Passer au contenu principal

Le futur est féministe ?


En 2017, le slogan apparaissait un peu partout durant les différentes manifs du mouvement #MeToo (#MoiAussi) aux États-Unis : « The future is female ». Tranquillement pas vite, la formule a fait son chemin, a été reprise ici et là, et déclinée sous diverses formes, comme « The future is feminist ». 

Tous ces slogans ont évidemment été traduits ici, entre autres, « Le futur est féministe ». Il existe même un livre, des t-shirts, des camisoles, des macarons, des banderoles, d’innombrables pancartes, etc. portant ce soi-disant brillant slogan. Ben voyons donc. Arrêtez-moi ça maintenant ! 

Ce n’est pas le futur, mesdames et messieurs, qui est ou qui sera féministe, c’est le présent. C’est aujourd’hui (et même hier), bref, c’est maintenant. « NOW is feminist », baby. Oui, « Maintenant est féministe », ma chérie. Il faut parler au temps présent, bon sang, s’exprimer et exiger maintenant. 

Faut cesser de demander pour demain. C’est maintenant que ça se passe - pas dans mille ans, pas dans cent ans, pas dans dix ans, maintenant. Ça fait déjà trop longtemps qu’on attend. 

Ça fait déjà trop longtemps que des femmes, partout à travers le monde, militent pour les droits de toutes les femmes. Pour que les femmes soient considérées, une fois pour toutes, égales aux hommes, traitées comme des êtres humains à part entière, pour qu’elles aient les mêmes possibilités, les mêmes chances, les mêmes opportunités, reçoivent le même traitement. 

Et ça, ce droit fondamental des femmes de décider pour elles-mêmes, d’être maîtres et maîtresses de leur corps, de leur santé, de leurs choix de vie, ça se passe aujourd’hui. Pas demain, not tomorrow, ni mañana. Maintenant. 

Parce que sinon, on le sait très bien depuis longtemps, on l’observe depuis la nuit des temps, ça ne se passera jamais. Ça demeurera toujours des vœux pieux, sans cesse remis en question ; on pourrait même subir de sérieuses régressions. Toujours, les femmes sont et seront les premières à perdre des acquis. Voyez entre autres ce qu’il se passe depuis quelque temps, tant en Afghanistan qu’aux États-Unis – assez désunis, merci. 

Et en plus, au Québec, c’est justement un mautadit bon moment pour se faire entendre – vous me direz que c’est toujours le temps de prendre la parole, certes –, mais là, on est à quelques mois seulement des élections. Cela signifie, dans notre pays démocratique, que les électrices et les électeurs auront bientôt le gros boutte du bâton. C’est donc un excellent moment pour les femmes, d’ici le 3 octobre prochain, de se faire entendre. La balle est clairement dans le camp des femmes et, dans ce contexte, on trouvera toujours des alliés. 

C’est le temps de s’organiser, mesdames. C’est le temps de négocier, de manifester, de revendiquer, d’exiger, somme toute, de brasser la baraque à la CAQ qui trône toujours dans les sondages. C’est encore et toujours le temps de sortir nos pancartes et de sans cesse marteler le même message : Maintenant est féministe. 

----- 

Photo : Sylvie Marchand, « I am not afraid », art de rue sur le « chic Plateau français », Montréal, avril 2022.

Messages les plus consultés de ce blogue

Les fausses belles femmes

Après les Femmes poupées, femmes robotisées , voilà maintenant de fausses belles femmes dans un factice concours de beauté. Totalement artificielles, ces femmes, vous comprenez, ces différentes images ayant été générées par l’intelligence artificielle (IA) - (lire  Miss AI - Un podium de beauté artificielle ). Pour faire simple, il s’agit en réalité d’une vraie compétition toute féminine de la plus belle fausse femme créée par des hommes. Vous me suivez ? Non, on n’arrête pas le progrès. Ce sont majoritairement des hommes qui se cachent derrière la fabrication de ces images de fausses femmes. Des créateurs masculins qui passent sûrement d’innombrables heures devant un écran d’ordinateur à créer la femme idéale (ou de leurs rêves, allez savoir), à partir, on s’en doute, de leurs désirs, fantasmes, idéaux et propres standards de beauté – la beauté étant dans les yeux de celui qui regarde évidemment. Une beauté exclusivement physique, rappelons-le.  Même le jury est artificiel – ...

Mobilité vs mobilisation

On aime parler de mobilité depuis quelques années. Ce mot est sur toutes les lèvres. C’est le nouveau terme à la mode. Tout le monde désire être mobile, se mouvoir, se déplacer, dans son espace intime autant que possible, c’est-à-dire seul dans son char, ou encore dans sa bulle hermétique dans les transports collectifs, avec ses écouteurs sur la tête, sa tablette, son livre, son cell, des gadgets, alouette. On veut tous être mobile, être libre, parcourir le monde, voyager, se déplacer comme bon nous semble. On aime tellement l’idée de la mobilité depuis quelque temps, qu’on a même, à Montréal, la mairesse de la mobilité, Valérie Plante. On affectionne également les voitures, les annonces de chars, de gros camions Ford et les autres - vous savez, celles avec des voix masculines bien viriles en background - qui nous promettent de belles escapades hors de la ville, voire la liberté absolue, l’évasion somme toute, loin de nos prisons individuelles. Dans l’une de ces trop nombre...

Pour en finir avec Cendrillon

Il existe de nombreuses versions de « Cendrillon, ou, la Petite Pantoufle de verre », comme Aschenputtel,  ou encore « Chatte des cendres »... passons. Mais celle connue en Amérique, voire dans tous les pays américanisés, et donc édulcorée à la Walt Disney, est inspirée du conte de Charles Perrault (1628-1703), tradition orale jetée sur papier à la fin du 17 e  siècle. D'ores et déjà, ça commence mal. En 2015, les studios Walt Disney ont d'ailleurs repris leur grand succès du film d'animation de 1950, en présentant  Cinderella  en chair et en os, film fantastique (voire romantico-fantasmagorique) réalisé par Kenneth Branagh, avec l'excellente Cate Blanchett dans le rôle de la marâtre, Madame Trémaine ( "très" main , en anglais), généralement vêtue d'un vert incisif l'enveloppant d'une cruelle jalousie, Lily James, interprétant Ella (elle) dit Cendrillon (car Ella dort dans les cendres, d'où le mesquin surnom), Richard Madden, appelé Kit ...

« Femme Vie Liberté » Montréal 2024 (photos)

Deux ans après la mort de Mahsa Amini, décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour le port « inapproprié » de son voile, le mouvement iranien « Femme Vie Liberté » se poursuit...  ----- Photos  : Sylvie Marchand, Montréal, 15 sept. 2024  À lire  :  Malgré la répression, de nombreuses Iraniennes ne portent pas de hijab ( La Presse , 14 sept. 2024)  Iran : deux ans après la mort de Mahsa Amini, la répression « a redoublé d’intensité » (Radio-Canada, 15 sept. 2024)

Je me souviens... de Ludmilla Chiriaeff

(photo: Harry Palmer) La compagnie de danse classique, les Grands Ballets canadiens, a été fondée par une femme exceptionnelle qui a grandement contribué à la culture québécoise, Ludmilla Chiriaeff (1924-1996), surnommée Madame. Rien de moins. Femme, immigrante, visionnaire Née en 1924 de parents russes à Riga, en Lettonie indépendante, Ludmilla Otsup-Grony quitte l’Allemagne en 1946 pour s’installer en Suisse, où elle fonde Les Ballets du Théâtre des Arts à Genève et épouse l’artiste Alexis Chiriaeff. En janvier 1952, enceinte de huit mois, elle s’installe à Montréal avec son mari et leurs deux enfants – elle en aura deux autres dans sa nouvelle patrie. Mère, danseuse, chorégraphe, enseignante, femme de tête et d’action, les deux pieds fermement ancrés dans cette terre d’accueil qu’elle adopte sur-le-champ, Ludmilla Chiriaeff est particulièrement déterminée à mettre en mouvement sa vision et développer par là même la danse professionnelle au Québec : « Elle p...