En juillet dernier, Laura-Julie Perreault, éditorialiste à La Presse, posait la question suivante : Mais où est la mairesse de la mobilité ? Où est-elle, en effet, la mairesse pour qui j’ai voté ? Et la mobilité, elle, on la cherche encore. « Une récente étude de la Communauté métropolitaine de Montréal, écrit la journaliste, permet de constater que les deux tiers des déplacements entre la maison et le travail se font toujours en voiture, soit le même taux qu'en 2001. Collectivement, il faut se demander ce qui justifie ce choix. Des lacunes dans les transports en commun ou une mentalité tout-à-l'auto nord-américaine dont nous avons peine à nous départir ? Dans le cas de la région de Montréal, c'est un joyeux mélange des deux. »
Eh bien parlons-en des lacunes dans les transports en commun justement : 1h30, en pleine canicule et heure de pointe, pour se rendre de la station McGill à Pie-IX, en raison d’une panne majeure sur la ligne verte. En attendant les autobus, la situation était à l’image d’une République de bananes, pas celle d’une métropole nord-américaine.
Un autre exemple : Vous êtes dans le bus 197-Rosemont. L’autobus s’arrête, tout s’éteint, le chauffeur communique avec la centrale, et puis plus rien. Aucune explication. Aucun avis pour les passagers à bord. Pas un seul mot n’est prononcé pour informer les usagers. Monsieur s’affaisse dans son fauteuil et attend... « Bon chauffeur, dormez-vous ? » Les gens se lèvent graduellement, posent des questions : « De quossé ? Le bus est en panne ? » « Ouais. » « Mais là, qu’est-ce qu’on fait ? » « Ben là, vous prenez le prochain ! Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise. » Le prochain, vous le savez car vous avez attendu celui-ci, est prévu dans un autre 22 minutes. Aussi bien dire une éternité, on est à Montréal, sapristi... Mieux vaut encore marcher, quand c’est possible évidemment; ce n’est pas le cas pour tout le monde. Et pour le service à la clientèle, on repassera.
Certains bus à Montréal, sur des artères aussi principales que les rues Sherbrooke, Ontario, Rosemont, Mont-Royal, et bien d’autres, passent aux 20, 25, ou même 30 minutes. Je le répète, on est à Montréal, pas à La Havane. Trente minutes, c’est long longtemps.
Besoin d’un autre exemple ? Vous attendez un bus qui passe aux 30 minutes (trente! – la 185-Sherbrooke). Le bus arrive enfin, mais le chauffeur vous annonce qu’il n’embarque personne puisqu’il y a un problème technique avec le véhicule et qu’il doit retourner « sans joke » au garage : « C’est comme ça. » « On fait quoi, monsieur le chauffeur ? » « Eh bien, vous prenez le prochain ! » Vous êtes dans Tétreaultville, aussi surnommé, selon un mec du coin qui y vit depuis 40 ans, Tetterville, là où commence la fin du monde, là où il n’y a plus de métro. Ni verte, ni jaune, ni orange, ni rien. Vous ne pouvez même pas marcher, il n’y a nulle part où aller. Vous faîtes quoi alors ? Eh bien vous patientez en ruminant, tout en rêvassant d’avoir un char (électrique bien évidemment), car au total, pour se rendre du point A au point B, un parcours de 7 kilomètres approximativement, cela aura exigé tout près de 1h30 de votre temps, soit 50 minutes d’attente en plus des 35 minutes de trajet... Vraiment ? Vous croyez sincèrement convaincre les automobilistes de délaisser leurs deux voitures à la maison pour utiliser ces abominables transports collectifs au service exécrable alors que les usagers eux-mêmes en ont marre et rêvent d’en avoir une... juste une (mais électrique) ?
Et je ne vous parle de l’ambiance qui règne à bord de ces véhicules, tant dans le métro que dans l’autobus, transformés en véritables étuves cet été, de l’espace étriqué durant les heures de pointe, du nombre de passagers debout, des odeurs fétides qui y circulent, des misérables chicanes pour mettre son derrière sur un siège, du manque de civisme, voire l’agressivité de certains abrutis envers les personnes âgées ou à mobilité réduite, bref, on en ressort avachie, défraîchie, découragée à mort, prête à frapper le premier qui osera vous emmerder ou à se lancer devant le prochain véhicule, s’il passe.
Je n’ai jamais possédé de voiture de ma vie, ni neuve ni usagée. Mais depuis un certain temps, j’y pense. Sérieusement même : « Si j’avais un char (électrique), est-ce que ça changerait ma vie ? » Encore faudrait-il que j’aie les moyens d’avoir un bicycle...
Le bord de la Gaspésie aussi j’y pense sérieusement. Quitter Montréal, voilà. Mais là encore, ça prend un maudit char... Bon d’accord, La Havane d’abord. Là où l’immobilité est assumée, voire requise. Ne me manque que le billet d’avion pour m’y rendre. Dès que François Legault est au pouvoir, j’appelle Transat.