En entrevue avec la journaliste Nathalie Collard, la première co-porte-parole féminine de Québec solidaire (QS) Françoise David déclarait : « À ma connaissance, [QS] est le parti le plus à gauche en Amérique du Nord. Depuis sa fondation, il défend des principes féministes, écologiques, indépendantistes. Avec le temps s’est aussi ajoutée la défense des minorités. Ce sont les valeurs profondes de Québec solidaire qu’il porte encore. »
Cette affirmation était peut-être vraie à l’époque où Françoise David et Amir Khadir étaient à la tête du parti. Mais est-ce encore le cas aujourd’hui ?
Au-delà de la « crise » que traverse la formation politique orange ces jours-ci, rappelons que Québec solidaire s’est opposé à l’adoption de la loi 21 portant sur la laïcité de l’État en 2019. Cette loi est pourtant appuyée par une majorité de Québécois.
Mais Québec solidaire choisit sciemment d’ignorer le « bon peuple », l’appui populaire majoritaire sur cette question, afin de défendre une infime minorité de femmes et d’hommes potentiellement touchés par cette loi. Des membres de QS vont même jusqu’à juger cette loi « raciste ». Or, l’obligation d’une religion de couvrir les cheveux des femmes n’est-elle pas en revanche sexiste ?
En s’éloignant de la majorité non-silencieuse, Québec solidaire préfère encore célébrer la diversité et le multiculturalisme trudeauiste à tout prix, le parti de gauche se positionnant comme le Parti libéral du Québec. Qui l’aurait cru au début ? Mais pour éviter plus de controverse, la plateforme de QS demeura longtemps muette sur le sujet.
Pis encore, en 2022, Québec solidaire proposait « un virage à 180 degrés en matière de laïcité » en permettant le port de signes religieux « pour tout le monde ». Quelque trois mois avant les élections générales du 3 octobre 2022, en effet, Gabriel Nadeau-Dubois déclarait fièrement que si QS était élu, ce gouvernement « solidaire » allait « …permettre le port de signes religieux pour que tout le monde puisse travailler au Québec, peu importe ses croyances. »
Or, la réalité est que tout le monde peut travailler au Québec, quelles que soient leurs croyances. Seulement, vous ne pouvez pas œuvrer comme employés en position d’autorité au sein de l’État en affichant ouvertement votre appartenance à une religion, en portant des signes religieux. C’est ce qu’on appelle la séparation entre le pouvoir et les religions (généralement sexistes envers les femmes, rappelons-le). Et les Québécois tiennent ardemment à cette séparation claire entre les pouvoirs.
Mais étrangement, Québec solidaire n’en a rien à faire de la majorité populaire. Au diable la laïcité de l’État tant désirée par les Québécois ! S’il était élu, un gouvernement supposément « solidaire » n’écouterait pas le peuple québécois, ferait carrément fi de la volonté d’une majorité, de ce profond désir de laïcité. Bref, un parti solidaire avec ses membres et militants seulement. Êtes-vous réellement prêts à gouverner ?
La nécessaire laïcité
Soulignons finalement que lors de son bref passage au Québec, le jeune premier ministre de France Gabriel Attal déclarait au Salon bleu, sous les sourires narquois du premier ministre François Legault et du toujours très baveux ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette : « Face à ceux qui font mine de ne pas comprendre ce qu’est la laïcité, qui voudraient la détourner, faire croire qu’elle est une forme d’arme antireligion, faire croire qu’elle est une forme de négation des religions, faire croire qu’elle est une forme de discrimination, nous répondons que la laïcité est la condition de la liberté, est la condition de l’égalité, est la condition de la fraternité ».
La laïcité est l’une des conditions nécessaires pour l’égalité entre les individus et les sexes au Québec. Ça, c’est du féminisme, monsieur. Et quant à la ferveur indépendantiste de Québec solidaire maintenant, c’est un autre dossier.