Enfin un débat télévisé au Québec. Un vrai. Avec des gens capables d’argumenter intelligemment des deux côtés. Et voir, en plus, Richard Martineau débattre en présence d’un « influenceur », de la « papesse des wokes » ou encore d’une ancienne députée de Québec solidaire ? Oui, on en veut d’autres.
Car après quelques émissions, on s’habitue à tout ce qui tombe sur les nerfs et les rabettes dans cette émission. On s’accoutume à cette musique insupportable. On se familiarise même aux farces plates de l’animateur, M. Stéphan Bureau, qui se prend par moments, disons-le franchement, pour un brillant humoriste, un stand up américain vraiment génial et comique, alors que ses jokes tombent souvent à plat. « Timing is everything », disent-ils. L’art de la « livraison » (« delivery ») aussi.
Certes, M. Bureau semble avoir un gros ego. Or, nommez-moi un homme, vous, à la télévision, l’animateur d’un show comme d’un grand plateau qui n’a pas un ego surdimensionné et qui ne sonne pas prétentieux pour deux… Je vous mets au défi. Je crois même qu’il s’agit là de critères d’embauche pour les animateurs masculins de la télévision québécoise : avoir un gros ego, aimer s’écouter parler, se flatter dans le sens du poil et, peut-être même, se faire interviewer dans sa propre émission. Lâchez pas, les boys.
Or, malgré quelques travers dans ce monde à l’envers, on veut entendre les différents points de vue. On veut observer et écouter des gens débattre respectueusement. Savons-nous débattre au Québec ? La réponse très courte est non. Contrairement à nos cousins français, nous ne sommes pas maîtres, nous, en interminable argumentation. On a besoin de pratique.
D’autant plus qu’il y en a marre des émissions creuses à la télévision, où l’on plogue sans cesse des vedettes souriantes et insignifiantes ainsi que leurs plus récents « produits ». On en a aussi ras-le-bol de ces prétendus débats qui reposent essentiellement sur une poignée de gens qui « s’enflamme » dans les « égouts sociaux ».
Car pour débattre réellement des enjeux dans une société, les êtres humains doivent se rencontrer. Se parler en chair et en os. Dans la vraie réalité. Même à la télé. Ça prend des femmes et des hommes en personne, in situ, en « présentiel » comme ils disent depuis la mautadite pandémie, en plus d’une diversité de points de vue – et non pas juste celle de quelques chroniqueurs connus, des gens hautement privilégiés de la société, des riches et autres parvenus. (Des problèmes de riches)