L’accès à La Presse + nécessitant une maudite tablette que je ne possède pas, j’ai développé, depuis quelque temps déjà, une longue et fastidieuse « tactique de recherche des pauvres » - nécessité et inventivité seront toujours de joyeux compères - qui consiste à parcourir les réseaux sociaux de ce monde, notamment de nombreux journalistes et personnalités publiques, en quête de quelques précieux articles, chroniques, opinions et informations.
Quelqu’un a-t-il dit accès à l’information ? …
Bref, ce long exercice de fouille acharnée impliquant plusieurs détours dans l’espace virtuel « des internets » m’expose à toutes sortes d’infos inutiles, futiles, voire TMI comme diraient les jeunes, too much information.
Cette pénible technique d’accès à l’information journalistique (ça sonne bizarre, vous ne trouvez pas?) m’a fait découvrir un monde dont j’imaginais l’existence mais n’avais jamais observé d’aussi près, n’étant pas active sur les réseaux sociaux, soit l’univers égocentrique de la vedette journalistique… Oh boy.
Pas tous, soyons clairs, mais dans nombreux cas, ça ressemble à beaucoup d’autopromotion accompagnée d’innombrables photos du moi en question : je suis là, j’existe, aimez-moi oui, likez-moi.
Et ça gazouille pas à peu près…
J’ai écrit ceci.
Untel a mentionné que j’ai effectivement écrit cela.
Je suis ici.
Machin-chose a remarqué que j’étais bien là.
Je passe à la télé.
Chose Binouche aime que je sois à la télé (avec une image de la personne à la télé).
Aïe, aïe, aïe… Vraiment? On est rendus là dans « l’évolution » humaine? Des journalistes vantant leur propre présence ici et là plutôt que de diffuser de l’information?
Le vedettariat, ce besoin irrépressible d’être ou de devenir une célébrité avec beaucoup de « like », de « j’aime » et de « suiveux » afin d'éventuellement porter une lettre de catégorie A, B, C, etc. - comme de la viande là, vous me dites ? - est un fléau qui pousse la société à sa dérive.
Même qu'aux dernières élections municipales à Montréal l'automne dernier, plusieurs journaux ont présenté le profil des deux candidats à la mairie en mentionnant leur nombre « d’amis » Facebook et de « suiveux » sur leur fil de gazouillement respectif, comme s’il s’agissait là d’une donnée pertinente.
Un autre journaliste, lui, des Francs-tireurs celui-là, a reproché à Mme Valérie Plante le faible nombre de « suiveux » sur son compte Twitter, concluant l'entrevue « c’est gênant ». Aussi « impopulaire » pouvait-elle paraître, madame Plante a néanmoins remporté la victoire. Qu’est-ce que le nombre de « suiveux » vient faire dans tout ça, ou encore l'appui de certains éditoriaux?
Les médias d'information sont de plus en plus déconnectés de la vraie réalité, celle des gens ordinaires - vous vous souvenez de ces gens, non? - qui aspirent à bien d'autres choses que de devenir une simple vedette, pour qui la contemplation de soi-même est reine et maîtresse.