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«Rénovations de vedettes» et crise du logement


Dans l’une de ses récentes chroniques télé, le populaire chroniqueur Hugo Dumas écrivait qu’il allait « éviter » les nombreuses émissions de « rénovations de vedettes » proposées à la télévision ce printemps.

Pour cause ? « Non merci à leurs problèmes mineurs de gens très à l’aise financièrement. Si j’étais de très mauvaise foi, je soulignerais le "mauvais timing" de ces émissions qui débarquent alors que le Québec vit une crise du logement sans précédent. Mais je n’irai pas là, quand même. » 

Non ? Moi, oui. Suis-je pour autant de « très mauvaise foi » ? Mais non, Monsieur le chroniqueur. Juste très réaliste. Les deux pieds ancrés dans la dure réalité depuis de nombreuses années. Et cette pénible réalité, cette crise du logement sans précédent touche tout le Québec, pas juste Montréal.

À preuve : « Le Québec a besoin de 620 000 logements de plus d’ici 2030 pour retrouver un niveau d’abordabilité souhaitable. Pour y arriver, il faut doubler le rythme des mises en chantier, rien de moins. » Et on est bien loin du but fixé. 

Comme vous pouvez sans doute l’imaginer, ces 620 000 logements manquants représentent beaucoup de gens. C’est beaucoup de monde qui ont urgemment besoin d’un logement. Maintenant. Et d’autres concitoyens encore qui en auront besoin demain matin. Et puis la semaine suivante aussi. Des travailleurs, des immigrants, des retraités, des familles, des étudiants, des personnes âgées, des réfugiés, des gens vulnérables, nommez-les ! – il manque de logements pour beaucoup de Québécois. 

Évidemment, cette réalité est celle des locataires, pas de ceux qui « flippent » des propriétés sur le lucratif marché immobilier, ou encore ceux qui vivent dans une tout autre réalité, celle des « ultrariches ». Comme le designer Daniel Corbin qui affirmait crânement qu’« [i]l faudrait aussi des shows [de télévision] pour super riches, des shows qui font rêver. Ce n’est pas juste aux États-Unis qu’on trouve des condos super haut de gamme de 8 millions de dollars, il y en a aussi au Québec ». Vraiment ? 

Vous voulez des shows de télé qui font rêver ? J’ai une idée ! Une belle émission de télévision qui nous montre la mise en chantier de nouveaux logements, la construction d’immeubles à logements, la transformation d’édifices vides en immeubles habitables ou encore en coopératives d’habitation. Heille, ça, ça ferait rêver beaucoup de monde ! 

Ou tiens, la transformation d’une tour à bureaux vide, dans un centre-ville sale quelque part au Québec, en logements salubres, fonctionnels et « abordables ». Ah, le rêve ! Oui, de quoi s’émerveiller. On pourrait même installer une caméra 24/7 sur les lieux afin de suivre assidûment l’évolution du projet – comme  l’observation des faucons pèlerins et d'autres animaux. 

« Encore d’autres émissions de rénovation ? » Non merci ! La cour est pleine. Vous tournez le fer dans la plaie. Et il y en a franchement marre, des problèmes de riches, de regarder d’autres vedettes fortunées rénover leurs belles demeures, leur condo, leur maison, leur chalet et autres propriétés. 

Comme le précisait le chroniqueur Hugo Dumas : « Comprenez-moi bien. J’adore Christine Beaulieu à la télé (vive L’œil du cyclone), Béatrice Martin dans mes oreilles et Marie-Eve Janvier à la radio. De là à suivre ces artistes dans les rénovations jamais simples, quel capharnaüm !, de leur condo, de leur chalet ou de leur maison, ça me tente moyen. » 

Et nous autres, pas du tout ! Vous tenez absolument à troquer votre micro pour un marteau ? Allez construire des logements. Ça, ça ferait rêver beaucoup de monde au Québec.


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