Pendant des siècles, les hommes en position de pouvoir, les élites de la société patriarcale ont contrôlé et instrumentalisé les femmes, les maintenant ainsi à l’écart de la politique, du réel pouvoir, des prises de décision, du travail rémunéré, tout comme des universités, des idées, des débats de société, bref, loin de l’espace public.
En raison de leur nature définie, à tort, faible, impressionnable et secondaire, les femmes devaient somme toute se taire, se contenter d’être la « reine du foyer », remplissant par là même leurs « obligations naturelles », celles prescrites par l’Église catholique et le pouvoir politique en place. Les femmes ne pouvaient que régner silencieusement dans leur maison, « faire de la famille », c’est-à-dire beaucoup d’enfants, tout en s’occupant allègrement des tâches ménagères, travail non-rémunéré, cela va sans dire, pourtant essentiel au capitalisme patriarcal*.
Pour être considérées « normales », les femmes devaient par ailleurs se montrer dociles, muettes, soumises, disponibles (sexuellement principalement), servir généreusement leur mari et leurs enfants, dans un acte de tendresse, de bonté, d’oubli de soi absolu, sorte de sacrifice maternel exemplaire dénué de tout désir sexuel, à l’instar de la « Vierge Marie ».
Or depuis quelques décennies maintenant, les femmes ont investi massivement l’espace public, les universités, le marché du travail, le pouvoir politique, les médias, le monde sportif, etc. Mais la résistance au changement, elle, demeure néanmoins bien présente, profonde, lourde, puissante, n’ayant sans doute d’égal que ces siècles de domination masculine. N’est-ce pas là le principe des actions réciproques de Newton ?
Encore aujourd’hui, les femmes qui occupent et qui investissent l’espace public dérangent. Pour plusieurs, ces femmes représentent un « affront » à la bonne vieille norme dominante des siècles antérieurs qui définissait alors le rapport entre les sexes.
Les attaques et les propos violents, dont les femmes publiques sont la cible, vont d’ailleurs en ce sens. On cherche sans cesse à remettre les femmes « à leur place », à les « renvoyer dans leur foyer », sinon « dans leur pays » (alors qu’elles sont bien souvent d’ici), ou encore à aller « se faire baiser » ou bien même « enculer », sans doute par « l’homme de la situation » qui l’attend à la maison.
Encore aujourd’hui, au XXIe siècle, on tente inlassablement de dévaloriser les femmes, de les inférioriser, de les réduire à leur corps, à leur image, à leur âge, à leur apparence, tout cela dans le but de les faire taire, de les anéantir, de les réduire encore au silence.
Or, une chose est sûre : les femmes ne reculeront pas. Pas même d’un iota. Vous savez combien de générations de femmes se sont battues, avant nous, pour obtenir le droit d’occuper l’espace public ? Tous les espaces publics ?
Plus que jamais les femmes doivent être présentes, partout, être vues, entendues, consultées, considérées, participer activement à la vie publique, et ce, dans toutes les sphères de la société, dans toutes les organisations, que l’on soit d’accord ou non avec leurs opinions.
Les femmes, répétons-le, ne sont pas que des corps, un simple objet sexuel, un réceptacle, une possession. Elles possèdent elles aussi une intelligence, des idées, des aptitudes, des compétences, vous savez ?, comme les hommes. On appelle ça des êtres humains, l’espèce humaine, le genre humain, si vous préférez.
Et les femmes exigent depuis belle lurette les mêmes droits que les hommes, notamment celui de penser, de parler, de critiquer. Pensez-vous qu’on va finir par y arriver, que nous atteindrons un jour l’égalité ?
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« L’infériorité des femmes n’est pas un fait de la nature, nous le répétons, c’est une invention humaine, c’est une fiction sociale » – Maria Deraisme (1828-1894)
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* À lire, l'essai de Silvia Federici, Le capitalisme patriarcal (La Fabrique, 2019).