Les jours passèrent et se ressemblèrent péniblement, avec, toujours, ce merdique sentiment d’impuissance au ventre qui vous rogne l’âme, l’espoir et ce reliquat de survie.
Puis est arrivé vendredi. Vendredi 15 mars, oui. Enfin, « un peu d’air pur dans toute cette marde », comme dirait Falardeau.
« So-so-so, solidarité ! Sau-sau-sau, sauvons la planète ! »
Ils sont beaux, ces jeunes, tout de même. Beaux, sensibilisés, informés, concernés. Ils ont aussi beaucoup d’énergie. Jamais je n’avais vu une manif avancer si vite. Leurs pas étaient fermes, rapides, déterminés. Presque militaire, cette marche, mais dans la gaieté, la joie, les cris. Tassez-vous de d’là, ils arrivent.
Des dizaines de milliers d’étudiant-es, des profs, des parents, des citoyennes et des citoyens du monde, et même des touristes, ont joint ce mouvement, cette marche mondiale pour le climat. Beaucoup de jeunes, cela va sans dire, des moins jeunes aussi et des pas mal moins jeunes également. Des francos, des anglos, des allos. Ça souriait, tout ce beau monde semblait fort content d’être là. Fuck toute, à commencer par l’école, c’est l’heure de la manif...
« On a fait nos devoirs. À vous de faire les vôtres », disait une pancarte. Une autre, elle : « Refroidissons le réchauffement » - bonne idée. Et puis, « Il n’y a pas de planète B », « Urgence climatique et sociale – Urgence mondiale », et j’en passe, des vertes et des vraiment mûres.
Les slogans volaient de partout et de plus bel, les décibels dans le tapis. Ça scandait par groupuscules. Ça criait, man, ça criait, et pas à peu près. Ils ont de la voix, les jeunes : « À qui la rue ? À nous la rue ! » … « À qui la Terre ? À nous la Terre ! » … « Crions plus fort pour que personne ne nous ignore ! » … « So-so-so, solidarité ! Sau-sau-sau, sauvons la planète ! » … Amenez-en des projets, ils en ont plein. Ils sont prêts à changer le monde, eux, les pancartes griffonnées sur carton recyclé et vieilles affiches électorales entre les mains.
Une marée humaine, oui, c’est ce que j’ai vue. Une vague humaine parsemée de chiens ici et là - « Oh ! ’Ga le beau pitou ! » -, des policiers aussi (non, non, pas de mauvais jeux de mots ici), des gens costumés, des originaux, un gars avec son masque à gaz, d'autres en bicycles, un en monocycle, des chevaux aussi - oui, oui, la police montée fermait la marche avec sept gigantesques et superbes bêtes noires - « Oh ! J’veux un cheval aussi ! » Il y avait également quelques politiciens, et une couple d’« espions », ces gens qui infiltrent les manifs, mais passons.
Et puis, à un moment donné, toé Chose, le bouchon… « Qu’est-ce qui se passe, messieurs ? C’est qui, au juste, qui est là ? », demandais-je à deux hommes qui observaient la scène avec intérêt depuis un certain temps.
Eh bien, savez-vous qui est devenue une méga-vedette auprès des jeunes, causant un énorme bouchon sur Berri, juste en face de la gare centrale, pu moyen d’avancer ??
(Roulement de tambour svp…) Manon Massé ! Oui, je vous le dis, Manon Massé, la superstar.
Vous souvenez-vous de l’époque durant laquelle, dans le Centre-Sud, ses pancartes étaient constamment vandalisées, et elle, ridiculisée ? Moi si. J’habitais le quartier. J’ai même déjà marché avec elle sur St-Denis, en jasant tout bonnement de choses et d’autres, personne n’avait interrompu la conversation. Aujourd’hui, c’est autre chose. Elle en a fait du chemin, depuis, Mme Massé, ses gardes du corps à ses côtés.
Et en observant ces jeunes criant d’extase autour d’elle, prenant des selfies, les décibels toujours dans le tapis, j’ai pensé : « Hum… Plusieurs de ces jeunes voteront aux prochaines élections. Ça sent la prochaine vague orange… Ça sent le tsunami ? »
Mais peut-être était-ce simplement ces minces rayons du soleil qui me tapaient sur la tête, provoquant par-là même de soudaines hallucinations olfactives… « On verra, on verra », comme dirait l'autre.
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Fil de presse...Marée humaine pour le climat dans les rues de Montréal
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De Paris à Montréal…
13 pancartes drôles…
Documentaire Reconquérons notre avenir de Mario Jean.
Vidéo « Crions plus fort pour que personne ne nous ignore » du Devoir.