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Interdire le niqab au Québec


Le ministre de l’Éducation Bernard Drainville veut réviser les règles sur le port de signes religieux dans les écoles. Promettant « d’agir fortement » conjointement avec le ministre de la Laïcité, Jean-François Roberge, le ministre Drainville envisage même d’élargir l’interdiction du port de signes religieux à d’autres professions. C’est très bien. Mais qu’en est-il du militantisme religieux provenant des étudiants eux-mêmes ?  

Laïcité, entrisme religieux et militantisme islamique

Légiférer et encadrer les pratiques des enseignants et d’autres professionnels à l’intérieur des établissements d’enseignement est une chose, mais il ne faudrait surtout pas négliger ni ignorer l’autre côté de la médaille de cet entrisme religieux qui gangrène présentement nos écoles et nos institutions laïques, et qui implique directement les élèves et les étudiants. Car il y a bel et bien des étudiants qui font des demandes pour des salles de prière, ou encore qui arborent des vêtements religieux ostentatoires. 

En décembre dernier, plus de 60 professeurs de cégep signaient une lettre commune dans La Presse « mettant en garde contre la montée de la pensée dogmatique ». Ces enseignants sont des témoins directs de ce militantisme islamique : 

« Comme enseignants du réseau des cégeps, nous sommes témoins de la multiplication des manifestations de la pensée dogmatique, qui réfute la validité du doute critique et scientifique, ainsi que celles de la mixité et de l’égalité. Cela est encouragé par des accommodements qui compromettent la séparation laïque entre les cégeps et les organisations religieuses, tels que l’aménagement de locaux de prière, et par des pratiques qui favorisent l’effacement public de la femme, comme le port du niqab, dont l’accommodement contraint les enseignants masculins à demander à une collègue féminine d’identifier leurs étudiantes. » 

Et sous quel prétexte, au juste, accommodons-nous ces étudiantes si le port du voile intégral couvrant tout le visage est, selon le ministre Drainville, « contraire à la loi » ? 

Habitant pour ma part à proximité d’un cégep à Montréal, je croise chaque semaine et vois de mes propres yeux ces jeunes femmes qui portent un niqab (voile intégral couvrant tout le visage à l’exception des yeux) et autre vêtement religieux ostentatoire. Et contrairement à ce que plusieurs croient, leur choix vestimentaire ne relève aucunement de la soumission (à un parent ultrareligieux, par exemple), mais bien d’un militantisme religieux, en l’occurrence islamique. Sur ce même chemin menant au cégep, il n’est pas rare non plus d’entendre des groupes de jeunes hommes criant fièrement « Allah akbar! ». En forte croissance, ces pratiques sont inquiétantes, voire alarmantes. 

L’entrisme religieux, en l’occurrence islamique, n’est pas seulement l’affaire d’un noyau de professeurs (d’origine maghrébine et de confession musulmane, par exemple, comme à l’école Bedford) en position d’autorité, mais aussi d’une poignée d’élèves et d’étudiantes qui, à l’intérieur même des murs de nos institutions laïques, agissent comme des chevaux de Troie en défiant nos règles et nos lois, en demandant des accommodements déraisonnables de toutes sortes (salles de prière, congé religieux, nourriture halal, etc.) ou encore en portant des vêtements religieux ostentatoires comme un voile islamique (hidjab, abaya, khimar, niqab, tchador, etc.). 

Depuis quelques années maintenant, un peu partout dans nos espaces publics à Montréal, nous observons non seulement une multiplication et une banalisation du port du voile islamique (hidjab), mais aussi une prolifération du port de vêtements religieux intégraux. Rappelons que ces vêtements religieux servent essentiellement à stigmatiser les femmes, à effacer leur corps dans l’espace public. Par ailleurs, quelle femme, au Québec, doit nécessairement porter un niqab pour sortir de chez elle et déambuler en public ? Si ce n’est par militantisme religieux, on aimerait connaître ses motifs. 

Les Québécoises et les Québécois ont choisi la laïcité comme valeur fondamentale de notre société et de nos institutions, de même que l’égalité entre les femmes et les hommes. Et, malheureusement, les religions, leurs lois et nombre de valeurs religieuses sexistes sont incompatibles avec les revendications féministes, en plus de nier l’égalité entre les sexes. 

Et c’est précisément pour toutes ces raisons, comme société laïque et égalitaire, que nous devons élargir la Loi 21 sur la laïcité de l’État au plus vite. Nous devons resserrer les règles, s’assurer de leur application et interdire une fois pour toutes le port de vêtements religieux ostentatoires à toutes les personnes qui fréquentent nos institutions publiques ; enseignants, employés, élèves et étudiants. 

Vivre au Québec est un privilège. Et avec tout privilège viennent aussi des responsabilités. Tous les nouveaux arrivants comme tous les citoyens québécois doivent respecter les règles, les lois et les valeurs québécoises, à commencer par l’égalité entre les hommes et les femmes.


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