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Femmes volontairement célibataires


S’il existe des « incel », des hommes involontairement célibataires (majoritairement hétérosexuels et misogynes qui se retrouvent en ligne) car incapables de trouver une partenaire amoureuse ou sexuelle, il faut savoir qu’il existe également, de l’autre côté du spectre, des « vocel », des femmes volontairement célibataires. 

À deux, c’est mieux ? Pas nécessairement 

Alors que la société nous renvoie sans cesse l’image de la femme seule, triste et désemparée, sorte de « loser » incapable de dénicher un homme, cherchant encore désespérément son prince charmant, il existe pourtant beaucoup de femmes qui ont volontairement pris leur retraite des relations amoureuses. 

« La paix ! », m'ont déjà affirmé deux femmes célibataires assumées, alors qu’on jasait ensemble en attendant à la caisse au supermarché. 

Pour plusieurs femmes, en effet, être en couple, c’est beaucoup trop de problèmes à gérer. 

En plus de leur carrière, de leurs propres ambitions et de leurs activités, les femmes en couple doivent aussi investir beaucoup d’énergie pour naviguer avec l’ego et les insécurités d’un homme qui, trop souvent, présente de sérieux problèmes de communication, à commencer par l’expression mature de ses émotions. 

L’inverse est aussi vrai, certes. Des femmes immatures ou affectivement dépendantes, ça existe. Mais apprendre à écouter, à ressentir, à nommer, à gérer, de même qu’à exprimer ses émotions, et développer par le fait même une intelligence émotionnelle qui facilite les rapports et les communications avec autrui, c’est l’histoire d’une vie. Et celle des femmes débute à un très jeune âge. 

Très vite, dans une relation, plusieurs femmes deviennent ainsi le support émotionnel de leur partenaire, voire sa thérapeute, bon nombre d’hommes n’ayant jamais appris à exprimer leurs émotions, encore moins à les partager avec les autres, la vulnérabilité affective ou émotionnelle allant à l’encontre de leur définition de la masculinité. Car, tout le monde le sait : un homme, c’est fort, ça ne pleure pas, ça ne demande pas d’aide, c’est comme « une roche » en-dedans. 

Lorsque ces femmes veulent par la suite quitter la relation, il ne faut pas s’étonner que plusieurs de ces hommes paniquent, à l’idée de perdre ce pilier, se sentant particulièrement vulnérables et menacés, menaçant ensuite ces femmes du pire, puisqu'elles portent en elles leurs petits secrets, tout ce qui pourrait, symboliquement, dans leur tête à eux, les « détruire ». 

Dans l’essai Pour l’amour des hommes – dialogue pour une masculinité positive (Québec Amérique, 2021), l’auteure et journaliste Liz Plank élabore justement sur les nombreux effets pervers de cette « grande répression » des émotions des hommes : 

« Les femmes ne font pas que quitter le monde des relations amoureuses; elles quittent aussi les hommes qu’elles ont épousés. […] Ces femmes ne font pas seulement face à des difficultés émotionnelles : elles sont obligées de résoudre les problèmes de santé mentale de leur mari. Plusieurs femmes ne se sentent pas mariées : elles ont l’impression d’être des centres de réadaptation. […] En d’autres mots, pour plusieurs femmes, leurs problèmes de couple sont en fait des problèmes de santé mentale non diagnostiqués. » 

Soyons claire : tous les hommes ne présentent pas de problèmes graves de santé mentale. Mais en attendant de rencontrer un homme pourvu de cette masculinité positive qui exige un travail psycho-affectif constant et une réelle capacité d'introspection, indiscutablement, peu importe la situation, pour bon nombre de femmes, mieux vaut encore être seule que mal accompagnée. 

*** 

« Quand la moitié de la population est dressée à bloquer ses émotions, elle perd la capacité de ressentir de la compassion. » 
– Liz Plank, Pour l’amour des hommes – dialogue pour une masculinité positive

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