Mardi matin, station Pie-IX, une autre énorme panne de métro. Rien ne va plus. Tout est arrêté, pour au moins une heure. Une heure, à Montréal comme ailleurs, c’est long longtemps.
« Prends tes jambes pis marche! », pensais-je alors. Faut pogner un bus quelconque, quelque chose qui roule, qui fonctionne, et surtout, qui avance. Sinon, ça prend un bécyk. Mais ces options ne sont pas accessibles à tous. Certaines personnes à mobilité réduite ne peuvent pas se retourner sur un dix cennes. Plusieurs usagers se sentent alors pris en otage, dans les couloirs sombres et humides des transports publics.
En pleine COP26, alors que le virage « vert » est plus que nécessaire et qu’il y a urgence d’agir, cette autre panne majeure du métro de Montréal nous montre à quel point nous ne sommes pas prêts pour de grands changements. Aucune alternative n’est offerte aux usagers, autre que d’aller prendre un bus quelconque, quelque part. Bonne chance.
Plusieurs vont sortir du métro, c’est certain, en se disant « Plus jamais ! ». Ils vont ensuite appeler leur conjoint-e pour leur annoncer la grande nouvelle : « On s’achète un char ! Pu capable ! »
Le courage
Il y a déjà trop d’automobiles sur les routes du Québec et bon nombre de citoyens ne pourront jamais s’en passer, faute d'une véritable offre de services en transports collectifs dans leur quartier, à la hauteur de leurs besoins et de la réalité. À Montréal, on est pourtant chanceux, on a un métro… quand il fonctionne.
La transition énergétique va être très pénible pour bon nombre de citoyens. Va falloir trouver des solutions, d’autres modes de déplacement, ou encore, ménager nos transports. Ça va prendre de la solidarité et du courage, beaucoup de courage.
Contrairement à l’idée populaire, le courage n’est pas une chose qui relève des héros seulement, mais bien du monde ordinaire, c'est-à-dire tout le monde, toute personne qui écoute son cœur et qui agit selon ses convictions et ses battements.
Le courage, par définition, est une « disposition du cœur », une « qualité physique qui se manifeste instinctivement chez certains individus devant un danger matériel et qui leur permet de lutter contre ».
Et dorénavant, va falloir faire les choses avec cœur et courage, mettre du cœur dans notre démarche et avancer dans la bonne direction, que ce soit à pied, en bécyk ou en transports collectifs.
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Photo : S. Marchand, « Le cœur est ton seul vrai moteur », affiche sur bécyk, Berri-UQAM, Montréal, 23 oct. 2021
** AJOUT - à voir : L'enjeu de la mobilité à Montréal