MOI et toujours MOI
Cette fois, c’est la carte « moi » qui est arrivée, depuis le mois de mai dernier, sur le marché nombriliste, ultracapitaliste et individualiste de notre société, un programme de fidélité permettant d’accumuler des points chez différents marchands. Métro et moi. Johnny Coutu et moi, etc. Oui, moi. Toujours moi.
« Je ne pense qu’à moi », nous lance fièrement une comédienne/humoriste dans l’une des nombreuses publicités. « Un cadeau de moi à moi », nous confie un autre. Mais quelle stupidité.
Et c’est sans oublier les multiples affiches publicitaires qui pullulent un peu partout dans la ville :
« Salut, c’est moi »
« La nouvelle révélation, c’est moi »
« La plus grosse vedette, c’est moi »
« Même Montréal trippe sur moi »
« Moi, un programme qui me ressemble »
Aïe, aïe, aïe que vous êtes pathétiques, bande de narcissiques.
Mais les « marketeux » et les gestionnaires, eux, jubilent et jouissent, en plus d'encaisser d'importants profits. Que de belles phrases égocentriques pour un concept totalement XXIe siècle de cette société MOI-MOI-MOI. Car cette pub n’est en fait qu’un symptôme d’un grand trouble dont souffre notre société actuelle. Elle n’en est que le reflet.
MOI comme dans mon petit nombril. MOI comme dans individualisme à tout prix. MOI comme dans « non, je ne fais pas et ne ferai aucun compromis ». C’est MOI qui règne ici, jusqu’à la fin des temps qui approche grandement.
Nous disparaîtrons tous en raison de cette surconsommation de produits inutiles qui donnent de maigres points, tout en restant fidèles à des magasins. Non, nous ne sommes pas sortis du bois qui brûle pourtant violemment - Survivrons-nous à cette ère narcissique ? (Le Devoir, 21 août 2021).
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Image : capture d’écran du site Internet de Métro