Passer au contenu principal

Quittons le Canada !


On avait connu un peu de répit pendant la pandémie ; merci au coronavirus – les avantages d’un « virus à couronne »... Mais depuis quelques mois maintenant, the Quebec bashing is back, baby

Le mépris des Québécois n’est pas mort, même qu’il va très, très bien. Il a repris du poil de la bête canadienne, fédéraliste, nourrie d’un océan à l’autre par cette profonde incompréhension, cette rupture dis-je, qui nous sépare du ROC, the Rest Of Canada oui, se manifestant par un constant dénigrement des Québécois. 

Au printemps dernier, c’était un certain professeur de l’Université d’Ottawa qui qualifiait le Québec d’« Alabama du Nord » et notre premier ministre François Legault de « suprémaciste blanc ». Juste ça. Il disait tout haut ce que bien des Canadiens anglais pensent tout bas. 

Dernièrement, ce fut au tour de cet incroyable amalgame entre le drame islamophobe à London, Ontario, et la loi 21 du Québec portant sur la laïcité de l’État. (Lire Quel rapport avec la loi 21 ? La Presse, 10 juin 2021). Autrement dit, si des musulmans sont assassinés en Ontario, c’est la faute au Québec. Pour la démonstration d’un lien de causalité, on repassera. 

Depuis la nuit des temps (et des long couteaux), le Québec dérange, est ignoré ou est de trop. Ce vaste pays qu’est le Canada, qui se targue pourtant d’accueillir les cultures du monde entier à bras ouverts, toujours fier de célébrer le multiculturalisme à toutes les sauces, à toutes les tendances ainsi qu’à toutes les modes vestimentaires, est néanmoins allergique à la nôtre. Ils doivent sûrement en faire de l'urticaire.

Nous dérangeons comme peuple, comme nation, comme société distincte. On nous tolère, point. Que nous ayons notre propre culture, notre propre langue, notre coin de pays, nos terres, notre spécificité, notre unicité, notre désir de nous gouverner, tout ça emmerde royalement les provinces d’à côté. Pas facile, la différence de l’autre, à la fois si proche et si lointaine. 

Alors partons, bordel ! Quittons ce pays qui nous dénigre de toute façon, qui ne nous a jamais vraiment aimé, ni accepté, ni apprécié. 

Exclu des discussions, le Québec n’a même jamais signé la Constitution. Alors qu’est-ce qu’on attend ? Qu’est-ce qui nous retient au juste ? La péréquation ? Les avantages socio-politico-économiques ? La familiarité de la situation ? Le beau Justin Trudeau ? Quoi, ça coûte moins cher de vivre en gang que seul ? Oui mais à quel prix, chers amis. 

Il s’agissait d’une personne maltraitée, femme ou homme, qui n’est ni entendue, ni respectée, ni considérée dans la relation avec son partenaire, on lui conseillerait sérieusement de prendre ses affaires pis de sacrer son camp au PC – je veux dire, au plus crisse, pas au Parti conservateur, là. 

« Prends tes affaires pis sors de là au plus vite ! », lui dirait-on fermement. « Tu vas finir par t’en sortir. De toute façon, ça ne pourra pas être pire que ce que tu vis là en ce moment. Bien au contraire. Tu vas trouver mieux, tu comprends. Tu vas enfin te respecter, t’émanciper, te trouver. Prends-toi en main, demande de l’aide, tu trouveras sans aucun doute ton vrai chemin. » 

On attend quoi ? Que le Canada nous foute à la porte ? Même si cela aurait au moins l’avantage de nous épargner un autre référendum, mieux vaut encore s’assumer, comme peuple, se choisir, être maître et maîtresse chez nous. 

Et cette fois, il est sûr et certain que les Canadiens ne prendront pas l’avion en masse pour venir nous dire à quel point ils nous aiment et tiennent à nous. 

So come on, people ! Let’s go, les Quebecors, partons, quittons le Canada ! Disons enfin au revoir à cette vieille cage qui fut trop longtemps la nôtre – (Salut Falardeau, Le Devoir, 12 sept 2019). 

Bye là !

Messages les plus consultés de ce blogue

Mobilité vs mobilisation

On aime parler de mobilité depuis quelques années. Ce mot est sur toutes les lèvres. C’est le nouveau terme à la mode. Tout le monde désire être mobile, se mouvoir, se déplacer, dans son espace intime autant que possible, c’est-à-dire seul dans son char, ou encore dans sa bulle hermétique dans les transports collectifs, avec ses écouteurs sur la tête, sa tablette, son livre, son cell, des gadgets, alouette. On veut tous être mobile, être libre, parcourir le monde, voyager, se déplacer comme bon nous semble. On aime tellement l’idée de la mobilité depuis quelque temps, qu’on a même, à Montréal, la mairesse de la mobilité, Valérie Plante. On affectionne également les voitures, les annonces de chars, de gros camions Ford et les autres - vous savez, celles avec des voix masculines bien viriles en background - qui nous promettent de belles escapades hors de la ville, voire la liberté absolue, l’évasion somme toute, loin de nos prisons individuelles. Dans l’une de ces trop nombre

Je me souviens... de Ludmilla Chiriaeff

(photo: Harry Palmer) La compagnie de danse classique, les Grands Ballets canadiens, a été fondée par une femme exceptionnelle qui a grandement contribué à la culture québécoise, Ludmilla Chiriaeff (1924-1996), surnommée Madame. Rien de moins. Femme, immigrante, visionnaire Née en 1924 de parents russes à Riga, en Lettonie indépendante, Ludmilla Otsup-Grony quitte l’Allemagne en 1946 pour s’installer en Suisse, où elle fonde Les Ballets du Théâtre des Arts à Genève et épouse l’artiste Alexis Chiriaeff. En janvier 1952, enceinte de huit mois, elle s’installe à Montréal avec son mari et leurs deux enfants – elle en aura deux autres dans sa nouvelle patrie. Mère, danseuse, chorégraphe, enseignante, femme de tête et d’action, les deux pieds fermement ancrés dans cette terre d’accueil qu’elle adopte sur-le-champ, Ludmilla Chiriaeff est particulièrement déterminée à mettre en mouvement sa vision et développer par là même la danse professionnelle au Québec : « Elle portait en

Pour en finir avec Cendrillon

Il existe de nombreuses versions de « Cendrillon, ou, la Petite Pantoufle de verre », comme Aschenputtel,  ou encore « Chatte des cendres »... passons. Mais celle connue en Amérique, voire dans tous les pays américanisés, et donc édulcorée à la Walt Disney, est inspirée du conte de Charles Perrault (1628-1703), tradition orale jetée sur papier à la fin du 17 e  siècle. D'ores et déjà, ça commence mal. En 2015, les studios Walt Disney ont d'ailleurs repris leur grand succès du film d'animation de 1950, en présentant  Cinderella  en chair et en os, film fantastique (voire romantico-fantasmagorique) réalisé par Kenneth Branagh, avec l'excellente Cate Blanchett dans le rôle de la marâtre, Madame Trémaine ( "très" main , en anglais), généralement vêtue d'un vert incisif l'enveloppant d'une cruelle jalousie, Lily James, interprétant Ella (elle) dit Cendrillon (car Ella dort dans les cendres, d'où le mesquin surnom), Richard Madden, appelé Kit