Jusqu’à hier, je n’avais jamais entendu parler de Rod le Stod (Thank God). Et non, je n’ai pu regarder cette vidéo, cette ridicule « danse de confinement » jusqu’à la fin, tant ma mâchoire, complètement décrochée, et mon cœur, déjà lourd, me pesaient.
Dès le début de cette crise sanitaire, contrairement à plusieurs de mes concitoyens, je n’ai pas su apprécier le glorieux personnage qu’est le Dr Horacio Arruda, directeur de la santé publique au Québec. Et depuis le fameux « ça n’a pas de crisse de bon sens » en fait, fallait s’attendre à ce que ça dérape facilement, et surtout, très rapidement.
Faut croire que la popularité, le vedettariat, le fait d’être propulsé subitement dans l’espace public via la télévision montent particulièrement vite à la tête, même des scientifiques, c’est-à-dire des êtres prétendument logiques, rationnels, pragmatiques, réalistes et terre à terre.
D'autant plus que M. Arruda souffre d’un sérieux besoin d’attention constante, médiatique depuis quelque temps, criant et chantant ici et là apparemment, et tout ça, cette soudaine adulation des Québécois, a gonflé son ego déjà surdimensionné.
Car le rêve de M. Arruda, lorsqu’il était gamin, selon l’article d’Alec Castonguay dans L’actualité, était de faire du théâtre. Et voilà que cette pandémie s'avère être pour lui une belle opportunité de briller, d’être enfin une star, la vedette qu’il a toujours rêvé d’être, d'incarner, en plus d’avoir enfin une scène à lui. En pleine crise sanitaire sans précédent, il réalise finalement son rêve, y trouve son compte, devant des caméras qui le suivent sans cesse et des kodaks qui mitraillent ses moindres gestes et mouvements.
Et partout où il passe, qu’importe le sérieux ou le dramatique de la situation, il est en parfaite représentation, se donne superbement en spectacle, déploie son plumage et ses attributs comme un paon. Non monsieur, il n’est pas peu fier de lui en ce moment, et ses fans, ses covidiots-d’Horacio en redemandent. Alors, chaque fois, complètement déconnecté de la lourde réalité qui l'entoure, il en rajoute une couche, faisant un peu plus un fou de lui-même, un piètre bouffon, un personnage décadent.
Le plus horripilant dans cette danse de l’inconscience absolue est sans contredit l’absence totale de compassion, d’empathie ou même juste de considération envers les familles endeuillées – des milliers de personnes sont décédées de la COVID-19 au Québec jusqu'à présent, vous vous souvenez ? – tout comme le manque d’égard envers le personnel soignant au front, sans doute épuisé, exténué, mettant chaque jour leur propre vie en danger. Pour un gars nouvellement flanqué d'une firme de relations, faudrait lui enseigner la notion de timing.
Car présentement l’heure est grave, et le ton léger de cette mise en scène, alors que des drames éclatent partout, est une insulte à toutes celles et ceux qui, en ce moment, angoissent.
Entendez-vous, M. Arruda, la détresse du monde qui gronde en ce moment ? Sentez-vous, vous aussi, le stress qui monte, les catastrophes qui se dessinent, les drames humains qui se déploient en silence ? Car cette crise est loin d'être terminée, vous savez. On dansera après, si vous le voulez bien, lorsqu'on aura enfin un vaccin.
Cette danse de confinement est tout simplement une danse de cons.
Et rappelons-nous à nouveau que, si une femme, une certaine directrice de la santé publique se comportait ainsi depuis le début de cette crise, elle aurait pour sa part été malmenée, tant par les médias que la population en général, se scandalisant tous que… ça n’a juste pas de crisse de bon sens !