Simone de Beauvoir espérait que son ouvrage phare, Le deuxième sexe, paru en 1949, soit un jour désuet. Or il n'en est rien. Le premier sexe occupe toujours la première place, cruciale, fondamentale, primordiale et durement négociable, celle du vrai pouvoir, décisionnel, politique, et ultimement socio-économique. C'est le cas de nombreuses institutions québécoises, conseils d'administration, grandes entreprises, tout comme à l'Assemblée nationale du Québec, où les femmes occupent moins de 30% des sièges, 28,8% pour être précise.
Justin Trudeau, pour sa part, prétend appliquer la parité, mais dans les faits, le gouvernement canadien est loin d'avoir atteint l'équité salariale, alors que la hausse salariale des médecins spécialistes, elle, ne se fait jamais attendre.
Certains expliquent cette perte de croissance de la représentation féminine au Québec, observée entre 2009 et 2015, par une montée de la droite, en plus de la corruption au sein du Parti libéral mise au grand jour durant ces nombreuses commissions d'enquête, loin d'attirer les femmes, concluant que, si la tendance se maintient, "qui a besoin de mesures supplémentaires pour encourager la présence féminine?"
Étrangement, 2009 à 2015 apparaît également la période durant laquelle les femmes se sont drastiquement appauvries au Québec, sous ce même régime néolibérale corrompu et misogyne, coupant immanquablement dans les secteurs occupés majoritairement par des femmes, tout en privilégiant les hommes et les multinationales. On a qu'à penser aux enseignantes, aux éducatrices, aux infirmières, aux secteurs communautaire et public, aux services sociaux, bref, des femmes directement touchées par ces mesures austères, alors que du côté des hommes, la relance économique patriarcale, elle, bat son plein (notamment dans les secteurs miniers, de la construction, des technologies, des finances, des sports masculins, etc., sans parler de Bombardier).
Inexorablement, on attend des femmes (tout comme des artistes d'ailleurs) qu'elles fassent encore et toujours plus de bénévolat, en plus de faire des miracles avec des miettes, les emplettes, les tâches domestiques et ménagères, les repas, les lunchs pour les enfants, en partant une brassée de l'autre main, tout en investissant, qui plus est, dans leur profession, comme c'est le cas des enseignantes, par exemple, à qui on offre un mince crédit d'impôt pour l'achat du matériel scolaire. Quoi? Et les médecins, eux, doivent-ils également acheter le matériel nécessaire pour exercer leur profession?
La réalité est qu'en raison des rôles toujours inégaux entre les femmes et les hommes concernant les tâches domestiques non-rémunérées et l'éducation des enfants, les femmes manquent de temps - on le sait, le temps c'est de l'argent -, courant inlassablement aux quatre coins de la ville, les enfants sous le bras, en plus de faire de nombreuses files d'attente (à l'épicerie, à l'aide alimentaire, à l'hôpital, etc.), et gagnent toujours moins que l'homme, l'écart salarial homme-femme persistant.
À travers cette course folle, cette difficile conciliation travail-famille, vous croyez sincèrement que les femmes ont le temps, les ressources, les appuis et l'énergie de s'impliquer en politique? De nombreuses femmes parviennent à peine à joindre les deux bouts au Québec depuis quelques temps, en plus de subir des critiques particulièrement acerbes du public. Comme le disait fièrement Elvis Gratton dans le film de Falardeau: « Il faut être réaliste, câlisse! »
Le premier sexe doit faire de la place aux femmes, certes, et partager le pouvoir et la vaisselle. Des mesures, oui, s'avèrent toujours nécessaires pour assurer une représentation féminine, en plus d'un travail / ménage de fond pour modifier, encore et toujours, les mentalités sexistes qui persistent (comme surnommer une ministre la « Barbie du climat », entre autres exemples).
D'ailleurs, ce n'est pas de « l'envie du pénis » dont souffrent les femmes, mais bien du pouvoir inhérent qui l'accompagne. Ce n'est pas la même chose. Il ne faut surtout pas croire tout ce que Freud a écrit, il y a de cela un siècle, lui qui affectionnait particulièrement, soit dit en passant, les cigares et les statuettes. Projection d'une fixation phallique, cher Sigmund?