusqu’au 22 septembre prochain, permettant ainsi de découvrir quelques-unes des œuvres de l’artiste. 

Née à Louiseville en 1924, l’artiste Marcelle Ferron, l’une des signataires du Refus Global en 1948, aurait célébré son 100ième anniversaire cette année. Pour souligner l’événement, quelques activités, organisées notamment par Les amis de la Place Marcelle-Ferron, sont au programme. 

Étant une femme, les hommages rendus à cette artiste ne sont évidemment pas à la hauteur d’un Borduas ou d’un Riopelle. Mais bon, on ne va tout de même pas bouder notre plaisir. On prend tout ce qu’on peut sur l’histoire, les œuvres et les réalisations des femmes au Québec, de même que la présence de leurs œuvres d’art dans l’espace public. 

Maintenant, pour entendre l’artiste elle-même, la femme s’exprimer de vive voix sur sa démarche, son travail et ses œuvres, il faut alors visionner le documentaire Ferron, Marcelle (disponible gratuitement sur le site de l’ONF) réalisé par Monique Crouillère. Car l’artiste signait ses œuvres picturales, Ferron. De cette façon, explique-t-elle dans ce film de 1989, le public ne pouvait savoir ni deviner s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. Il voyait simplement un nom : Ferron. 

Dans le prestigieux monde des arts, sans grande surprise, l’Art (avec un grand A) était encore une affaire d’hommes, de brillants et géniaux artistes masculins. L’art « féminin », lui, était trop souvent considéré de simples « humeurs » de femmes, lance joyeusement Marcelle Ferron à la caméra. De superbes « humeurs » colorées et lumineuses, faut dire...
 

-----

Photos : Sylvie Marchand, Exposition Marcelle Ferron de l'atelier à l'espace public, Outremont, juillet 2024. 

***

À lire aussi 

Marcelle Ferron, de couleur et de verre (Le Devoir, 29 janvier 2024) 

Marcelle Ferron, Verrière et sculpture (1981) (La Presse, 22 août 2024) 

Lumière sur l’art et l’architecture du métro (La Presse, 22 août 2024)

Lumineuse Marcelle Ferron, (Radio-Canada, 26 janvier 2024)


Messages les plus consultés de ce blogue

Les fausses belles femmes

Après les Femmes poupées, femmes robotisées , voilà maintenant de fausses belles femmes dans un factice concours de beauté. Totalement artificielles, ces femmes, vous comprenez, ces différentes images ayant été générées par l’intelligence artificielle (IA) - (lire  Miss AI - Un podium de beauté artificielle ). Pour faire simple, il s’agit en réalité d’une vraie compétition toute féminine de la plus belle fausse femme créée par des hommes. Vous me suivez ? Non, on n’arrête pas le progrès. Ce sont majoritairement des hommes qui se cachent derrière la fabrication de ces images de fausses femmes. Des créateurs masculins qui passent sûrement d’innombrables heures devant un écran d’ordinateur à créer la femme idéale (ou de leurs rêves, allez savoir), à partir, on s’en doute, de leurs désirs, fantasmes, idéaux et propres standards de beauté – la beauté étant dans les yeux de celui qui regarde évidemment. Une beauté exclusivement physique, rappelons-le.  Même le jury est artificiel – à l’excep

Pour en finir avec Cendrillon

Il existe de nombreuses versions de « Cendrillon, ou, la Petite Pantoufle de verre », comme Aschenputtel,  ou encore « Chatte des cendres »... passons. Mais celle connue en Amérique, voire dans tous les pays américanisés, et donc édulcorée à la Walt Disney, est inspirée du conte de Charles Perrault (1628-1703), tradition orale jetée sur papier à la fin du 17 e  siècle. D'ores et déjà, ça commence mal. En 2015, les studios Walt Disney ont d'ailleurs repris leur grand succès du film d'animation de 1950, en présentant  Cinderella  en chair et en os, film fantastique (voire romantico-fantasmagorique) réalisé par Kenneth Branagh, avec l'excellente Cate Blanchett dans le rôle de la marâtre, Madame Trémaine ( "très" main , en anglais), généralement vêtue d'un vert incisif l'enveloppant d'une cruelle jalousie, Lily James, interprétant Ella (elle) dit Cendrillon (car Ella dort dans les cendres, d'où le mesquin surnom), Richard Madden, appelé Kit

Mobilité vs mobilisation

On aime parler de mobilité depuis quelques années. Ce mot est sur toutes les lèvres. C’est le nouveau terme à la mode. Tout le monde désire être mobile, se mouvoir, se déplacer, dans son espace intime autant que possible, c’est-à-dire seul dans son char, ou encore dans sa bulle hermétique dans les transports collectifs, avec ses écouteurs sur la tête, sa tablette, son livre, son cell, des gadgets, alouette. On veut tous être mobile, être libre, parcourir le monde, voyager, se déplacer comme bon nous semble. On aime tellement l’idée de la mobilité depuis quelque temps, qu’on a même, à Montréal, la mairesse de la mobilité, Valérie Plante. On affectionne également les voitures, les annonces de chars, de gros camions Ford et les autres - vous savez, celles avec des voix masculines bien viriles en background - qui nous promettent de belles escapades hors de la ville, voire la liberté absolue, l’évasion somme toute, loin de nos prisons individuelles. Dans l’une de ces trop nombre

« Femme Vie Liberté » Montréal 2024 (photos)

Deux ans après la mort de Mahsa Amini, décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour le port « inapproprié » de son voile, le mouvement iranien « Femme Vie Liberté » se poursuit...  ----- Photos  : Sylvie Marchand, Montréal, 15 sept. 2024  À lire  :  Malgré la répression, de nombreuses Iraniennes ne portent pas de hijab ( La Presse , 14 sept. 2024)  Iran : deux ans après la mort de Mahsa Amini, la répression « a redoublé d’intensité » (Radio-Canada, 15 sept. 2024)

Je me souviens... de Ludmilla Chiriaeff

(photo: Harry Palmer) La compagnie de danse classique, les Grands Ballets canadiens, a été fondée par une femme exceptionnelle qui a grandement contribué à la culture québécoise, Ludmilla Chiriaeff (1924-1996), surnommée Madame. Rien de moins. Femme, immigrante, visionnaire Née en 1924 de parents russes à Riga, en Lettonie indépendante, Ludmilla Otsup-Grony quitte l’Allemagne en 1946 pour s’installer en Suisse, où elle fonde Les Ballets du Théâtre des Arts à Genève et épouse l’artiste Alexis Chiriaeff. En janvier 1952, enceinte de huit mois, elle s’installe à Montréal avec son mari et leurs deux enfants – elle en aura deux autres dans sa nouvelle patrie. Mère, danseuse, chorégraphe, enseignante, femme de tête et d’action, les deux pieds fermement ancrés dans cette terre d’accueil qu’elle adopte sur-le-champ, Ludmilla Chiriaeff est particulièrement déterminée à mettre en mouvement sa vision et développer par là même la danse professionnelle au Québec : « Elle portait en