Passer au contenu principal

L'Homme avec sa grosse hache


J'ai tenté de plonger avec bonheur philosophique dans le documentaire, dit « docutopique », La possibilité d'être humain (2014), réalisé par les français Pablo Girault et Thierry Kruger, portant sur les changements de société depuis l'industrialisation, la surconsommation et la perte de sens du travail. Même que d'entrée de jeu, on remettait en question « l'Homme avec sa grosse hache » de destruction. Ataboy, sortez le popcorn.

Pourtant, à la fin de ce machiste documentaire de 75 minutes, je voyais rouge. Au point tel que j'allais m'ouvrir un compte sur Facebook expressément pour envoyer un message de bêtises - à caractère hautement féministe - aux deux réalisateurs, mais j'ai finalement décanté ma colère avec un verre de rouge. Fuck Facebook.

Pas une seule femme dans le film! Je répète, pas une seule. Vous croyez que j'exagère? Explorez la liste du chic casting intellectuel exclusivement masculin. Une femme apparaît, oui, aux cotés d'un homme qui parle intelligemment, mais on ne lui demande jamais, précisément, ce qu'elle en pense, elle. Une citation d'une femme apparaît en cours de route, la belle affaire.

Comment peut-on traiter de la possibilité d'être humain en excluant la moitié de la population, 50% de l'espèce humaine en effet? Comment est-il possible de discuter du sens du travail sans demander l'avis aux femmes, qui en font, quel que soit le pays ou la nation, beaucoup plus que les hommes, non-rémunéré par surcroît? Mais c'est quoi ce « docutopique » à la con les mecs?!

Et que dire du machisme de nos cousins français? À titre d'exemple, dans une scène (hilarante je l'avoue), deux hommes du Sud s'engueulent - comme seuls nos cousins savent le faire- et l'un d'eux dit à l'autre: « Hey bien, j'fais c'que j'veux, moi monsieur! Vous, vous baisez votre femme comme bon vous semble dans votre maison... alors! » Tourné en 2014, je le répète.

Pour en finir avec l'Homme
Il y a belle lurette que je rage contre les « droits de l'Homme », « Terre des Hommes », et toutes ces appellations machistes. Même qu'un jour, après avoir souligné tous les mots Homme qui apparaissaient dans un livre à réviser à l'université, je me suis prise la tête avec la prof qui tentait de me convaincre: « c'est dans le sens philosophique qu'il faut l'entendre ». « Eh bien, les philosophes devraient eux aussi s'adapter », avais-je rétorqué, « on est au 21ième siècle... simonaque. »

La solution est d'ailleurs fort simple et à la portée de tous: les droits humains, ou de la personne, l'humain, l'humanité, l'être humain, l'organisme humain, les individus de l'espèce humaine, ou encore, comme l'avait fait Denis Villeneuve dans l'un de ses brillants films durant sa course autour du monde (Europe-Asie), portant sur des bibittes quelque part dans le désert, Les zumains. Why not coconut. Ça inclut tout le monde.

Car non, même dans le sens philosophique, on ne sent pas incluses, nous, les femmes, dans le mot Homme. Imaginez le contraire un seul instant (on a bien le droit de fabuler quelques secondes): les droits de la Femme, au nom de tous les humains. Jamais, au grand jamais, cela n'aurait pu se produire dans toute l'Histoire de l'Humanité.

Cri du coeur aux philosophes (et aux deux réalisateurs français): y'en a marre de l'Homme avec sa grosse hache.

Messages les plus consultés de ce blogue

Les fausses belles femmes

Après les Femmes poupées, femmes robotisées , voilà maintenant de fausses belles femmes dans un factice concours de beauté. Totalement artificielles, ces femmes, vous comprenez, ces différentes images ayant été générées par l’intelligence artificielle (IA) - (lire  Miss AI - Un podium de beauté artificielle ). Pour faire simple, il s’agit en réalité d’une vraie compétition toute féminine de la plus belle fausse femme créée par des hommes. Vous me suivez ? Non, on n’arrête pas le progrès. Ce sont majoritairement des hommes qui se cachent derrière la fabrication de ces images de fausses femmes. Des créateurs masculins qui passent sûrement d’innombrables heures devant un écran d’ordinateur à créer la femme idéale (ou de leurs rêves, allez savoir), à partir, on s’en doute, de leurs désirs, fantasmes, idéaux et propres standards de beauté – la beauté étant dans les yeux de celui qui regarde évidemment. Une beauté exclusivement physique, rappelons-le.  Même le jury est artificiel – ...

Les Grands Ballets canadiens et la guerre commerciale américaine

La guerre commerciale «  made in USA  » est commencée. De toutes parts, on nous invite à boycotter les produits et les services américains. Quoi ? Vous songiez aller en vacances aux États-Unis cette année ? Oubliez ça ! Il faut dépenser son argent au Canada, mieux encore, au Québec. Dans ce contexte, on nous appelle également à boycotter Amazon (et autres GAFAM de ce monde) ainsi que Netflix, Disney, le jus d’orange, le ketchup, le papier de toilette, etc. – nommez-les, les produits américains –, en nous proposant, et ce un peu partout dans les médias québécois, des équivalents en produits canadiens afin de contrer la menace américaine qui cherche ni plus ni moins à nous affaiblir pour ensuite nous annexer. Les Américains sont parmi nous  Pourtant, les Américains sont en ville depuis longtemps. Depuis 2013, en effet, les Grands Ballets canadiens de Montréal (GBCM) offrent une formation américaine ( in English, mind you , et à prix très fort qui plus est) sur notre territo...

Mobilité vs mobilisation

On aime parler de mobilité depuis quelques années. Ce mot est sur toutes les lèvres. C’est le nouveau terme à la mode. Tout le monde désire être mobile, se mouvoir, se déplacer, dans son espace intime autant que possible, c’est-à-dire seul dans son char, ou encore dans sa bulle hermétique dans les transports collectifs, avec ses écouteurs sur la tête, sa tablette, son livre, son cell, des gadgets, alouette. On veut tous être mobile, être libre, parcourir le monde, voyager, se déplacer comme bon nous semble. On aime tellement l’idée de la mobilité depuis quelque temps, qu’on a même, à Montréal, la mairesse de la mobilité, Valérie Plante. On affectionne également les voitures, les annonces de chars, de gros camions Ford et les autres - vous savez, celles avec des voix masculines bien viriles en background - qui nous promettent de belles escapades hors de la ville, voire la liberté absolue, l’évasion somme toute, loin de nos prisons individuelles. Dans l’une de ces trop nombre...

Pour en finir avec Cendrillon

Il existe de nombreuses versions de « Cendrillon, ou, la Petite Pantoufle de verre », comme Aschenputtel,  ou encore « Chatte des cendres »... passons. Mais celle connue en Amérique, voire dans tous les pays américanisés, et donc édulcorée à la Walt Disney, est inspirée du conte de Charles Perrault (1628-1703), tradition orale jetée sur papier à la fin du 17 e  siècle. D'ores et déjà, ça commence mal. En 2015, les studios Walt Disney ont d'ailleurs repris leur grand succès du film d'animation de 1950, en présentant  Cinderella  en chair et en os, film fantastique (voire romantico-fantasmagorique) réalisé par Kenneth Branagh, avec l'excellente Cate Blanchett dans le rôle de la marâtre, Madame Trémaine ( "très" main , en anglais), généralement vêtue d'un vert incisif l'enveloppant d'une cruelle jalousie, Lily James, interprétant Ella (elle) dit Cendrillon (car Ella dort dans les cendres, d'où le mesquin surnom), Richard Madden, appelé Kit ...

«Boléro» (2024), l’art de massacrer la danse et la chorégraphe

  Réalisé par Anne Fontaine ( Coco avant Chanel ), le film  Boléro  (2024) porte sur la vie du pianiste et compositeur français Maurice Ravel (Raphaël Personnaz) durant la création de ce qui deviendra son plus grand chef-d’œuvre, le  Boléro , commandé par la danseuse et mécène Ida Rubinstein (Jeanne Balibar). Alors que Ravel connait pourtant un certain succès à l’étranger, il est néanmoins hanté par le doute et en panne d’inspiration.  Les faits entourant la vie de Maurice Ravel ont évidemment été retracés pour la réalisation de ce film biographique, mais, étrangement, aucune recherche ne semble avoir été effectuée pour respecter les faits, les événements et, surtout, la vérité entourant l’œuvre chorégraphique pour laquelle cette œuvre espagnole fut composée et sans laquelle cette musique de Ravel n’aurait jamais vu le jour.  Dans ce film inégal et tout en longueur, la réalisatrice française n’en avait clairement rien à faire ni à cirer de la danse, des fai...