Chaque jour qui passe, d’innombrables usagers de la Société de transport de Montréal (STM) ne paient pas leur droit de passage, tant dans le métro que dans les autobus. Sans aucun billet en poche ni carte OPUS, ces petits voleurs de la STM profitent de tout un système de transport collectif financé par les contribuables et les usagers payeurs.
Dans le métro, par exemple, ils sont nombreux à simplement sauter la barrière du guichet ou encore à se faufiler furtivement entre les branches métalliques amovibles d’un tourniquet. La technique est d’ailleurs fort simple et connue de tous : baisser légèrement le barreau supérieur du moulinet ferré, exécuter un agile mouvement du bassin vers l’avant, et hop! vous y êtes. Vous êtes maintenant de l’autre côté de l’entrée payante et avez pleinement accès au métro, dans toutes les directions, la ligne de la couleur de votre choix, et ce, gratuitement. Rien de plus facile. Un jeu d’enfant.
Ce vol de services dans le métro est si fréquent que, comme usager, on peut aisément apercevoir trois ou quatre personnes passer illégalement chaque fois qu’on y accède, en validant notre carte OPUS à l’entrée. Et nous ne faisons que passer. Imaginez si l’on y passait la journée.
C’est tellement facile d’accéder frauduleusement aux véhicules de la STM que le nombre d’usagers non-payeurs dépasse le million de signalements par année. En 2023, « la STM a enregistré 1,2 million de signalements pour non-validation de titres de transport dans les autobus et le métro », soit « une hausse de 13% par rapport à 2019 ». Et ces données incomplètes sont loin de représenter la réalité sur le terrain, puisqu’il s’agit seulement des signalements observés par des chauffeurs d’autobus et des employés de station de métro. Tous ces passages à la dérobée ne sont ni vus ni signalés par les employés. La STM parle d’ailleurs d’un véritable « fléau » sur l’ensemble du réseau.
Ces petits voleurs de la STM sont nombreux à utiliser des services de transport collectif sans jamais payer leur part, profitant ainsi d’un large service de transport collectif financé par la société. Or, comme on le sait, les sociétés de transport collectif au Québec éprouvent déjà de graves difficultés financières depuis la pandémie. Et même si on dénote une hausse de 21% de l’achalandage en 2023 par rapport à 2022 à la STM, on est encore loin du taux de fréquentation prépandémique. On peut l’imaginer, une société de transport collectif est une complexe « fougère » à gérer.
De meilleurs contrôles s’imposent donc, par une présence continue de constables et la remise de constats salés pour non-paiement de titre de transport (ces frais peuvent s’élever jusqu’à 500$) afin d’endiguer ce fléau. Certes, faire payer les usagers non-payeurs qui usurpent des services de transport collectif à la semaine ne comblera pas le manque à gagner ni ne règlera tous les problèmes financiers de la STM. Mais une partie de l’argent se trouve là. Ces pertes financières sont loin d’être négligeables. Et ce serait toujours ça de récupéré, non ?
Car, d’une part, il y a un pernicieux effet d’entraînement. Ces actes répréhensibles sont si communs et visibles, et apparemment sans aucune conséquence, que cela provoque une réaction en chaîne. Si tout le monde le fait, fais-le donc ! D’autre part, par ces comportements frauduleux au vu et au su de tous, ces voleurs de la STM ouvrent la voie à d’autres comportements indésirables dans le métro de Montréal, le nombre d’incivilités ayant lui aussi augmenté depuis la pandémie comme, entre autres, l’arrogant et abominable vapotage.
C’est la rentrée des classes, le retour des wagons et des bus bondés. Il est temps de resserrer la vis aux usagers non-payeurs de la STM par une présence accrue de constables sur l’ensemble du réseau, tant à l’entrée du métro, sur les quais d’embarquement que dans les véhicules afin d’assurer un meilleur contrôle des billets validés, comme cela se fait dans plusieurs villes du monde entier. Cela aurait également l’avantage de mettre un peu d’ordre dans les véhicules de la STM, d’envoyer un message clair aux usagers, payeurs comme non-payeurs, que la récréation postpandémique est maintenant terminée et enfin réduire les nombreuses incivilités dans le métro et les autobus de la Société de transport de Montréal.
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Photo : Sylvie Marchand, station de métro Jean-Talon, Montréal, juillet 2024.