Près d'un million de Québécois.e.s souffriraient du syndrome du côlon irritable, affectant plus de femmes que d'hommes. Les colons et les côlons ont de quoi s'irriter. Gratuits les services de santé? Pas vraiment.
Frais cachés et service expéditif
La tension monte chez les indigents, et cet austère stress n'est pas sans affecter le premier grand centre intelligent du corps humain, l'intestin, et par le fait même sa fonction primaire, la digestion. (À ce propos, consultez Les deux cerveaux du corps humain.)
Si vous avez besoin de passer un examen du côlon, en plus d'attendre des mois, il vous faudra de l'argent. Pour illustrer, à l'hôpital de Verdun, les règles sont les suivantes. D'abord, vous devez vous procurer les produits nécessaires avant l'examen, disponibles en vente libre à la pharmacie du coin, non-couverts par l'assurance-maladie ou l'aide sociale. Coût estimé? 35$
Deuxième exigence, vous devez quitter l'hôpital tout de suite après l'examen. Puisqu'il s'agit, dans cet hôpital, d'une procédure sous anesthésie, vous devez obligatoirement être accompagné. Si aucun de vos proches ne possède de voiture - les pauvres fréquentent habituellement d'autres pauvres -, l'hôpital de Verdun exige alors que vous preniez un taxi, « sinon on annule le rendez-vous », c'est la règle.
Est-ce possible de rester à l'hôpital jusqu'au rétablissement de ses facultés pour ensuite repartir en transport en commun? La réponse est un NON ferme. « On n'a pas de place pour vous ici. » Vous devez quitter les lieux tout de suite après l'intervention. Hum... Est-ce un hôpital ou un centre d'expédition?
Si vous vivez sous le seuil de la pauvreté, vous n'avez évidemment par les moyens de payer un taxi, estimé, dans ce cas-ci, entre 40$ et 50$ .
- Vous refusez le traitement madame?
- Euh... non, je ne refuse pas le traitement. Je suis dans l'incapacité de remplir ces deux conditions, madame, vous comprenez? Je n'ai l'argent ni pour les produits ni pour le taxi. Je paye le loyer ou je passe un examen médical, dites-moi?
- On peut vous donner les produits. Vous devez venir les chercher.
- Mais ça ne règle pas le problème de transport...
- J'inscris donc à votre dossier que vous refusez le traitement, madame. Arrangez-vous avec votre médecin.
Et vlan! Vous retombez au bas de la liste d'attente. Merci bonsoir.
On pourrait également souligner au passage le manque de compassion dans la voix de la dame, mais à quoi bon, elle-même travaille dans des conditions merdiques, voire foireuses.
Les colons et colones ont tout intérêt à se mobiliser en vue des prochaines élections. L'irritation monte, l'indignation aussi.