Cette campagne électorale fédérale n’intéressait à peu près personne, hormis, bien entendu, les médias, les chefs des partis, les candidats et quelques concitoyens.
Déclenchée en plein mois d’août, auprès de votre gouverneure générale qui ne parle même pas notre langue, cette campagne électorale était, comme d’habitude, d’une platitude exorbitante ; mêmes discours creux, même manque de courage politique, mêmes cassettes électorales, tout cela pour que Justin Trudeau vienne nous faire des beaux yeux.
D’une platitude, donc, ce l’était, jusqu’à ce que la bombe tombe.
La question immensément chargée de la médiatrice du débat des chefs en anglais de jeudi dernier n’avait évidemment rien d’anodin. Et voilà que cette question « loadée » à souhait a fait décoller cette campagne électorale en créant un véritable tollé.
Notre premier ministre François Legault était en beau fusil vendredi dernier. Le peuple québécois aussi. « Quoi ? On nous traite encore d’intolérants et de racistes ! Ça va faire ! » Nous ne sommes pas juste tannés, nous sommes très fâchés d’être continuellement attaqués, ridiculisés.
Or, pour ma part, je vous dis, s.v.p., continuez ainsi. Oui, oui, vous m’avez bien compris, please, go on, dear ROC.
Ô Canada !
Ô Canada, soufflez plus fort encore sur la braise de colère qui subsiste timidement au cœur de mon peuple. Rallumez ardemment ce feu qui sommeille en nous, car non, ladies & gentlemen, rien n’est mort.
Allez-y, people, foncez, frappez, tirez de tous bords tous côtés, mettez le feu à nos poudres. Videz votre sac au complet, étalez au grand jour votre réel mépris du peuple québécois. Crachez sur nous comme bon vous semble, faute de pouvoir saisir ou même juste de vouloir comprendre.
Ô Canada, « continuez », par la même occasion, « d’avancer » dans la bonne direction, en célébrant toutes les diversités du monde. Ouvrez grand les bras à l’autre, avec bienveillance toujours, embrassez généreusement toutes les opinions et les différences, sauf les nôtres bien sûr.
Soyez de fiers Canadiens, multiculturalistes, ouverts à toutes les langues, à toutes les cultures, les religions et les causes, excepté la langue française, la culture québécoise et notre réel désir d’un État laïc.
Aimez tous les gens de la Terre, tous les peuples, tous les individus, la planète entière, sauf les frogs du Québec.
Yes, dear ROC, continuez ainsi, je vous en supplie.
Peut-être que votre perpétuel Quebec bashing finira par raviver la flamme nationaliste des Québécoises et des Québécois. Peut-être rallumerez-vous ainsi le feu de l’indignation qui dort tranquillement au sein de notre nation.
Peut-être que votre mépris à notre égard, votre profonde incompréhension, votre totale indifférence au fond, finiront par exciter la fierté nécessaire pour nous lever enfin.
Peut-être qu’à force de se faire frapper dessus, le peuple québécois ripostera, se soulèvera, portera fièrement l’épée (sans croix), reprendra le combat.
Peut-être qu’à la longue verrons-nous tellement rouge qu’on virera tous bleu, en clamant, en réclamant et criant haut et fort : « INDÉPENDANCE ! ». Nous pourrions en ressortir glorieux.
D’autant plus que, cette fois-ci, il semble clair que vous ne viendrez pas vous mêler de nos affaires, par une quelconque ingérence, un « Love Fest » ou un «Love-In », if you know what I mean.
So yes, baby, bring it on, comme on dit.