Passer au contenu principal

« Mange pas de Takis »


Les trois jeunes à côté de moi, dans le métro, parlent de la pub de chips que l’on peut apercevoir par la fenêtre : « Mange pas de Takis ».

« Ils disent ça pour que t’en manges ! », s'exclame l'un d'eux.

Ils en discutent ensemble (ils ont environ 13-14 ans), je tends l’oreille. Ça rit - « pfft! » -, eux, ils ont compris. Ne manquait que les mots « psychologie inversée » à cette conversation et je serais tombée en bas de mon banc.

Les jeunes savent, aujourd’hui, que toute publicité a été conçue pour nous inciter à consommer quelque chose, à gober sans penser. Que dans tous les messages, en fait, publicitaires, politiques et les autres, il y en a sans doute un autre, qui peut tout à fait être son contraire. C’est tout de même fabuleux. Les jeunes savent maintenant - ils n’ont pas forcément développé un esprit critique envers toutes choses -, mais ils reconnaissent les rouages de la machine publicitaire comme ceux de la propagande. On leur a appris.

Ces trois jeunes dans le métro ont parfaitement saisi que, lorsqu’on s’adresse aux adolescents, mieux vaut leur suggérer un interdit, car rien n’est plus jouissif pour un ado que de transgresser un interdit, qu’il soit parental, sociétal, etc. Ce n’était pas exactement dans ces mots, mais bien l’essence de leur discussion, bref, ils ont compris la gamique…

Malheureusement, certains adultes sont incapables d’en faire autant. Si on leur dit, par exemple, « mangez moins de viande, c’est mieux pour l’environnement », ils se fendent en quatre pour en manger davantage, simplement pour emmerder les véganes et les environnementalistes en général.

Ces gens mettent beaucoup, beaucoup d’effort, d’ailleurs, à appliquer la psychologie inversée alors qu’elle n’est pas indiquée, juste pour importuner, pour faire suer le monde, le restant de la société.

Ce message, en réalité, n'a rien à vendre, il recommande tout simplement, dans une perspective socioéconomique globale, cherchant à réduire cette surconsommation de viande, et conséquemment, la production de GES inhérente, effarante.

Cette réaction, chez ces soi-disants adultes, démontre, d’une part, leur manque d’éthique, d’empathie, de considération, voire de compassion, envers les autres, les générations à venir : « Moi, je fais ce que je veux, comme bon me semble ! Au diable les autres ! Au diable la planète ! Au diable le monde entier ! »

Ça démontre également leur degré de maturité. Ils sont en fait restés d’éternels ados. Pour jouir, eux, dans la vie, ils doivent transgresser les règles, les indications comme les interdits. Ils doivent défier « l’autorité », d’où qu’elle vienne, sans égard aux conséquences de leurs actes, des gestes qu’ils posent.

Cela met aussi en lumière leur arrogance, leur « particularité narcissique ». Ils sont tellement « spéciaux », eux, qu’ils vivent à part des autres, au-dessus de la mêlée. Ils ne se sentent pas concernés, ces gens, par tout ce qui se passe autour d’eux. Ils représentent « l’exception » qui confirme la règle. Ils forment, somme toute, une bande à part.

Une bande à part, certes, mais néanmoins plus immature que ces jeunes de 13-14 ans croisés dans le métro.

Messages les plus consultés de ce blogue

Mobilité vs mobilisation

On aime parler de mobilité depuis quelques années. Ce mot est sur toutes les lèvres. C’est le nouveau terme à la mode. Tout le monde désire être mobile, se mouvoir, se déplacer, dans son espace intime autant que possible, c’est-à-dire seul dans son char, ou encore dans sa bulle hermétique dans les transports collectifs, avec ses écouteurs sur la tête, sa tablette, son livre, son cell, des gadgets, alouette. On veut tous être mobile, être libre, parcourir le monde, voyager, se déplacer comme bon nous semble. On aime tellement l’idée de la mobilité depuis quelque temps, qu’on a même, à Montréal, la mairesse de la mobilité, Valérie Plante. On affectionne également les voitures, les annonces de chars, de gros camions Ford et les autres - vous savez, celles avec des voix masculines bien viriles en background - qui nous promettent de belles escapades hors de la ville, voire la liberté absolue, l’évasion somme toute, loin de nos prisons individuelles. Dans l’une de ces trop nombre

Femmes consommables

Elles ne datent pas d’hier, ces maudites pubs à marde. Mais lorsque j’ai aperçu celle-ci, au début de l’été, cette gigantesque publicité de bières au métro McGill, j’ai pensé, comme une vraie hurluberlue habitant toujours la planète Utopie  : «  Pfft ! Ça ne passera jamais ! Dans l’temps de l’dire, ces affiches seront recouvertes de collants "pub sexiste" que les féministes apposent ici et là, au centre-ville de Montréal. Check ben ça… ! » Je suis repassée maintes fois devant depuis, jamais vu un seul collant, sapristi. Neuf femmes consommables, mesdames et messieurs – neuf ! un vrai harem –, bien fraîches évidemment, et de préférence « à prendre » sur le bord d’un lac quelque part pendant vos vacances : la Brise du lac , la Ci-boire , la Matante , la Désirée , la Chipie , la Valkyrie , la Joufflue , la Belle Mer – quelqu’un devrait définitivement aller consulter –, ou encore la Nuit blanche – j’imagine que, comme Brise du lac , elle aussi n’est que de passage… I

Je me souviens... de Ludmilla Chiriaeff

(photo: Harry Palmer) La compagnie de danse classique, les Grands Ballets canadiens, a été fondée par une femme exceptionnelle qui a grandement contribué à la culture québécoise, Ludmilla Chiriaeff (1924-1996), surnommée Madame. Rien de moins. Femme, immigrante, visionnaire Née en 1924 de parents russes à Riga, en Lettonie indépendante, Ludmilla Otsup-Grony quitte l’Allemagne en 1946 pour s’installer en Suisse, où elle fonde Les Ballets du Théâtre des Arts à Genève et épouse l’artiste Alexis Chiriaeff. En janvier 1952, enceinte de huit mois, elle s’installe à Montréal avec son mari et leurs deux enfants – elle en aura deux autres dans sa nouvelle patrie. Mère, danseuse, chorégraphe, enseignante, femme de tête et d’action, les deux pieds fermement ancrés dans cette terre d’accueil qu’elle adopte sur-le-champ, Ludmilla Chiriaeff est particulièrement déterminée à mettre en mouvement sa vision et développer par là même la danse professionnelle au Québec : « Elle portait en