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Tellement Montréal


Le sentez-vous, vous aussi, ce retour presque complet à la normale ? Ou n’est-ce qu’un mirage estival ? De quessé, on va encore payer le prix à la rentrée ? 

Back to life, back to reality 

Depuis l’injection de cette deuxième dose du vaccin (Alléluia), plusieurs d’entre nous respirons un peu mieux et un peu plus – sauf mes voisins antivaccins, mais on y reviendra un autre tantôt. Même que ce serait un excellent moment pour le directeur de la Santé publique Horacio Arruda de se lâcher lousse, de se trémousser un brin et de nous faire une belle danse de célébration, maintenant que les vaccins sont disponibles, du moins dans les pays riches – (L’Horacio Show: la danse de l’inconscience). 

Apparaissent ainsi dans la ville, depuis quelques semaines, plusieurs signes de ce retour graduel à la normale, de cette vie enfin déconfinée : les restos montréalais sont ouverts, les terrasses pas mal bondées, le trafic et le bruit ont nettement augmenté, il y a toujours du monde partout qui m’énarve, mais les gens, de manière générale, semblent beaucoup moins anxieux, tendus ou stressés. 

D’ailleurs (avis aux dames intéressées), si vous cherchez des « rapprochements» faciles et pas du tout subtils, pas besoin d’aller virer bien loin, juste aller vous promener tranquillement dans un parc à proximité. Ils sont nombreux à chercher des amies « avec bénéfices », ou une simple histoire d’un soir, après quelques minutes de conversation seulement, avec la même adresse débile pré-pandémique : « Quoi ? T’es une belle fille, chu un beau gars ; on se voit, on prend une petite bouteille de vin et on fait l’amour. C’est quoi le problème avec ça ? » 

Aïe, aïe, aïe, par où commencer ? L'une des prémisses de départ peut-être ? Qu'importe. Merci bonsoir l’ambiance, la séduction, l’esprit vif, l’intelligence fine – (Femmes volontairement célibataires).

Mais le meilleur indicateur d’un retour à la normale, à Montréal, est sans doute les transports collectifs et les innombrables détours et interruptions de service. 

Tellement STM 

La Société de transport de Montréal a sorti ses belles affiches promotionnelles pour inciter les humbles citoyens à (re)visiter la métropole et ses agréments sur le thème « Tellement Montréal » : Tellement nature. Tellement frais. Tellement Mile End. Tellement royal. Tellement fumée. Tellement vivant. Tellement spectacle. Tellement historique. Tellement miam. Get it? Tellement Montréal. 

D’autres pancartes nous indiquent également comment se rendre à tous ces beaux services, ces lieux, ces divertissements de choix, en prenant le bus 80, par exemple, ou en passant tout simplement par la station Lionel-Groulx. Quelle joie, quel service.

Or, en plus d’une autre augmentation des tarifs de la STM tout à fait inéquitable (1), ce qui est surtout reparti, mon kiki, ce sont les interminables annonces et avis aux usagers : « Attention ; un objet sur la voie nous oblige à interrompre le service sur la ligne verte entre les stations Angrignon et Honoré-Beaugrand. Le service devrait reprendre vers 10h40 » – le mot-clé ici étant évidemment « devrait ». Dans 5, 10 ou 15 minutes, on nous proposera une autre plausible heure de départ. 

Ça, à mes yeux et oreilles, ça ressemble pas mal à un joyeux retour à la normale. Tellement STM. Tellement Montréal.

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(1) Lire : Un (trop) petit pas dans la bonne direction, La Presse, 7 juin 2021.

Photo : S. Marchand, « Tellement Montréal. Tellement STM. », Hochelag, Montréal, 9 juillet 2021. 

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