Passer au contenu principal

Les couilles sont mortes, vive les gonades!

Certaines expressions du langage m'exaspèrent au plus haut point. « L'homme de la situation » par exemple - même si celle-ci a bien servi à faire connaître la première mairesse de Montréal lors du lancement de sa campagne -, ou encore, l'emploi du mot Homme pour désigner le genre humain (Urrgh - à ce propos, consultez L'Homme avec sa grosse hache).

Une autre expression qui m'irrite les tympans et me fait grincer des dents ?
« Avoir des couilles » pour parler de quelqu'un faisant preuve de courage. Cela va sans dire, posséder des testicules n'est pas garant de courage ni même d'un avantage moral. Ainsi, pour être plus exact, et surtout égalitaire, on devrait plutôt parler de gonades. Si, si, de gonades.

Des gonades ?
Terme anatomique général employé pour désigner les organes reproducteurs chez l'animal, soit les testicules chez l'homme et les ovaires chez la femme, les gonades apparaissent au tout début du développement embryonnaire. Structures neutres, dites indifférenciées, elles se différencient au contact des hormones durant la sexualisation embryonnaire, soit à la 8è ou 9è semaine de développement, selon le sexe en devenir.

Qui plus est, tout le monde possède des gonades. Femme, homme, ainsi que tous les individus se trouvant quelque part sur le continuum de l'identité sexuelle. Pas de chicane, y'en a pour tout le monde.

L'expression « avoir des gonades » serait ainsi plus juste et équitable envers tous. « Mon doux qu'elle a des gonades, elle ! » « Quelles gonades, ce mec ! »
« Hey, t'as vraiment des gonades, toé ! » Get it ?

Autre exemple : « [Ces gens] finiront bien par se lever, rassembler leur fière colonne vertébrale et leurs précieuses gonades, afin d'enjamber cette ânerie, s'affranchir de tout ce baratin pro-américain...  » (extrait de Sur quel pied danserez-vous?)

Qu'est-ce que ça change ?
Eh bien, la prise de conscience, d'une part, et de l'autre, la reprise du pouvoir par les femmes. On féminise graduellement le langage, on élimine sans cesse les expressions racistes et discriminatoires, et on souligne avec raison les doubles standards. Pourquoi ne pas modifier nos bonnes vieilles expressions au quotidien...

Mais pour ce faire, ça prend effectivement des gonades.

Messages les plus consultés de ce blogue

Le Prince et l’Ogre, le mauvais procès

Poursuivi en justice pour des agressions sexuelles et des viols qu’il aurait commis à l’endroit de plusieurs femmes, un homme connu du grand public subit un procès. Dans le cadre de ces procédures, des témoins défilent à la barre. Parmi ceux-ci, des amis de longue date, des proches, des collègues et d’anciens collaborateurs venus témoigner en faveur de l’accusé. Tous soulignent sa belle personnalité, le grand homme qu’il a toujours été. Ils le connaissent bien ; cet homme n’est pas un agresseur. Au contraire, il a toujours joui d’une excellente réputation.  C’est un homme « charmant, courtois, poli et respectable » tant envers les hommes que les femmes, répéteront-ils. Il est « un peu flirt », certes, « comme bien d’autres ». Mais personne n’a souvenir qu’on ait parlé en mal de lui. Jamais. Parfois, il est vrai, il a pu se montrer insistant envers quelques femmes, affirmera lors d’une entrevue un excellent ami depuis le Vieux Continent. Mais on pa...

Les Grands Ballets canadiens et la guerre commerciale américaine

La guerre commerciale «  made in USA  » est commencée. De toutes parts, on nous invite à boycotter les produits et les services américains. Quoi ? Vous songiez aller en vacances aux États-Unis cette année ? Oubliez ça ! Il faut dépenser son argent au Canada, mieux encore, au Québec. Dans ce contexte, on nous appelle également à boycotter Amazon (et autres GAFAM de ce monde) ainsi que Netflix, Disney, le jus d’orange, le ketchup, le papier de toilette, etc. – nommez-les, les produits américains –, en nous proposant, et ce un peu partout dans les médias québécois, des équivalents en produits canadiens afin de contrer la menace américaine qui cherche ni plus ni moins à nous affaiblir pour ensuite nous annexer. Les Américains sont parmi nous  Pourtant, les Américains sont en ville depuis longtemps. Depuis 2013, en effet, les Grands Ballets canadiens de Montréal (GBCM) offrent une formation américaine ( in English, mind you , et à prix très fort qui plus est) sur notre territo...

« Femme Vie Liberté » Montréal 2024 (photos)

Deux ans après la mort de Mahsa Amini, décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour le port « inapproprié » de son voile, le mouvement iranien « Femme Vie Liberté » se poursuit...  ----- Photos  : Sylvie Marchand, Montréal, 15 sept. 2024  À lire  :  Malgré la répression, de nombreuses Iraniennes ne portent pas de hijab ( La Presse , 14 sept. 2024)  Iran : deux ans après la mort de Mahsa Amini, la répression « a redoublé d’intensité » (Radio-Canada, 15 sept. 2024)

«Boléro» (2024), l’art de massacrer la danse et la chorégraphe

  Réalisé par Anne Fontaine ( Coco avant Chanel ), le film  Boléro  (2024) porte sur la vie du pianiste et compositeur français Maurice Ravel (Raphaël Personnaz) durant la création de ce qui deviendra son plus grand chef-d’œuvre, le  Boléro , commandé par la danseuse et mécène Ida Rubinstein (Jeanne Balibar). Alors que Ravel connait pourtant un certain succès à l’étranger, il est néanmoins hanté par le doute et en panne d’inspiration.  Les faits entourant la vie de Maurice Ravel ont évidemment été retracés pour la réalisation de ce film biographique, mais, étrangement, aucune recherche ne semble avoir été effectuée pour respecter les faits, les événements et, surtout, la vérité entourant l’œuvre chorégraphique pour laquelle cette œuvre espagnole fut composée et sans laquelle cette musique de Ravel n’aurait jamais vu le jour.  Dans ce film inégal et tout en longueur, la réalisatrice française n’en avait clairement rien à faire ni à cirer de la danse, des fai...

Je me souviens... de Ludmilla Chiriaeff

(photo: Harry Palmer) La compagnie de danse classique, les Grands Ballets canadiens, a été fondée par une femme exceptionnelle qui a grandement contribué à la culture québécoise, Ludmilla Chiriaeff (1924-1996), surnommée Madame. Rien de moins. Femme, immigrante, visionnaire Née en 1924 de parents russes à Riga, en Lettonie indépendante, Ludmilla Otsup-Grony quitte l’Allemagne en 1946 pour s’installer en Suisse, où elle fonde Les Ballets du Théâtre des Arts à Genève et épouse l’artiste Alexis Chiriaeff. En janvier 1952, enceinte de huit mois, elle s’installe à Montréal avec son mari et leurs deux enfants – elle en aura deux autres dans sa nouvelle patrie. Mère, danseuse, chorégraphe, enseignante, femme de tête et d’action, les deux pieds fermement ancrés dans cette terre d’accueil qu’elle adopte sur-le-champ, Ludmilla Chiriaeff est particulièrement déterminée à mettre en mouvement sa vision et développer par là même la danse professionnelle au Québec : « Elle p...