Passer au contenu principal

Lumière, lumière, ou, la Fête du Temps


Ça s’en vient. C’est pour demain, 21 décembre, à 23h19 précisément. Le solstice d’hiver ouvrira graduellement la fenêtre de lumière hivernale, éclairera enfin nos vies, nos âmes. Ça fait des semaines qu’on l’attend…

Pour le reste, comme d’habitude, il ne se passe rien dans ce pays. Rien d’époustouflant ou d’enlevant. J’imagine que tout ce beau monde, tous ces gens qui ont participé à la marche « historique » du 27 septembre dernier sont en train de magasiner… Vous imaginez ? Et on appelle ça « historique », en plus ? Qu’est-il arrivé depuis ? Rien. Voilà.

Or, pendant que tout le monde achète des bébelles de Noël, comme des vrais malades intoxiqués à la surconsommation, durant cet interminable et insupportable temps des Fêtes qui sert principalement à remplir le vide abyssal de nos vies insignifiantes, certains d’entre nous célébrons plutôt la Fête du Temps… Eh oui, la Fête du Temps, ou, mieux dit, de l’espace-temps, une autre de mes obsessions.

Car qui dit mouvement dit forcément espace-temps. Un mouvement, c’est un geste ou encore le déplacement d’un objet dans l’espace-temps. Et lorsqu’on tente de comprendre le temps, de saisir à fond ce que signifie la relativité spatio-temporelle, ou même un plausible univers parallèle où l’espace-temps n’existerait pas, alors là, ça se complique. À ma mort, peut-être y parviendrais-je enfin.

La Fête du Temps, donc, consiste essentiellement à décrocher, à faire absolument niente, à regarder le plafond comme le temps passer, à relaxer, lire, dormir, hiberner.

Car selon un grand spécialiste du mouvement, et donc de l’espace-temps, le danseur et théoricien de la danse Rudolf Laban (1879-1958), le temps prend de l’expansion lorsqu’on ralentit, c’est-à-dire lorsqu’on se calme le pompon. C’est l’état de précipitation constante, « un combat exagéré contre le temps », écrit-il dans La maîtrise du mouvement, qui contracte le temps.

Autrement dit, plus vous courez (dans le sens de rusher, pas le jogging s’entend), moins de temps vous avez, et, à l’inverse, plus vous ralentissez, plus l’espace-temps se gonfle, se dilate, se décontracte. N’est-ce pas précieux de savoir ça dans la vie ?

Alors certains d’entre nous sommes riches de temps. (Essayez d’expliquer ça à un arrogant trader de Wall Street, vous m’en donnerez des nouvelles – La chute.)

Au final, le « secret » pour avoir plus de temps est fort simple : il faut changer d’attitude intérieure, durant une période donnée du moins, et, toujours selon Laban, passer d’une « attitude de lutte » à une « attitude d’abandon » durant laquelle l’espace-temps prend de l’expansion.

Ce supplément de temps, cette frange spatio-temporelle ajoutée au quotidien permet également d’astiquer tranquillement ses armes pour le prochain combat… Maudit qu’on l’attend de pied ferme.

Messages les plus consultés de ce blogue

Les fausses belles femmes

Après les Femmes poupées, femmes robotisées , voilà maintenant de fausses belles femmes dans un factice concours de beauté. Totalement artificielles, ces femmes, vous comprenez, ces différentes images ayant été générées par l’intelligence artificielle (IA) - (lire  Miss AI - Un podium de beauté artificielle ). Pour faire simple, il s’agit en réalité d’une vraie compétition toute féminine de la plus belle fausse femme créée par des hommes. Vous me suivez ? Non, on n’arrête pas le progrès. Ce sont majoritairement des hommes qui se cachent derrière la fabrication de ces images de fausses femmes. Des créateurs masculins qui passent sûrement d’innombrables heures devant un écran d’ordinateur à créer la femme idéale (ou de leurs rêves, allez savoir), à partir, on s’en doute, de leurs désirs, fantasmes, idéaux et propres standards de beauté – la beauté étant dans les yeux de celui qui regarde évidemment. Une beauté exclusivement physique, rappelons-le.  Même le jury est artificiel – à l’excep

Pour en finir avec Cendrillon

Il existe de nombreuses versions de « Cendrillon, ou, la Petite Pantoufle de verre », comme Aschenputtel,  ou encore « Chatte des cendres »... passons. Mais celle connue en Amérique, voire dans tous les pays américanisés, et donc édulcorée à la Walt Disney, est inspirée du conte de Charles Perrault (1628-1703), tradition orale jetée sur papier à la fin du 17 e  siècle. D'ores et déjà, ça commence mal. En 2015, les studios Walt Disney ont d'ailleurs repris leur grand succès du film d'animation de 1950, en présentant  Cinderella  en chair et en os, film fantastique (voire romantico-fantasmagorique) réalisé par Kenneth Branagh, avec l'excellente Cate Blanchett dans le rôle de la marâtre, Madame Trémaine ( "très" main , en anglais), généralement vêtue d'un vert incisif l'enveloppant d'une cruelle jalousie, Lily James, interprétant Ella (elle) dit Cendrillon (car Ella dort dans les cendres, d'où le mesquin surnom), Richard Madden, appelé Kit

Mobilité vs mobilisation

On aime parler de mobilité depuis quelques années. Ce mot est sur toutes les lèvres. C’est le nouveau terme à la mode. Tout le monde désire être mobile, se mouvoir, se déplacer, dans son espace intime autant que possible, c’est-à-dire seul dans son char, ou encore dans sa bulle hermétique dans les transports collectifs, avec ses écouteurs sur la tête, sa tablette, son livre, son cell, des gadgets, alouette. On veut tous être mobile, être libre, parcourir le monde, voyager, se déplacer comme bon nous semble. On aime tellement l’idée de la mobilité depuis quelque temps, qu’on a même, à Montréal, la mairesse de la mobilité, Valérie Plante. On affectionne également les voitures, les annonces de chars, de gros camions Ford et les autres - vous savez, celles avec des voix masculines bien viriles en background - qui nous promettent de belles escapades hors de la ville, voire la liberté absolue, l’évasion somme toute, loin de nos prisons individuelles. Dans l’une de ces trop nombre

« Femme Vie Liberté » Montréal 2024 (photos)

Deux ans après la mort de Mahsa Amini, décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour le port « inapproprié » de son voile, le mouvement iranien « Femme Vie Liberté » se poursuit...  ----- Photos  : Sylvie Marchand, Montréal, 15 sept. 2024  À lire  :  Malgré la répression, de nombreuses Iraniennes ne portent pas de hijab ( La Presse , 14 sept. 2024)  Iran : deux ans après la mort de Mahsa Amini, la répression « a redoublé d’intensité » (Radio-Canada, 15 sept. 2024)

Je me souviens... de Ludmilla Chiriaeff

(photo: Harry Palmer) La compagnie de danse classique, les Grands Ballets canadiens, a été fondée par une femme exceptionnelle qui a grandement contribué à la culture québécoise, Ludmilla Chiriaeff (1924-1996), surnommée Madame. Rien de moins. Femme, immigrante, visionnaire Née en 1924 de parents russes à Riga, en Lettonie indépendante, Ludmilla Otsup-Grony quitte l’Allemagne en 1946 pour s’installer en Suisse, où elle fonde Les Ballets du Théâtre des Arts à Genève et épouse l’artiste Alexis Chiriaeff. En janvier 1952, enceinte de huit mois, elle s’installe à Montréal avec son mari et leurs deux enfants – elle en aura deux autres dans sa nouvelle patrie. Mère, danseuse, chorégraphe, enseignante, femme de tête et d’action, les deux pieds fermement ancrés dans cette terre d’accueil qu’elle adopte sur-le-champ, Ludmilla Chiriaeff est particulièrement déterminée à mettre en mouvement sa vision et développer par là même la danse professionnelle au Québec : « Elle portait en