Passer au contenu principal

Je suis nationaliste



Après l’attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo, en janvier 2015, les gens sont sortis en masse dans la rue pour affirmer haut et fort : Je suis Charlie. C’était une façon claire de se montrer solidaire, de soutenir la liberté d’expression, tant des journalistes que des artistes, comme de toutes celles et ceux qui désirent prendre la parole d'ailleurs.

Depuis, tout y est passé. On a arrosé le concept « Je suis » à toutes les sauces. Je suis ceci, je suis cela, j’ai même vu, dernièrement, cette publicité de parfum « Je suis Watier », car, selon les « marketeux » et les experts-comptables de chez Watier, « on doit tous se l’approprier » (lire, acheter leur produit à 85$ la bouteille de 50 ml).

« Wow, ai-je pensé devant la chic affiche noire chez Johny Coutu, on a vraiment le droit de tout être aujourd’hui, même une odeur, un parfum… »

On a le droit de TOUT être, en effet, sauf nationaliste. Or je suis nationaliste, et non, cela ne fait pas de moi une raciste.

Le nationalisme québécois 

À quel moment dans notre histoire récente, le mot nationaliste est-il devenu synonyme de raciste ? Sincèrement, j’aimerais qu’on m’explique... Est-ce seulement parce que j’en ai rien à faire du multiculturalisme à la Trudeau sans identité claire, malléable à toutes les modes qui passent et donc vulnérable aux différents courants d'air, de pensée et le reste ?

Nationalisme : « Doctrine, mouvement politique fondé sur la prise de conscience par une communauté de former une nation en raison des liens ethniques, sociaux, culturels qui unissent les membres de cette communauté et qui revendiquent le droit de former une nation autonome »

Là encore, je ne lis rien, dans cette définition, qui exclut d’entrée de jeu quiconque désireux de faire partie de cette communauté qui souhaite former une nation autonome.

Il semblerait, selon le chroniqueur Richard Martineau, qui cite pour sa part le journaliste britannique David Goodhart, que je suis en fait une « enracinée » (c’est-à-dire quelqu’un qui tient à son identité, à ses racines ainsi qu'à ses valeurs québécoises) qui lit, écoute et considère néanmoins l’opinion des « déracinés » (selon sa liste à lui) tout comme des « enracinés » …

Soit. S’il le faut, on peut certainement changer les mots. Si on est rendus là et que cette nouvelle terminologie rend les enjeux plus clairs, plus nets, allons-y, appelons-nous alors des « enracinés », moi, je n'ai rien contre.

Mais au final, le fond de l'affaire demeure pas mal le même, non ? En gros, certains d'entre nous tenons toujours à nos racines québécoises (i.e. nationalistes), tout comme à notre fleur de lys et à notre parfum collectif unique. Faudrait-il se l’approprier, ou encore se le réapproprier celui-là ? 

***

OUI, à nouveau, allons-y avec les mots du grand René Lévesque (1922-1987) :

« Peut-être finirons-nous, à la fin des fins, par comprendre que, sans un pays à nous, nous ne serons jamais autre chose que de braves petits coloniaux de l’intérieur. » (Chroniques politiques)

-----
(Photo : S. Marchand, Montréal, déc. 2019)

Messages les plus consultés de ce blogue

Mobilité vs mobilisation

On aime parler de mobilité depuis quelques années. Ce mot est sur toutes les lèvres. C’est le nouveau terme à la mode. Tout le monde désire être mobile, se mouvoir, se déplacer, dans son espace intime autant que possible, c’est-à-dire seul dans son char, ou encore dans sa bulle hermétique dans les transports collectifs, avec ses écouteurs sur la tête, sa tablette, son livre, son cell, des gadgets, alouette. On veut tous être mobile, être libre, parcourir le monde, voyager, se déplacer comme bon nous semble. On aime tellement l’idée de la mobilité depuis quelque temps, qu’on a même, à Montréal, la mairesse de la mobilité, Valérie Plante. On affectionne également les voitures, les annonces de chars, de gros camions Ford et les autres - vous savez, celles avec des voix masculines bien viriles en background - qui nous promettent de belles escapades hors de la ville, voire la liberté absolue, l’évasion somme toute, loin de nos prisons individuelles. Dans l’une de ces trop nombre

Je me souviens... de Ludmilla Chiriaeff

(photo: Harry Palmer) La compagnie de danse classique, les Grands Ballets canadiens, a été fondée par une femme exceptionnelle qui a grandement contribué à la culture québécoise, Ludmilla Chiriaeff (1924-1996), surnommée Madame. Rien de moins. Femme, immigrante, visionnaire Née en 1924 de parents russes à Riga, en Lettonie indépendante, Ludmilla Otsup-Grony quitte l’Allemagne en 1946 pour s’installer en Suisse, où elle fonde Les Ballets du Théâtre des Arts à Genève et épouse l’artiste Alexis Chiriaeff. En janvier 1952, enceinte de huit mois, elle s’installe à Montréal avec son mari et leurs deux enfants – elle en aura deux autres dans sa nouvelle patrie. Mère, danseuse, chorégraphe, enseignante, femme de tête et d’action, les deux pieds fermement ancrés dans cette terre d’accueil qu’elle adopte sur-le-champ, Ludmilla Chiriaeff est particulièrement déterminée à mettre en mouvement sa vision et développer par là même la danse professionnelle au Québec : « Elle portait en

Pour en finir avec Cendrillon

Il existe de nombreuses versions de « Cendrillon, ou, la Petite Pantoufle de verre », comme Aschenputtel,  ou encore « Chatte des cendres »... passons. Mais celle connue en Amérique, voire dans tous les pays américanisés, et donc édulcorée à la Walt Disney, est inspirée du conte de Charles Perrault (1628-1703), tradition orale jetée sur papier à la fin du 17 e  siècle. D'ores et déjà, ça commence mal. En 2015, les studios Walt Disney ont d'ailleurs repris leur grand succès du film d'animation de 1950, en présentant  Cinderella  en chair et en os, film fantastique (voire romantico-fantasmagorique) réalisé par Kenneth Branagh, avec l'excellente Cate Blanchett dans le rôle de la marâtre, Madame Trémaine ( "très" main , en anglais), généralement vêtue d'un vert incisif l'enveloppant d'une cruelle jalousie, Lily James, interprétant Ella (elle) dit Cendrillon (car Ella dort dans les cendres, d'où le mesquin surnom), Richard Madden, appelé Kit