Passer au contenu principal

Super Bowl: imaginez sans danse



On aime beaucoup la musique de Dr Dre et d'Eminem, mais soyons francs. Si vous retirez les 115 danseurs du spectacle de la mi-temps du Super Bowl de dimanche dernier, réglés au quart de tour, ainsi que tous les figurants sous-payés* pour l’évènement, il reste six rappeurs (cinq hommes et une femme), aujourd'hui assez âgés, mettons, qui peinaient à bouger et à se déplacer sur ces décors en petites maisons et qui ressortaient leurs vieux succès des années 90-début 2000. Je dis ça comme ça mais, SANS DANSE, ce show aurait été assez ordinaire et même franchement banal. Vive la danse et les danseurs professionnels ! 

Qui a volé le show de cette grand-messe (très lucrative) de la NFL ? Non, ce ne fut pas le « très attendu » Eminem avec, en plus, son genou au sol – beau clin d’œil en effet, mais non. C’est plutôt 50 Cent (prononcé Fi’ty, svp), plus précisément, la très charismatique danseuse professionnelle qui ouvrait son segment surprise – il n'avait pas été annoncé par Dre. Quand tu bouges, vibres, brilles, danses et te déhanches comme ça, tu éclipses tout, absolument tout le reste sur ton passage, y compris le rappeur au centre de la scène, et tu peux tout te permettre. Yes baby, it's your birthday.

Non, les danseuses (y compris dans le milieu du rap et du hip-hop) ne sont pas des « guidounes » qui dansent pour de l’argent. C’est un art, simonac, encore trop peu reconnu, toujours malmené et mal rémunéré. Et non, tout le monde ne sait pas danser simplement parce qu'ils sont capables de marcher. (Avez-vous vu certaines vedettes bouger à la télé ? S'essayer dans une mini-chorégraphie peu sentie pour ouvrir leur émission au petit écran en faisant juste un pas de côté ? Épouvantable.) 

« Private Dancer. A dancer for money. I'll do what you want me to do  » de Tina Turner de 1984 ?! Revenez-en ! RESPECT. Oui, R-E-S-P-E-C-T, du grand respect pour la danse, les danseuses et les danseurs, svp. Sans eux, ce show de la mi-temps aurait été fort pitoyable.

*À lire (en anglais) : The Greatest Superbowl Halftime Controversy Since Janet And Justin Exposes Cracks In The Dance Industry (Forbes, 13 fév. 2022)

***

Aussi : Snoop Dogg accused of sexual assault... (USA Today, 11 fév. 2022). Soulignons au passage que la présumée victime serait une ancienne danseuse qui travaillait, en 2013, pour le chanteur qui, lui, était néanmoins sur scène dimanche dernier. Pas d'annulation ni de scandale. Mais le sein à Janet Jackson exhibé en 2004, ça oui, ça porte le nom de « Nipplegate » – (Elle France, 13 fév. 2022, dans la section La vie des people du magazine. Ayoille.)

Messages les plus consultés de ce blogue

Les fausses belles femmes

Après les Femmes poupées, femmes robotisées , voilà maintenant de fausses belles femmes dans un factice concours de beauté. Totalement artificielles, ces femmes, vous comprenez, ces différentes images ayant été générées par l’intelligence artificielle (IA) - (lire  Miss AI - Un podium de beauté artificielle ). Pour faire simple, il s’agit en réalité d’une vraie compétition toute féminine de la plus belle fausse femme créée par des hommes. Vous me suivez ? Non, on n’arrête pas le progrès. Ce sont majoritairement des hommes qui se cachent derrière la fabrication de ces images de fausses femmes. Des créateurs masculins qui passent sûrement d’innombrables heures devant un écran d’ordinateur à créer la femme idéale (ou de leurs rêves, allez savoir), à partir, on s’en doute, de leurs désirs, fantasmes, idéaux et propres standards de beauté – la beauté étant dans les yeux de celui qui regarde évidemment. Une beauté exclusivement physique, rappelons-le.  Même le jury est artificiel – ...

Les Grands Ballets canadiens et la guerre commerciale américaine

La guerre commerciale «  made in USA  » est commencée. De toutes parts, on nous invite à boycotter les produits et les services américains. Quoi ? Vous songiez aller en vacances aux États-Unis cette année ? Oubliez ça ! Il faut dépenser son argent au Canada, mieux encore, au Québec. Dans ce contexte, on nous appelle également à boycotter Amazon (et autres GAFAM de ce monde) ainsi que Netflix, Disney, le jus d’orange, le ketchup, le papier de toilette, etc. – nommez-les, les produits américains –, en nous proposant, et ce un peu partout dans les médias québécois, des équivalents en produits canadiens afin de contrer la menace américaine qui cherche ni plus ni moins à nous affaiblir pour ensuite nous annexer. Les Américains sont parmi nous  Pourtant, les Américains sont en ville depuis longtemps. Depuis 2013, en effet, les Grands Ballets canadiens de Montréal (GBCM) offrent une formation américaine ( in English, mind you , et à prix très fort qui plus est) sur notre territo...

Mobilité vs mobilisation

On aime parler de mobilité depuis quelques années. Ce mot est sur toutes les lèvres. C’est le nouveau terme à la mode. Tout le monde désire être mobile, se mouvoir, se déplacer, dans son espace intime autant que possible, c’est-à-dire seul dans son char, ou encore dans sa bulle hermétique dans les transports collectifs, avec ses écouteurs sur la tête, sa tablette, son livre, son cell, des gadgets, alouette. On veut tous être mobile, être libre, parcourir le monde, voyager, se déplacer comme bon nous semble. On aime tellement l’idée de la mobilité depuis quelque temps, qu’on a même, à Montréal, la mairesse de la mobilité, Valérie Plante. On affectionne également les voitures, les annonces de chars, de gros camions Ford et les autres - vous savez, celles avec des voix masculines bien viriles en background - qui nous promettent de belles escapades hors de la ville, voire la liberté absolue, l’évasion somme toute, loin de nos prisons individuelles. Dans l’une de ces trop nombre...

Pour en finir avec Cendrillon

Il existe de nombreuses versions de « Cendrillon, ou, la Petite Pantoufle de verre », comme Aschenputtel,  ou encore « Chatte des cendres »... passons. Mais celle connue en Amérique, voire dans tous les pays américanisés, et donc édulcorée à la Walt Disney, est inspirée du conte de Charles Perrault (1628-1703), tradition orale jetée sur papier à la fin du 17 e  siècle. D'ores et déjà, ça commence mal. En 2015, les studios Walt Disney ont d'ailleurs repris leur grand succès du film d'animation de 1950, en présentant  Cinderella  en chair et en os, film fantastique (voire romantico-fantasmagorique) réalisé par Kenneth Branagh, avec l'excellente Cate Blanchett dans le rôle de la marâtre, Madame Trémaine ( "très" main , en anglais), généralement vêtue d'un vert incisif l'enveloppant d'une cruelle jalousie, Lily James, interprétant Ella (elle) dit Cendrillon (car Ella dort dans les cendres, d'où le mesquin surnom), Richard Madden, appelé Kit ...

«Boléro» (2024), l’art de massacrer la danse et la chorégraphe

  Réalisé par Anne Fontaine ( Coco avant Chanel ), le film  Boléro  (2024) porte sur la vie du pianiste et compositeur français Maurice Ravel (Raphaël Personnaz) durant la création de ce qui deviendra son plus grand chef-d’œuvre, le  Boléro , commandé par la danseuse et mécène Ida Rubinstein (Jeanne Balibar). Alors que Ravel connait pourtant un certain succès à l’étranger, il est néanmoins hanté par le doute et en panne d’inspiration.  Les faits entourant la vie de Maurice Ravel ont évidemment été retracés pour la réalisation de ce film biographique, mais, étrangement, aucune recherche ne semble avoir été effectuée pour respecter les faits, les événements et, surtout, la vérité entourant l’œuvre chorégraphique pour laquelle cette œuvre espagnole fut composée et sans laquelle cette musique de Ravel n’aurait jamais vu le jour.  Dans ce film inégal et tout en longueur, la réalisatrice française n’en avait clairement rien à faire ni à cirer de la danse, des fai...