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Peur des mots ou prudence ?


Manifestement, toutes les féministes ne pensent pas de la même façon, et c’est tant mieux. Or, à lire le récent texte de Françoise David (Encore la peur des mots!) paru vendredi dernier dans Le Devoir, il semble n’y avoir qu’une seule perspective féministe qui vaille ou prévale au Québec : celle prônée maladroitement par la Fédération des femmes du Québec (FFQ). 

Au cours des dernières années, la FFQ (de même que le Collectif 8 mars dont il est issu) a pourtant perdu beaucoup de plumes, de membres et de crédibilité aux yeux d’un bon nombre de Québécois, femmes et hommes, qu’ils se disent féministes ou non, et qui ne se reconnaissent tout simplement plus dans un discours féministe qui s’éloigne des enjeux qui préoccupent une majorité de Québécoises. 

Mme Françoise David a beau être « ahurie » et renversée par la position de la ministre responsable de la Condition féminine, Martine Biron, qui n’a pas appuyé la motion de Québec solidaire, d’autres féministes, elles, pendant ce temps, y voient là un message clair de prudence. Oui, la prudence est effectivement de mise lorsque vient le moment de s’engager et d’utiliser des mots qui sont lourds de sens, de portée et de conséquences pour les femmes, toutes les femmes, de même que leurs droits et leur sécurité. 

Évidemment, toutes les femmes, dans toutes leurs diversités, doivent être entendues et considérées afin de mieux les représenter et de les défendre. Comme féministes, nous militons depuis longtemps pour l’égalité des sexes, des chances et des opportunités, l’équité salariale, ou encore l’accès des femmes au pouvoir (le vrai – pas juste statistique ou mascarade sociopolitique). Mais à vouloir représenter de plus en plus d’idées et de notions qui divisent les femmes et les féministes, plutôt que de les rassembler, pire, qui s’éloignent de la science, étant basées sur le ressenti et l’expérience émotionnelle de toutes et chacune, forcément qu’il y aura des résistances au sein même du mouvement féministe québécois. 

Or, ça tombe drôlement bien puisque le thème de la campagne de la FFQ, pour la Journée internationale des droits des femmes 2023, est justement Résistances féministes. Peut-être que la Fédération des femmes du Québec et son Collectif 8 mars devraient d’abord reconstruire leur crédibilité, écouter et accueillir ces résistances qui animent un grand nombre de féministes au Québec, plutôt que de nous faire la leçon et la morale afin de nous enfoncer des concepts et des notions dans la gorge. Au travail, mesdames.

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Ajout : Lire L'idéologie de l'intersectionnalité est devant les tribunaux! (Le Devoir, 28 fév. 2023)  

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