Passer au contenu principal

TLMEP - l'homme blanc, cette étoile


L’émission Tout le monde en parle diffusée dimanche dernier était d’une platitude hors de l’ordinaire. Oui je l’admets, j’étais biaisée en partant, déçue de ne pas avoir droit à une brochette de féministes, l’émission étant enregistrée le jour même de la Journée internationale des femmes - voir Tout le monde en parle (pas).

Quand c’est le temps de parler d’humour au Québec, ça des humoristes, y’en a, en veux-tu en v’là, le plateau déborde. Même chose pour ploguer des émissions creuses et d’insupportables vedettes qui parlent d’elles-mêmes à la troisième personne, étant devenues des marques, des produits enduits d’un joli enrobage marketing à la con. Vraiment ? C’est ce que vous désirez être dans la vie, une grosse affiche de placement de produits ? Je vous conseille le film Three Billboards outside Ebbing, Missouri. Une vraie femme avec un message et des gonades.

Mais pour la Journée internationale des femmes, dont tout le monde parlait pourtant la semaine dernière, on n’est même pas foutus d’en trouver quelques-unes, des féministes radicales, des « moyennes » ou même juste celles qui le sont « à [leur] manière », afin de discuter des vrais enjeux qui touchent et préoccupent largement les femmes, comme les conditions socio-économiques des Québécoises sous l’interminable « règne » néolibéral, les élans natalistes de la CAQ, le sexisme de nombreux organismes recevant pourtant des fonds publics et leurs maudits Boys Clubs (kof, kof), l’instrumentalisation, la récupération, voire la commercialisation du mouvement des femmes, le système judiciaire déficient face aux besoins des victimes d'agressions sexuelles, ou même absent pour les femmes autochtones, les conditions de travail insensées, inhumaines et précaires du personnel (majoritairement féminin) dans les milieux de la santé, de l’éducation, de la culture, etc. - conditions qui ne seraient jamais tolérées ou même concevables dans les secteurs masculins (pensons seulement aux sports professionnels, aux créateurs de jeux vidéo ou au domaine des finances), bref, la liste est longue, les sujets d'intérêt public ne manquent pas, seules les opportunités d’en débattre véritablement sur la place publique.

Tout le monde en parle est sans conteste une émission phare au Québec, voire le reflet de notre société. Et cette dernière émission nous démontre à quel point au Québec, on parle, parle, jase, jase, mais les choses changent très peu dans le fin fond de l'inconscient collectif, et à la vitesse du paresseux par-dessus le marché, les femmes brillant constamment par leur absence (voir aussi Lab-école, trouvez l’erreur). Et cette violence sourde et insidieuse qui tapisse inexorablement les murs symboliques et psychiques de notre société s’appelle la misogynie, un vil et pernicieux mépris des femmes, trop souvent fardé par de belles campagnes de marketing et d'auto-promotion, si ce n'est carrément la réduction au silence.

En fait, cette émission ressemblait drôlement au dernier Bye bye - le gros ego de M. Simon-Olivier Fecteau en moins -, une autre belle occasion ratée. Et en plus on devait encore se taper M. Patrick Lagacé plus six autres hommes alors qu'une seule femme prenait la parole. Mais où sont les femmes qui brassent, bon sang, à la télévision ? (Deux hommes en or, deux femmes invisibles).

Et comble de ma frustration ce matin, M. Richard Therrien donne sa belle étoile à l’astronaute... Hey, chers hommes blancs des médias, ça ne vous tenterait pas de revenir sur la planète Terre? On jase là.

Messages les plus consultés de ce blogue

Les Grands Ballets canadiens et la guerre commerciale américaine

La guerre commerciale «  made in USA  » est commencée. De toutes parts, on nous invite à boycotter les produits et les services américains. Quoi ? Vous songiez aller en vacances aux États-Unis cette année ? Oubliez ça ! Il faut dépenser son argent au Canada, mieux encore, au Québec. Dans ce contexte, on nous appelle également à boycotter Amazon (et autres GAFAM de ce monde) ainsi que Netflix, Disney, le jus d’orange, le ketchup, le papier de toilette, etc. – nommez-les, les produits américains –, en nous proposant, et ce un peu partout dans les médias québécois, des équivalents en produits canadiens afin de contrer la menace américaine qui cherche ni plus ni moins à nous affaiblir pour ensuite nous annexer. Les Américains sont parmi nous  Pourtant, les Américains sont en ville depuis longtemps. Depuis 2013, en effet, les Grands Ballets canadiens de Montréal (GBCM) offrent une formation américaine ( in English, mind you , et à prix très fort qui plus est) sur notre territo...

« Femme Vie Liberté » Montréal 2024 (photos)

Deux ans après la mort de Mahsa Amini, décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour le port « inapproprié » de son voile, le mouvement iranien « Femme Vie Liberté » se poursuit...  ----- Photos  : Sylvie Marchand, Montréal, 15 sept. 2024  À lire  :  Malgré la répression, de nombreuses Iraniennes ne portent pas de hijab ( La Presse , 14 sept. 2024)  Iran : deux ans après la mort de Mahsa Amini, la répression « a redoublé d’intensité » (Radio-Canada, 15 sept. 2024)

«Boléro» (2024), l’art de massacrer la danse et la chorégraphe

  Réalisé par Anne Fontaine ( Coco avant Chanel ), le film  Boléro  (2024) porte sur la vie du pianiste et compositeur français Maurice Ravel (Raphaël Personnaz) durant la création de ce qui deviendra son plus grand chef-d’œuvre, le  Boléro , commandé par la danseuse et mécène Ida Rubinstein (Jeanne Balibar). Alors que Ravel connait pourtant un certain succès à l’étranger, il est néanmoins hanté par le doute et en panne d’inspiration.  Les faits entourant la vie de Maurice Ravel ont évidemment été retracés pour la réalisation de ce film biographique, mais, étrangement, aucune recherche ne semble avoir été effectuée pour respecter les faits, les événements et, surtout, la vérité entourant l’œuvre chorégraphique pour laquelle cette œuvre espagnole fut composée et sans laquelle cette musique de Ravel n’aurait jamais vu le jour.  Dans ce film inégal et tout en longueur, la réalisatrice française n’en avait clairement rien à faire ni à cirer de la danse, des fai...

«La Belle au bois dormant», y a-t-il une critique de danse dans la salle ?

«  Sur les planches cette semaine  » …  «  La Belle au bois dormant  est un grand classique et, en cette époque troublée, anxiogène, la beauté des grands classiques fait du bien à l’âme. Particularité de la version que présentent les Grands Ballets à la Place des Arts cette année : c’est un homme (Roddy Doble), puissant, imposant, sarcastique, qui interprète la fée Carabosse, comme l’a voulu la grande danseuse et chorégraphe brésilienne Marcia Haydée » écrit la journaliste Marie Tison, spécialiste en affaires, voyage et plein air dans La Presse .  Qu’est-ce qui est pire ? Une compagnie de ballet qui produit encore des œuvres sexistes et révolues ? Un homme qui joue le rôle d’une femme (fée Carabosse), rôle principal féminin usurpé à une danseuse ? Ou une journaliste qui ne connait absolument rien ni à la danse ni aux œuvres du répertoire classique, incapable du moindre regard ou esprit critique, qui signe constamment des papiers complaisants de s...

Je me souviens... de Ludmilla Chiriaeff

(photo: Harry Palmer) La compagnie de danse classique, les Grands Ballets canadiens, a été fondée par une femme exceptionnelle qui a grandement contribué à la culture québécoise, Ludmilla Chiriaeff (1924-1996), surnommée Madame. Rien de moins. Femme, immigrante, visionnaire Née en 1924 de parents russes à Riga, en Lettonie indépendante, Ludmilla Otsup-Grony quitte l’Allemagne en 1946 pour s’installer en Suisse, où elle fonde Les Ballets du Théâtre des Arts à Genève et épouse l’artiste Alexis Chiriaeff. En janvier 1952, enceinte de huit mois, elle s’installe à Montréal avec son mari et leurs deux enfants – elle en aura deux autres dans sa nouvelle patrie. Mère, danseuse, chorégraphe, enseignante, femme de tête et d’action, les deux pieds fermement ancrés dans cette terre d’accueil qu’elle adopte sur-le-champ, Ludmilla Chiriaeff est particulièrement déterminée à mettre en mouvement sa vision et développer par là même la danse professionnelle au Québec : « Elle p...