Ce court texte, écrit et envoyé à un journal à la mi-février, et puis à un autre (quelque peu modifié), alors que des profs à Montréal décidaient de joindre le mouvement étudiant pour la grève pour le climat, n’a jamais été publié – refusé, ignoré, snobbé, qu’en sais-je. Je le publie donc ici, en soutien à « [t]ous ces rassemblements [qui] mettent la table pour la "grève du climat", le 15 mars prochain », avec, en prime, une belle citation de Thoreau. Vous savez à quel point j’aime les citations de rebelles, d’anarchistes, de féministes, de marginaux et les autres.
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Le 15 mars prochain, ce ne sont pas seulement les étudiantes, les étudiants, les enseignantes et les enseignants qui doivent débrayer et manifester, c’est le peuple entier… Deboutte, viarge !
À qui la rue ? À nous, la rue !
C’est maintenant ou jamais qu’il faut s’enlever la tête du sable, métamorphoser l’apathie en mouvement, se lever et prendre la rue, en tant que peuple uni, réuni, rassemblé en un même corps… afin d’exiger du gouvernement caquiste qu’il entame tout de suite la nécessaire transition énergétique.
Les années sont non seulement comptées, mais les heures se transforment chaque jour en précieuses minutes qui passent inutilement à discuter de choses et d’autres, parfaitement futiles s’entend, comme les « beaux programmes » insignifiants à la télévision, les Canadiens, et j’en passe, pendant que les espèces animales, nous compris, sommes en péril.
Urgence. Voilà un mot qui ne veut plus rien dire, apparemment. On l’a sans doute trop entendu, au cours des dernières années, et même décennies. À lui seul, ce mot n’a plus aucune signification ni portée. En soi, cela ne fait plus aucun sens.
Ça fait trop longtemps qu’on parle de « l’urgence d’agir ». Or qu’est-ce qu’on a vu, depuis des lunes, si ce n’est que de l’inaction, de la mollesse gouvernementale et les intérêts du privé passant devant ceux de la collectivité, somme toute, de la petite survie à court terme, politique, sociale, humaine, piètre et terne.
Ce n’est pas la planète qu’il faut sauver, c’est nous-mêmes, l’espèce humaine et la vie sur Terre. Ce sont nos propres désordres qu’il faut révolutionner, nos manières d’agir, de consommer, de jeter, de se transporter, et le reste. La planète, elle, pourra très bien survivre sans nous, après tout.
Alors deboutte, peuple. Fini d’être à genoux !
Faut cesser de croire à l’arrivée d’une solution miracle, d’une quelconque délivrance, quelles que soient nos croyances, nos allégeances, nos différences comme nos différents. C’est maintenant qu’il faut agir, concrètement, marchant ensemble pour la vie, l’avenir, les générations à venir.
Car une chose est certaine, personne ne viendra nous sauver. Ni Superman, ni le Rédempteur, ni le prince charmant (eurk), ni aucun politicien d’ailleurs ou même vedette. C’est à nous, le peuple, citoyennes et citoyens du monde, d’exiger un vrai changement, maintenant. Oui, je crois encore au pouvoir citoyen, pas vous ?
Le 15 mars prochain, donc, marchons ! C’est le temps ou jamais. L’heure est solennelle. Peuple, deboutte !
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« On tergiverse, on exprime des regrets, parfois on signe des pétitions; mais on ne fait rien de sérieux ni d’effectif. On attend avec complaisance que les autres remédient au mal pour ne plus avoir à le déplorer. »
Henry D. Thoreau, La désobéissance civile