Le premier ministre François Legault déclarait, lors de son discours d'investiture en novembre dernier : « Dans toute ma carrière, j'ai toujours insisté sur les résultats. S'il y avait un mot sur lequel je voudrais qu'on insiste aujourd'hui, c'est ''résultats''. [...] On doit tous travailler ensemble à obtenir des résultats concrets en se mettant en mode solution. »
Eh bien, parlons-en, justement, des « résultats ».
M. Legault a beau se targuer d’avoir « quatre 1er juillet d’expérience » derrière la cravate, la réalité, elle, sur le terrain des vaches, est que des centaines de ménages québécois sont toujours à la recherche d’un logement. Maintenant. Pas dans cinq ou six ans. Maintenant. Comme le slogan de la Coalition avenir Québec (CAQ) en 2018, vous vous souvenez ? Voilà la réalité. Et ce piètre résultat n’est que la pointe de l’iceberg.
Car ces quelque 500 ménages répertoriés, toujours à la recherche d’un toit, ne tiennent pas compte de tous ces gens qui se débrouillent avec les moyens du bord, en marge des services offerts, ni de ceux qui occupent un logement inadéquat, ne correspondant pas à leurs besoins réels, ni de tous ces locataires qui s’accrochent à un bail malgré les menaces d’éviction, les abus et l’intimidation continue de leur propriétaire qui aimerait bien qu’ils débarrassent la place afin de louer leur logement plus cher. De bien mauvais résultats, quoi.
Évidemment, cette crise du logement ne date pas d’hier et le gouvernement caquiste n’en est pas le seul responsable. Mais pour régler un problème et obtenir de vrais bons résultats, encore faut-il le reconnaître, le nommer d’emblée et agir au plus vite. Or, le gouvernement de M. Legault a non seulement nié l’existence de cette crise majeure pendant des années, mais l’a reconnue du bout des lèvres en 2022 seulement. Depuis, rien, aucun résultat.
François Legault et sa ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, qui penchent clairement tous les deux du côté des propriétaires et de l’exploitation immobilière, semblent demeurés sourds et insensibles à la réalité des locataires. Ils en sont en vérité totalement déconnectés. Par conséquent, cette crise du logement s'est transformée en véritable crise humanitaire. Rien à voir avec sa gestion de la crise sanitaire.
Comment expliquer cette attitude de M. Legault si ce n’est le mépris, ou tout le moins un manque flagrant de compréhension et d’empathie envers les locataires, les ménages les moins nantis du Québec ainsi que les plus démunis comme le suggérait un chroniqueur politique : « … le même gouvernement [caquiste] est totalement insensible au sort des victimes de la crise et se réfugie dans des statistiques ou des arguments macroéconomiques un peu déconnectés de la réalité des citoyens, surtout les plus démunis. »
Des « résultats » sont habituellement possibles lorsqu’on agit. Sinon, c’est l’inertie, pire, la déchéance, la décrépitude, la dégradation d’une situation. Et c’est ce qui se produit année après année avec cette interminable crise du logement que le gouvernement de M. Legault regarde indifférent, les bras croisés, complètement déconnecté de la réalité d’une forte majorité des Québécois.
« 2023, une année risquée pour le gouvernement Legault », suggérait la Presse canadienne en janvier dernier. Eh bien, nous y voilà. On est en plein dedans. Reste maintenant à voir le gouvernement Legault agir sur-le-champ, activement et urgemment, comme ce fut le cas avec la crise sanitaire afin de « tous travailler ensemble à obtenir des résultats concrets en se mettant en mode solution. » Reste donc à voir des solutions et de vrais bons « résultats ».
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À lire : Il faudra des moyens et un plan pour dégonfler la crise du logement, Le Devoir, 7 juillet 2023.