Avant le retour des talibans, en août 2021, il y avait un Secrétariat d’État aux femmes à Kaboul, en Afghanistan. Mais peu de temps après le débarquement de ces extrémistes islamistes intégristes armés, celui-ci fut sauvagement remplacé par le « Ministère du Vice et de la Vertu » – autant dire le ministère de l’oppression des femmes, du sexisme et de la misogynie. Un enfer sur Terre pour toutes les femmes.
Depuis la prise du pouvoir par ces fanatiques, les droits des Afghanes ont complètement disparu. Les femmes ont été chassées des écoles, des universités et de tous les milieux de travail autrefois possibles. Ces femmes n’ont plus le droit de sortir seules, de conduire une voiture, ni même de pratiquer des sports. Elles sont persécutées parce qu’elles sont femmes, tout simplement. Selon les talibans, ces hommes d’un autre temps, les hommes et les femmes ne peuvent œuvrer et évoluer dans le même espace, la « pureté » des femmes en dépend. C’est insupportable à entendre.
Tout cela semble bien loin de notre réalité – nous, qui, au Québec, avons choisi d’extirper la religion catholique de l’État, de séparer clairement les pouvoirs religieux et étatique, tenant ardemment à la laïcité de l’État. Toutefois, il n’y a qu’à visionner le documentaire Comme tu es belle ! Avoir 20 ans en pays taliban (disponible gratuitement sur Télé-Québec) pour nous transporter dans ce monde cauchemardesque que subissent les Afghanes depuis maintenant trois ans. Épouvantable.
Réalisé par les journalistes françaises Margaux Benn et Solène Chalvon Fioriti, ce documentaire nous entraîne dans la terrible réalité de Sofia et Niguina, deux jeunes femmes remplies de désirs, d’ambitions et de rêves qui, en août 2021, voient leur avenir et les possibilités s’effondrer cruellement à l’horizon. Lorsque ces fanatiques ultrareligieux débarquent en ville, Sofia et Niguina travaillaient alors dans un salon de beauté, tout en poursuivant leurs études et leurs activités. Malgré les efforts de nombreuses femmes pour protéger cet ultime espace de liberté, tous les salons de beauté furent fermés par les talibans en 2023.
Alors que les femmes sont de plus en plus confinées à la maison par les talibans, Sofia et Niguina tentent de leur côté de tenir le coup, de poursuivre leurs études universitaires, d’obtenir un permis de conduire et de se bâtir un avenir. Mais tout s’arrête abruptement et devient impossible.
Ce film touchant nous dévoile l’invivable répression que subissent les Afghanes dans un monde brutalement machiste où le contrôle abusif, l’oppression, les restrictions et la peur deviennent le lot des femmes au quotidien. Que peuvent faire ces femmes devant toute cette haine qu’on leur crache au visage ?
Pour Sofia et Niguina, la seule solution possible est de partir, de quitter leur pays, leur terre natale, leur « Kaboul sale ». Voilà leur ultime chance de s’en sortir et, possiblement, de trouver un avenir meilleur, ailleurs. On les suit donc dans leur quête et leur fuite, dans leur parcours respectif. Et même si elles réussissent à s’enfuir, à quitter leur pays, c’est triste pour mourir. Car quelle femme a envie de quitter précipitamment son pays natal, d’abandonner sa langue maternelle, sa culture et ses proches, tout simplement pour avoir accès à une vie normale, comme femme, dans un pays étranger ?
Il n’y a pas à dire, avoir 20 ans au pays des talibans est un drame. Mais ça l’est aussi pour toutes ces femmes restées derrière, pour toutes ces Afghanes qui n’ont nulle part où aller ni les moyens et qui vivent cet enfer au quotidien, quel que soit leur âge.
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Image : capture d'écran